Alors que l’Union européenne annonce fièrement la conclusion d’un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur, les agriculteurs français, appuyés par leurs homologues italiens, crient à l’abandon.
Accord Mercosur : les agriculteurs sacrifiés par Von der Leyen
L’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, regroupant le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay, suscite une controverse sans précédent. Bien que présenté par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, comme un jalon historique, cet accord sème la discorde.
Mercosur : libre-échange ou libre compétition ?
L'accord Mercosur prévoit une réduction drastique des droits de douane sur des milliers de produits échangés entre l'Europe et l'Amérique du Sud. Les exportateurs européens bénéficieraient d'un accès accru aux marchés sud-américains, notamment pour les produits industriels et chimiques. En contrepartie, l'UE ouvrirait ses frontières à des produits agricoles sud-américains, tels que le soja, le bœuf ou encore le poulet. Ces produits, souvent moins chers à produire en raison de normes environnementales et sociales moins exigeantes, menacent directement les agriculteurs européens.
Le directeur d’Agri-Éthique, Ludovic Brindejonc, souligne : « Cet accord permettrait l'importation de produits agricoles d'Amérique du Sud, où les normes sanitaires et environnementales sont bien en deçà des standards européens ». En dépit des promesses de surveillance stricte, les agriculteurs français s’inquiètent des risques de concurrence déloyale.
Consommateurs et agriculteurs français : quelles conséquences ?
Les exploitants français, déjà fragilisés par des coûts de production élevés, craignent une déstabilisation des prix. Le Brésil, par exemple, utilise des techniques agricoles interdites en Europe, telles que les pesticides de dernière génération. Ces pratiques, bien que contestées, permettent une production à moindre coût. Giorgia Meloni, Premier ministre italien, parle d'une véritable « question stratégique de souveraineté alimentaire ». La France et l’Italie s’opposent fermement à un accord sans garanties solides pour les producteurs locaux.
Les citoyens européens pourraient bénéficier d'une baisse des prix de certains aliments, mais à quel prix ? Outre les inquiétudes sanitaires liées à l’utilisation massive d’antibiotiques et de pesticides dans les pays du Mercosur, la question de la traçabilité reste centrale. Brindejonc déclare : « Nous devons aux consommateurs une absolue clarté pour garantir la souveraineté alimentaire et la sécurité sanitaire ».
Une mobilisation croissante face à un accord contesté
Les agriculteurs français, rejoints par leurs homologues italiens et polonais, multiplient les appels à une opposition ferme. Plusieurs manifestations ont eu lieu en France, notamment sous l’égide du syndicat Jeunes Agriculteurs, dénonçant une politique européenne déconnectée des réalités locales.
La France et l’Italie jouent désormais un rôle clé en rassemblant une minorité de blocage pour empêcher la ratification de l'accord. Emmanuel Macron déclare : « La signature de cet accord, en l'état, n'est pas compatible avec nos engagements en matière de souveraineté alimentaire et de transition écologique ».
Une stratégie économique qui interroge
Alors que l’UE célèbre cet accord comme une victoire diplomatique, les critiques dénoncent une vision à court terme. Si les entreprises industrielles et chimiques se réjouissent de l’accès facilité aux marchés du Mercosur, l’impact écologique de l’importation massive de produits agricoles sud-américains pose question.
Un récent rapport du ministère de l'Agriculture alerte sur l’augmentation de la déforestation en Amazonie, conséquence directe d’une demande accrue en produits comme le soja et la viande bovine. « Le Mercosur, mauvais pour l’environnement et pour nos agriculteurs », résume une tribune signée par plusieurs eurodéputés français.