Météo France : les prévisions sont mauvaises, mais à qui la faute ?

Les prévisions de Météo France ont récemment viré au grand n’importe quoi, avec des erreurs si flagrantes qu’elles ont suscité l’ire du public et des professionnels. À qui la faute ?

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 20 février 2024 à 9h21
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Météo France : les prévisions sont mauvaises, mais à qui la faute ? - © Economie Matin

Les couacs de l'automatisation des prévisions de Météo France

L'automatisation chez Météo France, grâce à l'intégration de l'intelligence artificielle, promettait monts et merveilles, tant pour le public que pour l'entreprise. Pourtant, elle livre des prévisions parfois dignes d'un poisson d'avril. Près de 30°C à Strasbourg en plein mois de décembre, de la neige sous 9°C à Briançon, et une non-anticipation de l'épisode neigeux en Île-de-France au mois de janvier 2024, ainsi que des inondations, etc. Ces bévues, largement relayées sur les réseaux sociaux, ont mis le feu aux poudres. Comment un système censé être à la pointe de la technologie peut-il annoncer des scénarios météo si éloignés de la réalité ?

Parce que la technologie n'est pas forcément synonyme d'infaillibilité. En effet, même si l'automatisation chez Météo-France a un fort potentiel, la technologie de l'IA nécessite une vérification humaine. Or, le projet 3P (Programme Prévision-Production), qui a commencé à être mis en place en novembre 2023, vise à réduire les effectifs de Météo France sur les douze prochaines années, le but étant d'augmenter la part de l'automatisation des prévisions. « Ces 15 dernières années, Météo France a perdu près d’un tiers de son personnel ». Cette diminution des effectifs a déjà eu des répercussions néfastes : elle a entraîné une surcharge de travail pour les employés, et l'introduction de l'IA n'a fait qu'aggraver la situation.

Les syndicats déposent un préavis de grève jusqu'au 5 mars 2024

La transition vers l'automatisation a donc été justifiée par une nécessité de modernisation et d'efficacité. Pourtant, « la robustesse de l’organisation 3P n’est pas démontrée, notamment sur des situations complexes », souligne l'intersyndicale de météorologie, mettant ainsi en doute la capacité du système à gérer les aléas météorologiques avec la même finesse qu'un œil humain expérimenté. Ces derniers n'ont pas hésité à exprimer leur mécontentement et leur désarroi auprès de nos confrères de Ouest France et du Parisien : « La honte s’abat sur un établissement incapable de retranscrire dans sa base de données de prévision ce qu’il se passe et ce que les citoyens constatent au-dessus de leur tête ».

Le syndicat FO de Météo France et le Syndicat national de la météorologie CGT ont déposé un nouveau préavis de grève jusqu'au début de mars 2024, pour réclamer une réévaluation du projet 3P et une meilleure considération de leur expertise. « Des évolutions sont prévues au premier semestre 2024 », promet la direction de Météo France.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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