La tendance se confirme: la réactivité des marchés financiers face aux secousses économiques et politiques diminue de jour en jour. Déjà en 2024, nous avions observé une inertie assez déconcertante, malgré des résultats électoraux annonciateurs d’une instabilité financière peu propice à un environnement d’investissement serein.
Marchés: ne surtout pas se laisser endormir!
En ce début d’année, force est de constater que les annonces inattendues qui se succèdent chaque week-end ne provoquent plus de volatilité marquée les lundis suivants. Les indices de volatilité restent bas et les couvertures de change se raréfient, par-delà un contexte qui devrait inciter à la prudence.
Depuis 2020, la crainte de rater un rebond potentiel l’a clairement emporté dans les esprits, au point que certains en viennent à ne plus se couvrir ni même à ajuster leurs positions, quelles que soient les nouvelles du marché.
De manière générale, les annonces politiques ne doivent plus être qu’un simple bruit de fond pour les marchés. En revanche, l’impact de certaines décisions pourrait se révéler déterminant. Nous faisons ici plus particulièrement référence à l’instauration de nouvelles barrières douanières et autres surenchères commerciales, qui risquent fort d’avoir des répercussions majeures sur la rentabilité des entreprises, leur capacité ou volonté d’investir, sur l’inflation et plus largement sur la croissance économique. Les évolutions réglementaires qui commencent à dessiner pourraient aussi bouleverser la concurrence et, au bout du compte, la viabilité de certains secteurs.
L’Europe épargnée… jusqu’à quand?
Pour l’instant, les premières mesures de la nouvelle administration américaine paraissent épargner l’Europe, comme en témoigne la surperformance des marchés européens observée depuis la mi-janvier. L’accélération de ce mouvement coïncide avec l’annonce de négociations visant à mettre fin aux hostilités entre l’Ukraine et la Russie.
Pourtant, il serait illusoire de croire que le Vieux Continent restera à l’abri des pressions économiques venues d’outre-Atlantique. En effet, les signaux se précisent et s’accumulent (TVA, défense), et le réveil pourrait être brutal. Mieux vaut donc ne pas sombrer dans la complaisance ou le déni...
Par ailleurs, la dynamique économique et inflationniste aux États-Unis continue de suggérer un potentiel de hausse limité pour le marché obligataire en USD, sachant que les taux sont soumis à des tensions haussières. Même si la décorrélation avec le marché obligataire de la zone euro se précise, la construction européenne s’écrit à nouveau sous nos yeux, avec des conséquences non négligeables pour les obligations souveraines européennes et leurs rendements.
Historiquement, l’Europe a souvent su tirer parti des crises pour resserrer ses liens. Aujourd’hui, le changement de cap américain vis-à-vis de la Russie et de l’Ukraine incite l’UE à réfléchir une fois de plus à une intégration renforcée. Les projets d’armée commune et l’ampleur du soutien à l’Ukraine pourraient par ailleurs exiger des émissions obligataires de grande envergure.
Dans cet environnement, si l’on considère les marchés irrationnels et les risques bien réels, la principale difficulté est de faire preuve de patience et de rester ferme sur ses points d’entrée.
En période de volatilité accrue, il arrive fréquemment que les stratégies à contre-courant s’avèrent fructueuses, comme on l’a constaté ces trois derniers lundis.
Certains produits structurés permettent d’ailleurs d’acheter automatiquement lorsque des seuils prédéfinis sont atteints à la baisse, ce qui peut se révéler judicieux dans un marché agité.
Enfin, si l’on ne vise pas un gain à très court terme, mieux vaut privilégier des secteurs et valeurs défensifs, ou déjà décotés mais considérés comme robustes à long terme, tout en veillant à disposer d’une protection appropriée.