Natalité Française : une baisse préoccupante

La natalité en France métropolitaine est connue mois par mois grâce à l’exploitation que fait l’INSEE des registres d’état-civil. Les chiffres relatifs aux départements et territoires d’Outre-Mer ne sont connus que nettement plus tard, si bien qu’un commentaire précis de l’actualité démographique française est nécessairement limité à la métropole.

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Par Alain Paillard et Jacques Bichot Publié le 18 août 2023 à 5h00
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Natalité Française : une baisse préoccupante - © Economie Matin
1000 EUROSEn 2023, la prime de naissance dépasse les 1.000 euros par enfant.

Mais celle-ci regroupant 65,8 millions de personnes, tandis que l’Outre-mer en compte 2,2, il vaut la peine de présenter les chiffres qui la concernent. Nous le faisons ci-dessous en utilisant une méthode originale, bien évidemment nourrie par les statistiques de l’INSEE, méthode qui facilite la compréhension des faits et des enjeux.

La méthode

Pour observer et analyser les évolutions démographiques, nous avons recours à un indicateur de bon sens, que les statisticiens officiels n’utilisent malheureusement pas beaucoup : le nombre moyen de naissances par jour au cours du mois. Si le nombre des naissances d’un mois de février sont inférieures à celles du mois de janvier qui le précédait, il serait mal venu d’en déduire une baisse de la fécondité : le facteur principal est évidemment qu’il y a moins de jours en février qu’en janvier. D’où l’idée, de simple bon sens, que nous avons retenue : prendre pour indicateur non pas seulement le nombre de naissances du mois considéré, mais le nombre moyen de naissances par jour au cours de ce mois.

Certes, il serait souhaitable de raffiner, en tenant compte par exemple du fait que les services maternité des hôpitaux et des cliniques peuvent avoir tendance à placer les accouchements « programmés » un jour de la semaine autre que le samedi ou le dimanche, mais de telles subtilités seraient délicates à mettre en œuvre ; utiliser le nombre moyen de naissances par jour au cours de chaque mois permet déjà une amélioration considérable du réalisme des statistiques, tout en restant simple.

Un cas concret

Supposons par exemple que nous voulions comparer la natalité de février 2020, qui a compté 53 500 naissances, à celle de février 2019 (mois durant lequel on en a recensé 51 900). Il ne faut surtout pas utiliser le chiffre mensuel : son augmentation tient largement au fait que 2020 est une année bissextile, si bien que le mois de février compte en 2020 un jour de plus qu’en 2019. Le nombre de naissances par jour, lui, est un indicateur plus correct. Par exemple, on dénombre 1854 naissances par jour en février 2019, et 1845 en février 2020 : la légèreté de la différence indique une quasi-stabilité, sachant qu’une différence de 4 ou 5 pour mille est probablement inférieure à la marge d’incertitude sur les chiffres des naissances, surtout pour des périodes récentes, pour lesquelles l’INSEE n’a pas encore eu le temps de fignoler ses évaluations. Le recours à l’indicateur « nombre moyen de naissances par jour » conduit à des résultats plus significatifs et plus faciles à utiliser.

Les résultats

En utilisant le nombre de naissances vivantes par jour en moyenne mensuelle, nous disposons d’un indicateur dont les variations ne proviennent pas de la différence qui existe entre le nombre de jours des périodes considérées (semaines, mois, années). Regardons par exemple l’évolution depuis le début du XXIème siècle : En février 2000, il y eut 2074 naissances par jour ; on est monté jusqu’à 2 182 en février 2010, puis on est redescendu en février 2015 en dessous du niveau de l’an 2000, avec 2054 naissances par jour. La baisse s’est poursuivie ensuite jusqu’en février 2019, avec 1850 naissances par jour, chiffre que l’on retrouve cette année à epsilon près, comme disent les matheux. Ce qui est significatif, c’est la dégringolade entre 2010 et 2020, de 2 182 naissances mensuelles à 1 845 : la France métropolitaine a perdu en une décennie un peu plus de 15 % de la natalité de ce mois hivernal.

Si nous voulons comparer les années, on peut certes le faire avec les chiffres bruts pour 2019 par rapport à 2010, ni l’une ni l’autre n’étant bissextile, mais quand on s’intéresse aux chiffres INSEE pour 2020, année bissextile, il convient de se référer plutôt au nombre de naissances par jour.

Pour l’année 2010 nous avons eu 802 224 naissances en France métropolitaine, mais seulement 714 300 pour l’année 2019, soit 11 % de moins : cette évolution pose évidemment un problème. Nous nous inquiétons à juste titre de la mortalité due au Covid-19, mais notre absence de souci face à la faiblesse de la natalité, elle, n’est pas raisonnable. Nos dirigeants ont pris des mesures extraordinairement coûteuses en termes de PIB, et donc de richesse du pays et de chacun de nous, pour limiter la mortalité due au coronavirus : quand se décideront-ils à prendre au sérieux la dénatalité ?

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Autodidacte « à l'ancienne », Alain Paillard a toujours aimé les statistiques et s’est toujours intéressé à la démographie pour ce qu'elle peut apporter dans la connaissance des hommes. Après sept ans passés dans le privé, il est entré dans l'Administration et a terminé sa carrière au service des relations publiques. Jacques Bichot est économiste, mathématicien de formation, professeur émérite à l'université Lyon 3. Il a surtout travaillé à renouveler la théorie monétaire et l'économie de la sécurité sociale, conçue comme un producteur de services. Il est l'auteur de "Cure de jouvence pour la Sécu" aux Editions de l'Harmattan, de "La mort de l'Etat providence ; vive les assurances sociales" avec Arnaud Robinet, de "Le Labyrinthe ; compliquer pour régner" aux Belles Lettres et de "La retraite en liberté" au Cherche Midi.

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