C’est une affaire rare qui s’est jouée à Paris fin 2023. La Monnaie de Paris, qui frappe les pièces françaises en euro, décide de jouer les apprentis sorciers avec le design de ses pièces. Sous la houlette de Marc Schwartz, son directeur, l’idée lumineuse germe : frapper 27 millions de pièces de 10, 20 et 50 centimes avec un design flambant neuf.
La Monnaie de Paris frappe 27 millions de pièces… fausses ?
Le but ? Épater la galerie, et notamment un certain Bruno Le Maire, lors de sa visite prévue en le 7 décembre 2023. Les ouvriers s'activent, la machine est lancée, et les pièces sortent à la chaîne. Jusqu'ici, tout va bien.
Des nouvelles pièces… qui ne passent pas !
Mais patatras ! La Commission européenne n'est pas de cet avis et n’aurait pas été consultée en temps et en heure. Le verdict tombe le 1er décembre 2023 comme un couperet : le design ne passe pas la barre. La Direction Générale des affaires économiques et financières de la Commission européenne (ECFIN) a évalué le nouveau design, et ne l’approuve pas.
Pourquoi ? Les étoiles, symboles de l'Union européenne, sont jugées trop discrètes. Un détail qui a son importance, surtout quand il s'agit de représenter l'Europe sur chaque pièce. Sans design validé, les pièces n’ont aucune valeur. Pire : elles deviennent automatiquement de fausses pièces, puisque les vraies doivent obligatoirement être validées. La Monnaie de Paris a donc, involontairement, frappé 27 millions de fausses pièces.
Une facture salée pour la France
Résultat des courses : entre 700.000 et 1,2 million d'euros partent en fumée. Il faut détruire ces millions de pièces non conformes et en produire de nouvelles, en urgence s'il vous plaît ! Marc Schwartz, un brin embarrassé, pointe du doigt « l'État français » qu’il tient responsable de l’échec, selon « La Lettre » qui révèle l’information jeudi 11 janvier 2024.
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, lance de son côté une enquête pour éclaircir l’affaire. Une affaire qui coûte cher, entre le coût de fabrication, le coût de destruction et le coût de refabrication de pièces conformes. Selon La Lettre, ces 27 millions de pièces ne représentent pas moins de 4% de la production annuelle de la Monnaie de Paris.
Fausses pièces de la Monnaie de Paris : un nouveau Graal pour les numismates ?
Ces fausses pièces ont été détruites, et on peut supposer que la Monnaie de Paris, de ce côté là, n’a plus joué avec le feu. Mais, qui sait : peut-être qu’un ou deux exemplaires ont survécu ? Si tel est le cas, ils pourraient valoir très cher.
Une pièce en euro, quand bien même ne valant que quelques centimes en valeur faciale, non autorisée mais frappée par une institution officielle, voilà qui serait un véritable Graal pour les numismates... sans doute prêts à débourser des milliers d’euros pour obtenir une telle rareté.