Hausse des mutuelles : s’en passer, une fausse économie ?

En 2025, les Français verront leurs cotisations mutualistes augmenter de manière significative. Les contrats individuels devraient croître de 5,3 % en moyenne, tandis que les contrats collectifs, obligatoires ou facultatifs, enregistreront respectivement des hausses de 7,3 % et 6,8 %. Ces augmentations soulèvent de nombreuses questions sur le rôle des mutuelles, les causes de ces hausses et leur impact sur les ménages, actifs comme retraités. Une réflexion s’impose également sur la pertinence de conserver une mutuelle.

Par Alix de Bonnières Publié le 22 décembre 2024 à 14h00
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Avec la hausse des mutuelles prévue en 2025, est-il raisonnable de s'en passer ? - © Economie Matin

À quoi servent les mutuelles santé ?

Les mutuelles santé jouent un rôle essentiel dans la prise en charge des dépenses de santé non couvertes par la Sécurité sociale. Elles interviennent sur :

  • Les consultations médicales : remboursement partiel ou total des consultations chez les généralistes ou spécialistes.
  • Les soins dentaires, optiques et auditifs : secteurs où les coûts peuvent être élevés.
  • Les hospitalisations : prise en charge du forfait journalier et des dépassements d'honoraires.
  • La prévention santé : avec des programmes incitatifs (par exemple, le 100 % santé).

Acteurs majeurs de l'économie sociale et solidaire, les mutuelles représentent 32 millions de bénéficiaires en France et complètent les remboursements de l'Assurance maladie.

Pourquoi les cotisations augmentent-elles ?

Des dépenses de santé en forte hausse

Plusieurs facteurs expliquent ces augmentations des mutuelles, comme l'explique l'enquête annuelle de la Mutualité française. Tout d'abord, le vieillissement de la population avec l'allongement de l'espérance de vie engendre des besoins qui s'accumulent en soins, notamment pour les maladies chroniques. Viennent ensuite les avancées technologiques et traitements coûteux : de nouveaux traitements et équipements médicaux entraînent des charges supplémentaires. Enfin, la revalorisation salariale des professionnels de santé qui a entraîné des augmentations de rémunérations impactant directement les coûts des prestations.

En 2023, les dépenses de santé ont augmenté de 5,2 %, dépassant la progression de la richesse nationale.

Une redistribution des charges

La Sécurité sociale transfère progressivement certaines dépenses vers les organismes complémentaires, sans leur donner les moyens de gérer efficacement ces risques. Par exemple, le financement des traitements contre la bronchiolite ou les campagnes de prévention bucco-dentaire devraient représenter un surcoût de deux milliards d'euros en 2025 pour les mutuelles.

Type de contrat Augmentation moyenne des cotisations (%)
Contrat individuel 5,3 %
Contrat collectif obligatoire 7,3 %
Contrat collectif facultatif 6,8 %

Actifs et retraités concernés

Les hausses toucheront l'ensemble des bénéficiaires, qu'ils soient actifs ou retraités. Les actifs couverts par des contrats collectifs verront leurs cotisations augmenter davantage en raison des réformes touchant l'assurance santé d'entreprise. Pour les retraités, souvent sous contrats individuels, la progression reste significative mais légèrement inférieure.

Mais peut-on se passer d'une mutuelle ?

Dans une analyse parue sur Boursorama.com, une question pertinente est soulevée : est-il rentable de se passer d'une mutuelle ? Voici quelques éléments de réponses  :

  1. Les profils à faible consommation médicale, comme les jeunes actifs en bonne santé pourraient envisager de ne pas souscrire à une mutuelle, à condition d'épargner en prévision de frais imprévus.
  2. Ne pas souscrire à une mutuelle est en revanche risqué pour les seniors et les familles. Pour les personnes âgées ou avec des enfants, renoncer à une mutuelle peut comporter des risques, les frais imprévus (hospitalisation, orthodontie) pouvant être très coûteux.
  3. Attention au coût des soins sans mutuelle, comme, par exemple, une consultation chez un spécialiste peut coûter entre 50 et 100 euros, dont 30 % seulement sont remboursés par la Sécurité sociale.

Si économiquement cela peut sembler intéressant pour les jeunes en bonne santé, l'absence de mutuelle expose à des coûts imprévisibles élevés. Il est conseillé de bien évaluer sa situation personnelle avant de prendre une telle décision.

Les solutions envisagées pour limiter les hausses des mutuelles

Face à cette situation, plusieurs pistes de réforme sont avancées :

  • Rééquilibrer les financements : une meilleure mutualisation des risques permet de répartir plus équitablement les charges entre jeunes et seniors.
  • Renforcer l'efficacité du système en réduisant les prescriptions inutiles, en luttant contre la fraude et en optimisant les dépenses.
  • Investir dans la prévention : encourager les comportements sains pourrait réduire à long terme les maladies chroniques et leurs coûts.

Les augmentations prévues en 2025 mettent en lumière les failles d'un système de santé en tension. Les mutuelles, bien qu'indispensables, doivent évoluer pour rester accessibles. Pour les ménages, la réflexion sur leur couverture santé devient essentielle, et des arbitrages seront nécessaires pour concilier protection et maîtrise des dépenses.

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