Données personnelles : Meta attaquée pour son abonnement

Les données personnelles et les données numériques valent de l’or. Meta l’a bien compris, et compte en profiter. Le groupe fondé par Mark Zuckerberg a donc décidé en novembre 2023 d’imposer un choix : ou l’utilisateur paye un abonnement, ou Meta peut accéder à ses données. Une stratégie qui n’a guère plu à l’association de défense des droits numéris noyb… qui a porté plainte.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 28 novembre 2023 à 14h55
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Données personnelles : Meta attaquée pour son abonnement - © Economie Matin
1000 MILLIARDS $La valeur des données personnelles des Européens est estimée 1.000 milliards de dollars.

La plainte déposée par l'organisation noyb, sous la direction de Max Schrems, contre la politique de "payer ou accepter" de Meta, met en lumière le conflit entre les pratiques commerciales des géants du numérique et les normes de protection des données de l'UE.

Meta veut faire payer la confidentialité à prix d’or

Dans son communiqué de presse diffusé le 28 novembre 2023, noyb rappelle les faits. Meta a introduit une politique où les utilisateurs doivent consentir au suivi publicitaire ou s'acquitter d'une "taxe de confidentialité" pouvant atteindre 251,88 euros par an. Cette somme se décompose en 12,99 euros par mois pour Facebook, avec 8 euros supplémentaires par mois pour chaque compte lié comme Instagram. Soit plus de 20 euros par mois… pour tout simplement ne pas être pisté par le géant de Menlo Park.

Mais noyb pointe du doigt la manne financière que cet abonnement représente. Alors que le revenu moyen par utilisateur de Meta en Europe est d'environ 62,88 euros par an, l’abonnement est avant tout très rentable pour le géant américain. Pour Max Schrems, président de noyb, c’est simple : « La loi de l'UE exige que le consentement soit le véritable libre arbitre de l'utilisateur. Contrairement à cette loi, Meta facture une 'taxe de confidentialité' pouvant atteindre 250 euros par an si quelqu'un ose exercer son droit fondamental à la protection des données. »

Données personnelles : le consentement peut-il être donnée librement à Meta ?

La plainte déposée par noyb auprès de l’autorité autrichienne de la protection des données, l’équivalent local de la CNIL française, fait écho à une autre affaire. La Cour de justice de l'Union européenne a déjà établi l'illégalité du traitement des données des utilisateurs par Meta pour des publicités personnalisées. La politique actuelle de Meta pourrait aggraver cette violation. Et noyb de rappeler également l’amende de 390 millions d’euros reçue par Meta pour ces violations.

Cette politique de Meta concernant les données personnelles soulève une question fondamentale : le consentement est-il vraiment "librement donné" si les utilisateurs doivent payer pour leur vie privée ? Pas selon noyb. En effet, selon un sondage cité par l'association, dès lors que les utilisateurs sont confrontés à un paywall qui demande d’accepter les cookies ou payer 2 euros, la très grande majorité des internautes acceptent le cookie. Mais en réalité seulement 3 % des internautes veulent que leurs données soient utilisée pour es publicités ciblées.

Max Schrems souligne l'absurdité de la situation : « Lorsque 3% des gens veulent réellement nager, mais que 99,9% se retrouvent dans l'eau, chaque enfant sait que ce n'était pas un choix 'libre'. »

Données personnelles : la politique de Meta, un danger général ?

Si l’Union européenne n’interdit pas à Meta cette pratique, d’autres applications pourraient faire de même et instaurer un abonnement pour ne pas pister leurs utilisateurs. Or, si tel était le cas, ce serait une catastrophe pour les ménages. Selon les calculs de noyb, si d'autres applications adoptaient une politique similaire, le coût annuel pour maintenir la confidentialité sur un téléphone avec 35 applications pourrait s'élever à 8 815,80 euros. Pour une famille de quatre personnes, cela représenterait 35 263,20 euros par an. Plus que le revenu annuel moyen d’une très large majorité de ménages.

Max Schrems compare cette situation à une époque révolue : « Combien de personnes exerceraient encore leur droit de vote si elles devaient payer 250 € pour le faire ? Il fut un temps où les droits fondamentaux étaient réservés aux riches. Il semble que Meta veuille nous ramener à plus d'un siècle en arrière. »

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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