Un malus pour réguler la jungle de l’ultra-fast fashion

Face à l’urgence climatique et les préoccupations sociales, la France s’apprête à adopter une loi visant à réguler sévèrement le secteur de l’ultra-fast fashion.

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Par Aurélien Delacroix Publié le 6 mars 2024 à 9h30
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Un malus pour réguler la jungle de l’ultra-fast fashion - © Economie Matin
7.200Shein lance 7.200 nouveaux modèles de vêtements par jour.

Cette initiative législative, portée par Anne-Cécile Violland, députée Horizons de la Haute-Savoie, suscite un vif intérêt au sein du gouvernement et parmi les acteurs de l'industrie textile. L'objectif est clair : inciter à une production et une consommation plus responsables dans un secteur particulièrement polluant.

Un enjeu écologique et économique

L'industrie de la mode, et plus particulièrement l'ultra-fast fashion, est depuis longtemps dans le viseur des défenseurs de l'environnement et des droits humains. En effet, ce secteur est responsable d'environ 10 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, surpassant même l'impact combiné des vols internationaux et du transport maritime.

La culture du coton, pierre angulaire de cette industrie, est également la plus gourmande en pesticides à l'échelle planétaire. Les conditions de travail dans les pays producteurs, souvent déplorables, ajoutent une dimension sociale à la crise.

Ces pratiques ont conduit à une prise de conscience au sein du gouvernement qui, par la voix de Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, s'est engagé à soutenir les efforts législatifs visant à corriger le cap. Le ministre met en avant les dangers de cette mode éphémère, non seulement pour l'environnement mais aussi pour l'économie locale, en soulignant l'importance de reconstruire une industrie textile nationale plus durable.

Une régulation stricte de l'ultra-fast fashion

La proposition de loi envisagée propose des mesures radicales pour transformer le paysage de la fast fashion en France. L'une des dispositions phares est l'introduction d'un malus écologique pouvant aller jusqu'à 10 euros par article d'ici 2030, dans le but de refléter l'impact environnemental réel des produits et de pénaliser les pratiques les plus nocives. En parallèle, une interdiction de la publicité pour ces enseignes est à l'étude, ciblant spécifiquement les campagnes en ligne qui encouragent la surconsommation.

Cette législation vise également à sensibiliser les consommateurs à l'impact de leurs achats par l'instauration de messages d'avertissement sur les sites de vente, dans l'esprit de ce qui se fait déjà pour les produits du tabac ou les boissons alcoolisées. Les plateformes comme Shein, symbole de cette ultra-fast fashion, sont particulièrement visées, ces dernières proposant des milliers de nouveaux produits chaque jour, bien souvent au mépris des réglementations environnementales et sociales.

L'approche française, axée sur la pénalisation financière et la sensibilisation, pourrait marquer un tournant dans la manière dont les pays occidentaux abordent les problématiques liées à la fast fashion. En se positionnant en faveur d'une mode plus durable, la France espère non seulement réduire son empreinte écologique mais aussi stimuler une réindustrialisation textile locale, synonyme d'emplois et de savoir-faire préservés. Ce projet de loi, en attente d'examen par l'Assemblée nationale, pourrait bien incarner un modèle à suivre pour d'autres pays confrontées aux mêmes défis.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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