Logement social : situation critique en France avec un record de demandes

Logement social : un record battu, 2,7 millions de demandes

Selon les données de l’Union sociale pour l’habitat (USH), 2,7 millions de ménages étaient en attente d’un logement social au premier semestre 2024, une augmentation de 150 000 par rapport à l’année précédente. Cette demande, qui progresse partout en France, reflète la difficulté croissante des ménages à accéder à un logement abordable. Comme l’a déclaré Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH : « C'est une demande qui augmente partout. C'est le même phénomène que les années précédentes dans toutes les régions et qui montre combien la question de l'accès à un logement abordable demeure très importante. »

Dans certaines régions, la situation est particulièrement tendue. L’Île-de-France est la plus affectée, avec près de 7 000 demandes pour 100 000 habitants. Les ménages franciliens doivent ainsi patienter en moyenne dix ans avant de pouvoir accéder à un logement social, un chiffre ubuesque qui montre l’ampleur de la crise dans cette région. En comparaison, la moyenne nationale des délais d’attente est de six à sept ans, mais elle continue d’augmenter dans plusieurs territoires.

La demande de logements sociaux explose partout en France

Outre l'Île-de-France, d'autres régions françaises sont également confrontées à une demande en forte hausse. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, on compte environ 4 491 demandes pour 100 000 habitants, tandis que les régions Hauts-de-France et Normandie comptent respectivement 3 891 et 3 617 demandes. Dans les territoires ultramarins, la crise est tout aussi importante : la Réunion et la Guyane enregistrent respectivement 5 382 et 4 698 demandes pour 100 000 habitants.

Logement social : la construction en berne exacerbe la crise

Le problème majeur à l’origine de cette crise est le manque de construction de logements sociaux. Alors que la demande ne cesse de croître, les constructions ont chuté de manière drastique. En 2024, seuls 82 000 logements sociaux ont été construits, contre 120 000 il y a cinq ans. Ce décalage entre l’offre et la demande aggrave la situation, laissant de nombreux ménages dans une attente interminable. « On ne construit pas assez de logements très sociaux. Certains maires ne veulent pas de ce patrimoine très social sur leur territoire, parce que c'est un peu stigmatisant, les quartiers les plus populaires. Donc on s'oriente davantage sur des logements de type intermédiaire et pour des familles un peu plus aisées », explique Eddie Jacquemart, président de la Confédération nationale du logement (CNL), sur FranceInfo.

Dans certains cas, cette pénurie de logements disponibles atteint des niveaux critiques, comme en témoigne la saturation du marché locatif dans plusieurs villes. À Paris, par exemple, il n’est pas rare de voir des centaines de candidatures pour un seul appartement, rendant l’accès au logement extrêmement difficile pour les ménages à revenus modestes.