Milliardaires en 2024 : toujours plus riches, toujours plus nombreux, toujours plus puissants

L’année 2024 pourrait être qualifiée d’année de tous les excès. Alors que la fortune cumulée des 2 781 milliardaires du monde dépasse désormais les 14 200 milliards de dollars, 141 nouveaux membres rejoignent ce cercle restreint, dans une indifférence glaciale aux souffrances sociales qui se multiplient. Que penser d’une société où, alors que des millions luttent pour leur survie, une poignée d’individus accumulent des richesses dépassant l’imagination ? I

Les milliardaires à la tête d’une fortune mondiale hors de contrôle

En 2024, les 500 plus grandes fortunes ont vu leur richesse collective franchir la barre historique des 10.000 milliards de dollars, plus de trois fois le PIB français (environ 3.000 milliards). Une somme vertigineuse, comparable au PIB cumulé des 30 pays les plus pauvres de la planète. En 2023, déjà, ils avaient vu leur fortune grimper de 1.500 milliards de dollars. En 2024, ils ofnt encore mieux : 2.000 milliards de dollars de plus.

Cette accumulation a été principalement menée par les géants de la technologie, à commencer par Elon Musk, dont la fortune atteint désormais 452 milliards de dollars, soit plus que le PIB de plusieurs nations africaines combinées. Il a engrangé en une seule année 223 milliards de dollars, une somme que même les économies les plus prospères peinent à mobiliser pour des investissements sociaux.

Et que dire de Mark Zuckerberg, qui a ajouté 91 milliards de dollars à son empire numérique, ou de Larry Ellison, dont la fortune gonfle de 84 milliards de dollars grâce à Oracle ? Ces chiffres ne sont pas simplement impressionnants, ils sont indécents. Comment justifier que quelques entreprises technologiques absorbent les richesses du monde entier, tandis que les salaires stagnent et que les services publics s’effondrent ?

Tableau récapitulatif des 10 milliardaires les plus enrichis selon Forbes 2024

"Les dix milliardaires les plus riches de cette année ont vu leur fortune collective augmenter de 730 milliards de dollars (au 13 décembre 2024)", souligne Forbes

Les milliardaires du luxe en France font grise mine en 2024

En France, le luxe a connu une année noire, et les milliardaires du secteur en paient le prix. Bernard Arnault, autrefois homme le plus riche du monde, a vu sa fortune chuter de 30 milliards de dollars pour s’établir à 178 milliards de dollars. LVMH, dont il est l’actionnaire majoritaire, a perdu 15 % de sa valeur en Bourse. Françoise Bettencourt Meyers, héritière de L’Oréal, a vu sa richesse amputée de 24 milliards de dollars, et François Pinault, maître de Kering, a essuyé une perte colossale de 40 % de sa fortune.

Certes, la chute de ces fortunes est notable, mais doit-on réellement s’indigner pour ces pertes alors que ces individus restent immensément riches ? La misère qui s’aggrave chez les travailleurs précaires de leurs entreprises ne suscite-t-elle pas plus de compassion ? Les cours boursiers vacillent et les milliardaires français évoquent l’instabilité politique et la morosité économique chinoise, mais ils oublient que leurs propres modèles économiques sont à l’origine de la situation. Y compris de la situation d’instabilité politique française...

Inégalités économiques : un système moralement insoutenable

Ces chiffres révèlent l’échec d’un système global incapable de répartir équitablement les ressources. Alors que 1% des plus riches accapare désormais plus de 50% de la richesse mondiale, des milliards de personnes vivent avec moins de deux euros par jour. Cette polarisation de la richesse n’est pas une fatalité mais le produit direct de choix politiques et économiques qui favorisent l’accumulation sans limite pour une poignée d’élus.

Pire encore, cette concentration extrême des richesses exacerbe les inégalités sociales. Tandis que les milliardaires américains gagnent des dizaines, voire des centaines de milliards grâce à des mécanismes boursiers et des niches fiscales, les populations vulnérables subissent de plein fouet les crises économiques, climatiques et sociales.

L’inaction politique : complice de cette inégalité de richesses

Face à cette concentration insensée des richesses, où sont les régulations politiques ? Les gouvernements continuent de favoriser les milliardaires, soit par des réductions d’impôts massives, soit par des subventions indirectes à leurs entreprises. En France, la dissolution de l’Assemblée nationale en 2024 a marqué un tournant dans cette complaisance : les mesures visant à augmenter les impôts sur les sociétés n’ont pas été adoptées, offrant aux grandes entreprises une échappatoire fiscale estimée à des centaines de millions d’euros.

Et ailleurs ? Aux États-Unis, où la fortune des milliardaires a explosé, les réformes fiscales sont bloquées, tandis que des mesures pour freiner la spéculation restent lettre morte. Et les milliardaires sont désormais au sommet de l’État avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et Elon Musk qui deviendra ministre.

En Chine, ce sont les politiques de relance ratées qui ont davantage creusé le fossé entre riches et pauvres, rendant la consommation de masse inaccessible pour des millions de ménages.

Cette accumulation sans limite de richesses au sommet est intenable, moralement et économiquement. Si rien n’est fait pour redistribuer ces fortunes par des politiques fiscales et sociales ambitieuses, les fractures économiques continueront de s’élargir, menaçant la stabilité mondiale. Les milliardaires continueront à prospérer, mais à quel prix pour le reste de l’humanité ?

Tableau récapitulatif des données mondiales de 2024