Michelin ferme Cholet et Vannes : 1 200 emplois supprimés

Michelin a annoncé la fermeture de ses usines de Cholet et Vannes, entraînant la suppression de plus de 1 200 postes. Confronté à la concurrence asiatique et à une chute des ventes dans le secteur des pneumatiques pour camions et camionnettes, le groupe promet d’accompagner les salariés et de créer des emplois dans les territoires concernés. Cette annonce sonne comme une nouvelle illustration des difficultés traversées par l’industrie européenne.

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Par Rédacteur Publié le 19 novembre 2024 à 4h00
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Michelin ferme Cholet et Vannes : 1 200 emplois supprimés - © Economie Matin
2 MILLIARDS €Le bénéfice net de Michelin a atteint 2 milliards en 2023

Baisse de la demande et concurrence asiatique

Le 5 novembre 2024, Michelin a officialisé la fermeture de deux de ses sites emblématiques, ceux de Cholet (Maine-et-Loire) et de Vannes (Morbihan), dans un contexte marqué par une chute des ventes dans les secteurs des pneumatiques pour camions et camionnettes. Cette décision, qui entraînera la suppression de 1 254 postes, s’inscrit dans contexte de crise généralisée pour le secteur automobile et ses équipementiers en Europe. « L’effondrement de l’activité dans ces segments du marché a rendu la fermeture inéluctable », a expliqué Florent Menegaux, le PDG de Michelin, dans un communiqué.

Le site de Cholet, qui emploie 955 salariés, est spécialisé dans la production de petits pneus pour camionnettes, un segment touché par une baisse continue de la demande en Europe. Cette diminution continue des commandes s’accompagne d'une concurrence accrue des fabricants asiatiques, notamment chinois, qui proposent des produits à des prix largement inférieurs. Pour réduire ses coûts et sauvegarder sa rentabilité, Michelin a décidé de délocaliser cette production vers des usines situées en Italie, en Espagne et en Pologne.

Le site de Vannes, quant à lui, produit des câbles métalliques destinés à la fabrication de pneus pour poids lourds, et est en déclin depuis plusieurs années, à la suite d’un effondrement de son carnet de commandes, selon la direction de Michelin. « La dégradation de la compétitivité de l’Europe, combinée à une concurrence asiatique croissante, empêche de maintenir une production viable dans ces usines », a justifié Michelin.

En parallèle, Michelin traverse une année 2024 difficile avec la stagnation du marché des véhicules neufs en Europe, un autre facteur qui a exacerbé les difficultés économiques du groupe. Si le marché du pneu pour poids lourds a longtemps constitué une part importante de son activité, il semble aujourd’hui structurellement affaibli. La baisse de l’activité dans ce secteur clé a poussé le groupe à revoir ses priorités et à adapter son modèle économique aux réalités du marché mondial.

Plus globalement, ces annonces s’ajoutent à une longue liste de réductions d’effectifs opérées par Michelin en France ces dernières décennies. En 2021, le groupe avait déjà annoncé un plan de réduction de 2 300 postes dans l'Hexagone, et en 2020, il avait fermé son site de La Roche-sur-Yon. À l’échelle mondiale, Michelin prévoit également la fermeture de deux usines en Allemagne d'ici 2025. Ce processus s’inscrit dans une révision stratégique visant à ajuster l’empreinte industrielle de Michelin aux nouvelles réalités économiques et concurrentielles.

Un accompagnement des salariés et un engagement territorial

Malgré la brutalité de la situation, Michelin s’engage à accompagner les salariés concernés par ces fermetures. Le groupe promet de mettre en place un dispositif de reconversion et de réemploi dans les territoires touchés. « Nous ne laisserons personne au bord du chemin », a insisté Florent Menegaux, qui a annoncé que des solutions sur mesure seraient proposées aux salariés affectés, avec notamment des offres de reclassement à l’intérieur du groupe ou dans d’autres entreprises. En outre, Michelin s’engage à participer à la création de nouveaux emplois dans les régions concernées, afin de compenser la suppression des 1 254 postes.

Le groupe a d’ores et déjà suspendu la production sur les deux sites concernés jusqu’au 13 novembre, afin de permettre aux syndicats et à la direction d’entamer des discussions avec les employés et d'examiner les meilleures solutions pour les salariés licenciés. Des échanges collectifs et individuels seront organisés pour proposer des alternatives, telles que des offres d’emploi chez Michelin ou la possibilité de préretraites.

L’impact d’une désindustrialisation de plus en plus visible

La désindustrialisation ne concerne pas que Michelin. Plusieurs grands groupes européens, confrontés à des coûts de production élevée, à une concurrence asiatique de plus en plus agressive et à un ralentissement général de la consommation, ont dû revoir leur stratégie et procéder à des réductions d'effectifs ou à des fermetures d’usines. Les décisions prises par Michelin, à l’instar de celles d’autres grands noms du secteur automobile et des équipements, traduisent une tendance inquiétante qui pèse sur l’ensemble de l’industrie européenne.

Malgré les promesses d’accompagnement, l’annonce du géant du pneu a d’ailleurs immédiatement provoqué des réactions de mécontentement parmi les salariés des deux usines, qui ont voté une grève et bloqué les accès aux sites concernés. À Cholet, des piles de pneus ont été incendiées devant les portes de l’usine, et les routes menant à l’usine ont été barrées. Cette mobilisation témoigne du choc et du sentiment de trahison qui traversent les salariés touchés par cette fermeture.

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