Moody’s : la note de crédit de la France est menacée

En maintenant la note de la France à « Aa2 » mais en abaissant sa perspective à « négative », l’agence Moody’s sonne l’alarme pour la politique budgétaire du gouvernement. Cette décision, qui pourrait conduire à une dégradation dans les mois à venir, intervient alors que Michel Barnier cherche à faire adopter un budget ambitieux pour 2025, en pleine tourmente économique et politique.

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Par Aurélien Delacroix Publié le 28 octobre 2024 à 13h00
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Brussels, Belgium. 2nd April 2019. European Union Chief Brexit Negotiator Michel Barnier addresses the European Parliament Foreign Affairs Committee. - © Economie Matin
60 MILLIARDSLe gouvernement veut réaliser des économies de 60 milliards d'euros pour 2025.

La décision de Moody’s de maintenir la note de crédit de la France à « Aa2 » s’accompagne d’un avertissement sévère. En abaissant la perspective de la note à « négative », l’agence de notation souligne les risques financiers liés aux déficits budgétaires croissants et à la capacité du gouvernement à y répondre efficacement.

La note de la France au même niveau que celui de l'Espagne

Le ministère de l’Économie, tout en prenant acte de cette évaluation, insiste sur les « forces économiques réelles » de la France et sa capacité à mener des réformes ambitieuses. Cette vision optimiste masque cependant la pression grandissante des marchés et des agences de notation, qui surveillent de près l’évolution de la situation budgétaire et les efforts de réforme.

Le gouvernement, mené par Michel Barnier, doit actuellement convaincre le Parlement d’accepter un plan de réduction de dépenses de 60 milliards d’euros dans le cadre du budget 2025. Moody’s, dans un communiqué publié vendredi soir, indique que sa décision repose sur « le risque croissant que le gouvernement ne soit pas en mesure de mettre en œuvre les mesures » nécessaires pour éviter une dégradation supplémentaire des finances publiques. En d’autres termes, l’agence semble accorder à l’exécutif une chance de rétablir la situation avant de procéder à une éventuelle baisse de la note dans les prochains mois.

Les marchés financiers, pour leur part, reflètent une certaine inquiétude quant à la stabilité de la note française. La prime de risque, c’est-à-dire l’écart de rendement entre les obligations françaises et allemandes à 10 ans, oscille actuellement entre 70 et 80 points de base, une différence qui correspond davantage aux notations de pays comme l’Espagne ou le Portugal. Ce décalage révèle les doutes persistants des investisseurs, qui anticipaient une baisse de la note française à un niveau aligné sur celui des agences Fitch et S&P Global, toutes deux plus pessimistes.

Un défi de taille pour le gouvernement Barnier

Alors que Moody’s a maintenu sa notation, la prochaine révision de S&P Global prévue fin novembre suscite des attentes. L’agence a déjà dégradé la note de la France en mai dernier, la plaçant à « AA- », et pourrait en plus abaisser la perspective à « négative ». Si tel est le cas, la France se retrouverait dans une situation inédite : les trois principales agences de notation pourraient simultanément placer sa dette sous une perspective négative. Cette convergence d’opinions souligne la gravité de la situation et pourrait inciter certains investisseurs à réviser leurs choix.

L’enjeu pour la France va au-delà des simples ajustements budgétaires : le programme d’émission de la dette pour 2025 s’annonce colossal, avec un objectif de 300 milliards d’euros. Si les agences de notation devaient dégrader la note, la France risquerait de passer dans une catégorie de notation inférieure (« Simple A »), limitant potentiellement l’intérêt de certains investisseurs pour sa dette. Cette perspective, associée aux pressions croissantes de la Commission européenne, place l’exécutif face à une échéance de taille.

Le véritable test pourrait ainsi survenir en 2025, alors que Moody’s prévoit une nouvelle évaluation pour avril, à l’occasion de sa revue des notes souveraines dans la zone euro. Sans amélioration substantielle, le risque d’une nouvelle dégradation se profile, avec des conséquences directes sur la capacité de la France à financer ses dépenses et à stabiliser ses finances publiques dans un contexte politique tendu.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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