Après une longue période de déclin, le secteur des prêts à la consommation en France commence à montrer des signes de reprise. Cette évolution survient dans un contexte économique toujours précaire, marqué par des ajustements de taux d’usure et une prudence accrue des emprunteurs et des prêteurs.
Du mieux pour les prêts à la consommation en février
Selon l'Association française des sociétés financières (ASF), le mois de février a marqué une croissance de 2,8 % des prêts à la consommation par rapport à l'année précédente, mettant fin à seize mois de baisse continue.
Une hausse des prêts à la consommation en trompe l'œil
Yves-Marie Legrand, délégué général adjoint de l'ASF, tempère néanmoins ces chiffres : « L'activité repart doucement, mais il ne faut pas la surinterpréter », explique-t-il aux Échos. En effet, cette hausse intervient après une chute significative de 26,9 % en février de l'année dernière, ce qui relativise la portée de cette reprise.
La reprise reste fragile, avec un bilan trimestriel qui affiche encore un recul de 4,3 %. Les prêteurs, impactés par une remontée plus lente du taux d'usure par rapport aux coûts de refinancement, ont dû adopter une approche plus sélective. Ce taux, fixé par la Banque de France pour protéger les consommateurs contre le surendettement, a contraint les établissements à ne pas répercuter entièrement leurs coûts de financement sur les emprunteurs, comprimant ainsi leurs marges.
Le contraste avec le leasing
Contrairement aux prêts à la consommation, le leasing (location avec option d'achat) a connu une croissance robuste. En 2023, ce segment a progressé de 12,1 %, atteignant 11,1 milliards d'euros. « Ce mode d'acquisition souple est bien adapté à la période de transition actuelle », explique Yves-Marie Legrand. Le leasing offre une flexibilité qui semble convenir aux consommateurs incertains, notamment dans le secteur automobile où l'hésitation entre véhicule thermique, hybride ou électrique persiste.
Les taux d'usure actuellement fixés à 7,75 % pour les prêts de plus de 6.000 euros ont permis aux banques de « reconstituer [leurs] marges », selon un banquier. Cela suggère une possible amélioration des conditions de crédit pour les consommateurs, quoique le marché demeure globalement prudent.
La prudence reste de mise dans le secteur des prêts personnels. Les consommateurs, affectés par l'inflation, continuent de reporter leurs projets d'investissement en attendant des jours meilleurs. La reprise observée en février pourrait donc être un signe avant-coureur d'une stabilisation, mais elle n'est pas encore indicative d'une tendance durable. Le marché du crédit à la consommation dans son ensemble reste attentif aux évolutions économiques et réglementaires qui pourraient influencer la demande et l'offre de crédit dans les mois à venir.