Micromania : vers la fin d’une icône du jeu vidéo en France ?

L’enseigne Micromania-Zing, dernier bastion des magasins spécialisés dans les jeux vidéo en France, est sur la sellette. GameStop, son propriétaire américain, a officiellement annoncé sa mise en vente. Un repreneur sauvera-t-il l’enseigne, ou faut-il se préparer à une disparition pure et simple ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 19 février 2025 à 7h00
Micromania : vers la fin d’une icône du jeu vidéo en France ?
Micromania : vers la fin d’une icône du jeu vidéo en France ? - © Economie Matin
70%70% des jeux vendus en 2024 étaient dématérialisés.

Le 18 février 2025, un coup de tonnerre a résonné dans l’industrie du jeu vidéo. Le géant américain GameStop a officiellement annoncé son intention de vendre ses activités en France et au Canada. Parmi elles, Micromania-Zing, fleuron du jeu vidéo physique, qui emploie près de 1 200 salariés en France à travers 300 magasins. Alors que l’industrie s’oriente de plus en plus vers le numérique et que les grands acteurs du commerce en ligne dominent le marché, la question se pose : Micromania peut-elle survivre ?

Micromania : une enseigne en péril face à un marché en mutation

La vente physique de jeux-vidéo : un modèle économique dépassé ?

Depuis plusieurs années, Micromania-Zing peine à faire face à la montée en puissance du dématérialisé et à la concurrence féroce de la grande distribution et des places de marché en ligne (Amazon, Fnac, Cdiscount).

Évolution des parts de marché du jeu vidéo en France 2015 2020 2024
Jeux physiques (Micromania, Fnac, grande distribution) 70 % 50 % 30 %
Plateformes dématérialisées (PS Store, Xbox, Steam…) 30 % 50 % 70 %

Comme le montrent les données du SELL, la tendance est clairement à la fin des jeux-vidéos physiques. Avec une telle évolution, Micromania a cherché à se diversifier en intégrant des produits dérivés (figurines, vêtements, accessoires de la pop culture sous la marque Zing), mais cela n’a pas suffi à enrayer son déclin.

GameStop : un propriétaire en difficulté

L’annonce de cette vente s’inscrit dans un plan plus large de restructuration de GameStop, qui tente de se redresser après plusieurs années de pertes financières. Si l’enseigne a été sauvée par les boursicoteurs de Reddit il y a quelques années, le bond de l’action, qui avait surpris la Bourse, n’aura pas suffi à effacer les problèmes inhérents à l’entreprise.

Indicateurs financiers de GameStop (2024) Valeur
Chiffre d’affaires annuel 5,1 milliards de dollars (-24 % sur un an)
Perte nette 313 millions de dollars
Réduction du nombre de magasins aux États-Unis 15 % en un an
Trésorerie disponible 1,2 milliard de dollars

D’après Investing.com, GameStop souhaite se recentrer sur le marché américain en se débarrassant de ses filiales les moins rentables. La cession de Micromania apparaît comme une tentative de limiter la casse face à un secteur en pleine transformation.

Quel avenir pour Micromania ?

Plusieurs acteurs pourraient être intéressés par le rachat de Micromania-Zing. Parmi eux, des fonds d’investissement spécialisés dans la distribution ou des enseignes du secteur du divertissement. Toutefois, aucun candidat sérieux ne s’est encore déclaré.

En cas d’échec de la vente, Micromania pourrait être démantelée, avec une fermeture progressive de ses boutiques. Le précédent allemand est inquiétant : GameStop a vendu ses magasins en Italie, mais prévoit de fermer tous ses points de vente en Allemagne.

La fermeture ou la vente de Micromania en France est également un problème pour l’emploi dans le pays. 1 200 emplois sont en jeu, sans compter les conséquences pour les joueurs fidèles à l’enseigne. Pour les consommateurs, la disparition de Micromania signifierait la fin des conseils en magasin, des offres de reprise de jeux d’occasion et d’un espace physique dédié à la culture gaming.

Micromania : une fin inévitable ou un sursaut possible ?

Micromania est-elle condamnée à disparaître comme Game, Score Games ou Dock Games avant elle ? L’industrie du jeu vidéo a montré qu’elle évoluait rapidement et que les modèles économiques traditionnels peinaient à survivre. L’avenir de Micromania dépendra d’un éventuel repreneur et de la capacité de l’enseigne à s’adapter à une ère où le numérique domine.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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