Faisant face à un ralentissement du marché automobile mondial, Michelin annonce des fermetures temporaires de plusieurs sites en France. La réduction de production, qui pourrait toucher jusqu’à cinq usines, s’accompagne de recours au chômage partiel pour des milliers de salariés.
Michelin : Une tempête dans le secteur pneumatique
Ralentissement du marché automobile
Le géant français du pneu, Michelin, fait face à un contexte économique difficile. En raison d'une chute des ventes dans le secteur automobile, le groupe a décidé de ralentir sa production. « Les ventes des constructeurs sont en repli de 20 % à 25 % », a déclaré Florent Menegaux, le PDG de Michelin, rappelant que cette situation a un impact direct sur l’activité de l’entreprise. Les usines concernées par ces mesures sont principalement celles spécialisées dans les pneus agricoles et de génie civil, notamment à Troyes et au Puy-en-Velay. Ces sites seront temporairement fermés, et les salariés placés en chômage partiel pendant environ trois semaines.
Trois autres usines, celles de Cholet, Vannes et Tours, voient également leur activité réduite. Ces sites, qui fabriquent des pneus de voiture, subissent des baisses d'activité récurrentes, qualifiées par l'entreprise de « problèmes de charge structurels ». Selon Michelin, des discussions sont en cours avec les partenaires sociaux pour trouver des solutions adaptées.
Cette situation préoccupante n’est pas sans rappeler les défis plus larges auxquels l’industrie automobile est confrontée. Les tensions sur les chaînes d'approvisionnement, exacerbées par les crises sanitaires et géopolitiques, ont conduit à une instabilité du marché automobile. Les consommateurs, quant à eux, modifient leurs comportements d'achat, souvent en faveur de solutions plus durables et de véhicules électriques. Michelin doit naviguer dans cette mer tumultueuse tout en maintenant sa réputation de leader dans le secteur.
Une réorganisation nécessaire
Ces tensions sur le marché automobile ont déjà eu des conséquences notables pour l'entreprise. En 2021, Michelin avait engagé un plan de suppressions de postes, sans départs contraints, et a fermé plusieurs sites au cours des dernières années, notamment à La Roche-sur-Yon et à Bamberg, en Allemagne. « Nous sommes obligés d'adapter notre production aux circonstances », a insisté Florent Menegaux. L’avenir de certains sites de production pourrait rapidement se retrouver en suspens.
Pour les employés du site des Gravanches à Clermont-Ferrand, la situation est particulièrement préoccupante. Ils seront en congés pour deux semaines dans le cadre d'une réorganisation visant à optimiser la production, présentée comme « essentielle pour faire face aux défis économiques actuels ». Bien que d’autres sites continuent d’opérer normalement, une réévaluation des capacités de production semble nécessaire. « On ne ferme jamais de site pour une question de conjoncture », a ajouté Florent Menegaux, en laissant entendre que des ajustements structurels pourraient être nécessaires à long terme.
Les sites de production de Michelin, qui se veulent à la pointe de l’innovation, doivent également s’adapter à des normes environnementales de plus en plus strictes. La transition vers des méthodes de production plus durables est essentielle pour répondre aux attentes croissantes des consommateurs et des régulateurs.
Perspectives d'avenir
Les questionnements de Michelin illustrent parfaitement les défis auxquels le secteur du pneu doit faire face dans un marché mondial en mutation. Le groupe, qui emploie environ 132 300 personnes dans le monde, devra naviguer avec prudence pour rester compétitif dans ce contexte et maintenir sa position de leader sur le marché.
Pour y parvenir, Michelin a mis en place plusieurs initiatives visant à renforcer son agilité et sa résilience. L'entreprise investit dans la recherche et le développement pour créer des pneus plus durables et adaptés aux nouvelles normes environnementales. Michelin espère même sortir renforcée de cette tempête – qu’affrontent également tous ses concurrents –, en s’adaptant aux évolutions à court, moyen et long termes, comme elle a si bien su le faire depuis des années.