Macron et les 207 milliards envolés : Attac révèle le prix des cadeaux fiscaux

Les colonnes budgétaires tremblent, les multinationales trinquent au champagne. Depuis 2017, plus de deux cents milliards d’euros se sont volatilisés dans les tuyaux d’une fiscalité sur-mesure pour les puissants. L’association Attac tire la sirène d’alarme et met des chiffres bruts sur une saignée silencieuse.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 28 mars 2025 à 6h04
Qui sont les plus riches en France ? êtes vous riche ou pauvre ?
Qui sont les plus riches en France ? êtes vous riche ou pauvre ? - © Economie Matin
12 MILLIARDS €Passer de l'ISF à l'IFI a entraîné une baisse des recettes fiscales de 12 milliards d’euros entre 2017 et 2023.

Le 26 mars 2025, l’organisation Attac France a déclenché un électrochoc en dévoilant son dernier rapport intitulé « La dette de l’injustice fiscale », fruit d’un travail d’investigation économique mené avec le Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM). L’étude s’attaque frontalement au coût des baisses d’impôts et des exonérations fiscales accordées aux grandes entreprises et aux ultrariches sous les deux mandats d’Emmanuel Macron. Le montant ? Un vertige : 207 milliards d’euros de manque à gagner pour l’État, sur la période 2018-2023.

Cette somme, révélée par Attac, représente près d’un quart de l’augmentation de la dette publique française durant la même période. Derrière ce chiffre abyssal, une réalité simple : les recettes de l’État ont été volontairement amputées, au nom de la « compétitivité », de « l’attractivité », ou encore du « ruissellement »... un lexique devenu mantra, sans preuve tangible de ses effets économiques.

Attac dénonce : Macron a recouvert les riches de cadeaux

Dans son rapport de mars 2025, Attac passe au scalpel les mesures fiscales jugées les plus délétères : suppression de l’impôt sur la fortune (ISF), prélèvement forfaitaire unique (PFU) sur les revenus du capital, baisse de l’impôt sur les sociétés, exonérations de cotisations sociales sur les hauts salaires, ou encore niches fiscales pour les holdings et les groupes transnationaux.

L’étude montre que les grandes entreprises du CAC 40, parmi lesquelles TotalEnergies, BNP Paribas ou LVMH, ont été les principales bénéficiaires de ces largesses fiscales. Dans certains cas, le taux effectif d’imposition est descendu en dessous de 10 %, loin des 25 % théoriques affichés. Des dispositifs d’optimisation parfaitement légaux qui contournent l’objectif d’équité fiscale, et qui n’ont généré aucun bénéfice macroéconomique mesurable, selon les auteurs du rapport.

« L’intégralité des cadeaux faits aux Français les plus aisés n’a eu absolument aucune conséquence, ni sur un surcroît d’investissement, ni sur une amélioration du pouvoir d’achat », peut-on lire dans le document publié par Fipeco en parallèle, corroborant les constats d’Attac.

Attac dénonce un choix politique qui étrangle la justice sociale

Sur le trottoir du ministère de l’Économie, le 26 mars 2025, les militants d’Attac ont déployé une banderole claire : « La dette de l’injustice fiscale : 207 milliards d’euros de cadeaux fiscaux aux ultrariches et aux multinationales ». Deux marionnettes géantes à l’effigie de Bernard Arnault et Vincent Bolloré, ligotées à des sacs d’argent, résumaient la scène : un État ligoté par ses propres choix fiscaux. D'autant plus que ce dernier aurait obtenu une ristourne du fisc de plus de 200 millions d'euros dans une affaire de fraude fiscale dans laquelle Vincent Bolloré a été reconnu coupable.

Youlie Yamamoto, porte-parole d’Attac, a fustigé la logique gouvernementale : « Une partie importante de cette dette est pourtant la résultante des baisses d’impôts et de prélèvements qui ont largement bénéficié aux plus riches et aux grandes entreprises ». Elle s’oppose au Premier ministre François Bayrou, qui invoque la nécessité de couper dans les budgets sociaux pour contenir une dette publique qu’il qualifie « d’abyssale ».

De son côté, Vincent Drezet, également porte-parole d’Attac, appelle à une rupture immédiate : « Des mesures de justice fiscale doivent être mises en œuvre : imposition du patrimoine juste et efficace, taxe sur les superprofits, les superdividendes, les transactions financières. Il faut également renforcer à tous niveaux les moyens de lutte contre l’évasion et la fraude fiscales ».

L’addition sociale d’une politique fiscale asymétrique

Les 207 milliards d’euros évoqués par Attac ne sont pas une abstraction : ils auraient pu financer 15 hôpitaux ultramodernes, doubler le budget de l’Éducation nationale ou créer 500 000 logements sociaux, selon les projections du rapport. À la place, ils ont alimenté une logique où les dividendes explosent pendant que les services publics implosent.

À cette ponction silencieuse sur les finances publiques s’ajoute une crise de légitimité démocratique : comment justifier des coupes budgétaires au nom de la dette quand cette dernière a été volontairement aggravée par des choix fiscaux ciblés ? La justice fiscale, selon Attac, n’est pas une option idéologique, mais une nécessité structurelle pour reconstruire une économie plus équitable.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

1 commentaire on «Macron et les 207 milliards envolés : Attac révèle le prix des cadeaux fiscaux»

  • Aunoa

    Que va t’il nous inventer maintenant le môme ?
    Il faut rattraper le coup et arrêter de nous le faire comme d’hab. Un peu de justice sociale pas toujours gaver les mêmes. Voilà la dette de l’injustice sociale qui plombe notre pays. Il faut arrêter immédiatement.

    Répondre
Laisser un commentaire

* Champs requis