Mis en examen en France pour complicité d’activités criminelles, le milliardaire Pavel Durov, fondateur de Telegram, se dit « dégoûté » par les infractions qui prolifèrent sur sa plateforme. Alors que les accusations s’accumulent, il promet de renforcer les processus de modération et justifie la position de son entreprise, critiquée pour son rôle dans la propagation d’activités illicites.
Modération : « dégoûté », le patron de Telegram promet des améliorations
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Pavel Durov, le fondateur de Telegram, se retrouve au cœur d’une affaire judiciaire qui soulève des questions sur la responsabilité des plateformes numériques face aux contenus qu’elles hébergent. Lors d’une audition en décembre relayée par l'AFP, Durov a reconnu avoir pris conscience, durant sa garde à vue, de l’ampleur des activités criminelles sur Telegram. « Je n’ai pas créé Telegram pour les criminels », a-t-il affirmé, admettant toutefois que « leur présence a aussi augmenté ».
Telegram dans la tourmente judiciaire
Les juges d’instruction ont mis en avant une quinzaine de groupes utilisant la messagerie à des fins criminelles, notamment pour des activités de pédocriminalité, de trafic de stupéfiants ou encore de ventes d’armes. Ces pratiques, visibles sur la plateforme, sont au cœur de la mise en examen de Pavel Durov pour complicité d’activités criminelles.
Interrogé sur le rôle de Telegram dans la facilité d’accès à ces contenus illicites, Durov a contesté ces accusations, mettant en avant les efforts de modération de l’entreprise, qui supprime mensuellement entre 15 et 20 millions de comptes et jusqu’à deux millions de groupes.
Confronté aux critiques, Pavel Durov a promis une amélioration des processus de modération, tout en évoquant les difficultés rencontrées. Il a notamment expliqué que les modérateurs de Telegram n’étaient pas suffisamment formés pour reconnaître certains termes utilisés dans le commerce de drogue en France. Selon lui, la France ne figurait pas parmi les priorités linguistiques de l’entreprise jusqu’à récemment.
Nouvelles promesses de modération renforcée
L’homme d’affaires a également évoqué un engagement croissant de Telegram dans la coopération avec les autorités judiciaires. L’entreprise, basée à Dubaï, affirme avoir répondu à 673 demandes de la justice française au cours du dernier trimestre 2024, contre seulement quatre début 2024. À l’échelle mondiale, plus de 10.000 informations d’identification d’utilisateurs auraient été transmises aux autorités sur la même période.
Toutefois, ces efforts restent insuffisants pour certains magistrats. « Ce n’est pas beaucoup au regard de vos 950 millions d’utilisateurs », a relevé l’un d’eux.
Alors que Telegram annonce avoir atteint son premier bénéfice annuel malgré une dette de 2 milliards de dollars, l’entreprise se retrouve sous pression pour équilibrer croissance et éthique. Pavel Durov, bien qu’assurant agir « pour la société et les affaires », devra démontrer que les mesures prises seront suffisantes pour répondre aux critiques croissantes.