Retraites et natalité : il faut changer de paradigme

La natalité d’aujourd’hui contribue fortement à déterminer le fonctionnement des retraites dites « par répartition » dans quelques décennies. Pour étudier l’évolution du nombre des naissances en France, on utilise le plus souvent la natalité annuelle.

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Par Alain Paillard et Jacques Bichot Publié le 5 janvier 2024 à 5h00
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retraite, natalité, baisse, france - © Economie Matin
1000 EUROSEn 2023, la prime de naissance dépasse les 1.000 euros par enfant.

Mais il est intéressant de regarder aussi ce qui se passe pour une saison ou un mois donné. C’est ce que nous faisons au début de cet article, pour le mois d’octobre, en prenant les nombres de naissances survenues durant chacun des mois d’octobre, de 2012 à 2023. Voici donc ces 12 chiffres annuels :

Annee

La seconde ligne montre une chute impressionnante du nombre de naissances entre 2012 et 2023 : 14992 naissances mensuelles en moins, une baisse de 21 %. La vitalité démographique de notre pays était un atout important pour le long terme ; cet atout a quasiment disparu. L’affaiblissement de la politique familiale française n’est pas la seule cause du recul de la natalité, mais elle en constitue évidemment une cause importante.

Le recul de la natalité française est lourd de conséquences à long terme

Il serait bon que se produise un sursaut, que l’accueil de la vie, en France, retrouve le tonus qui constituait l’un des atouts importants de notre pays. Une grande partie de nos dirigeants et de nos élites pratique à l’égard de la démographie une sorte de« benign neglect », pour ne pas dire une sorte de « j’men-foutisme », et cette insuffisante préoccupation d’une grande partie de nos dirigeants et de nos élites concernant la démographie obère lourdement l’avenir du pays.

Ce que devrait être la législation française des retraites par répartition

Comment réagir ? La réponse est simple, quasiment évidente, et pourtant inconnue de nos gouvernants ou occultée par leur soumission au malthusianisme ambiant. Il faut tout simplement réformer radicalement notre législation des retraites. De quelle manière ?

Actuellement, les droits à pension de retraite sont attribués grosso modo au prorata des sommes versées par les travailleurs pour la retraite de leurs aînés. C’est tout simplement ridicule ! Aucune personne sensée ne peut imaginer que les cotisations retraite qu’elle verse chaque mois servent à préparer sa propre pension : elles sont tout simplement la technique utilisée pour faire payer aux actifs ce qu’ils doivent, logiquement, à ceux qui les ont entretenu et préparé durant leur jeunesse.

Le législateur a malheureusement commis une erreur énorme en attribuant aux cotisations destinées aux retraités la vertu de conférer des droits sur les futurs actifs. Il faut abolir les lois stupides et malfaisantes qui accordent des droits à pension en fonction des sommes versées aux retraités par l’entremise des caisses de retraite. Il faut prendre pour base du droit des retraites la formule irréfutable utilisée par Alfred Sauvy : « nous ne préparons pas nos pensions par nos cotisations, mais par nos enfants ».

Quelle réforme effectuer ?

Une fois comprise l’absurdité de l’actuelle législation des retraites, son remplacement coulera de source : les droits à pension seront attribué au prorata de ce qui est fait pour préparer les futurs cotisants. Les uns contribueront principalement « en nature », en mettant des enfants au monde et en les éduquant de leur mieux. Les autres procéderons davantage en finançant la formation des enfants. Le budget de l’éducation nationale ne proviendra plus d’impôts, mais de cotisations ouvrant des droits à pension. Le bon sens remplacera le système ubuesque actuel, et les citoyens se demanderont « comment avons-nous pu accepter un système aussi absurde, une législation qui confond le remboursement d’une dette avec l’investissement dans le capital humain, facteur essentiel de la préparation des futures retraites ? »

Certes, un tel changement apparaîtra comme révolutionnaire ! Le passage d’une erreur fortement incrustée dans nos habitudes à un réalisme décapant ne se fera pas d’un coup de baguette magique. Des habitudes idiotes mais érigées en lois de la République devront s’effacer pour laisser la place au bon sens. Comme toujours, le conservatisme défendra becs et ongles les institutions les plus étrangères au bon sens, en vertu de l’adage : « du nouveau, oui, mais du nouveau qui soit strictement semblable à l’ancien ». Il appartiendra aux hommes et aux femmes de bon sens, soucieux de justice et d’efficacité, de tracer un autre chemin que celui sur lequel les ont trop longtemps embarqué des politiciens ignares.

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Autodidacte « à l'ancienne », Alain Paillard a toujours aimé les statistiques et s’est toujours intéressé à la démographie pour ce qu'elle peut apporter dans la connaissance des hommes. Après sept ans passés dans le privé, il est entré dans l'Administration et a terminé sa carrière au service des relations publiques. Jacques Bichot est économiste, mathématicien de formation, professeur émérite à l'université Lyon 3. Il a surtout travaillé à renouveler la théorie monétaire et l'économie de la sécurité sociale, conçue comme un producteur de services. Il est l'auteur de "Cure de jouvence pour la Sécu" aux Editions de l'Harmattan, de "La mort de l'Etat providence ; vive les assurances sociales" avec Arnaud Robinet, de "Le Labyrinthe ; compliquer pour régner" aux Belles Lettres et de "La retraite en liberté" au Cherche Midi.

1 commentaire on «Retraites et natalité : il faut changer de paradigme»

  • Retraite par capitalisation progressivement en appliquant le principe de remboursement des emprunts pour achat de maison (annuités divisées en intérêts et capital). Le % croissant des versements par capitalisations qui devront être garanti par l’Etat. Les manques à gagner seront compensés par le robots qui n’auront pas besoin de retraite!..

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