Location : faute de logement, 12% des jeunes abandonnent les études

Le marché locatif à Paris traverse une période extrêmement tendue, marquée par une explosion de la demande et une diminution de l’offre. Cette crise est particulièrement visible en cette rentrée 2024, où les étudiants et jeunes actifs peinent à trouver un logement, ce qui crée une véritable explosion des candidatures pour chaque bien disponible.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 4 septembre 2024 à 7h30
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16%Le nombre d'annonces locatives a chuté de 16% en un an

Le cas emblématique d'une studette de 12 m², affichée à 615 euros, qui a reçu plus de 1 016 candidatures en deux semaines, selon la plateforme Beanstock, illustre l'ampleur du problème du logement à Paris.

Logement : à Paris, le fort déséquilibre entre offre et demande

La tension sur le marché du logement à Paris est exacerbée par une baisse de l'offre de logements disponibles à la location. Selon les données de la plateforme Bien'ici, le nombre d'annonces locatives a chuté de 16% en un an à l'échelle nationale durant l’été, et de 50% par rapport à 2019, une tendance largement imputable aux effets de la crise sanitaire. À Paris, cette diminution atteint 29%, et dans certaines villes comme Marseille, Lyon, et Strasbourg, la baisse dépasse 40%.

L'augmentation des candidatures pour les logements disponibles est spectaculaire. Par exemple, un studio de 14 m² à Paris, mis en location pour 710 euros par mois, a reçu 566 candidatures en une semaine, soit une augmentation de 70% par rapport à 2023. Cette surenchère s'observe également dans d'autres grandes villes françaises comme Marseille et Lille, où la demande a progressé de 17% et 21%, respectivement .

Les raisons de la crise du logement à Paris et en France

Plusieurs facteurs expliquent cette crise du logement à Paris. Tout d'abord, les Jeux Olympiques de 2024 ont incité de nombreux propriétaires à retirer temporairement leurs biens du marché locatif traditionnel pour les louer à court terme à des prix plus élevés. Cette situation pourrait se régulariser à partir de septembre 2024, avec un retour progressif de ces logements sur le marché.

De plus, les propriétaires sont de moins en moins incités à mettre leurs biens en location en raison de la combinaison d'une fiscalité de plus en plus lourde, de la régulation des loyers, et des nouvelles obligations de rénovation énergétique. Le dispositif Pinel, qui offrait des avantages fiscaux aux investisseurs immobiliers dans le neuf, arrive à son terme, rendant l'investissement locatif moins attractif.

Enfin, la hausse des taux d'intérêt a considérablement ralenti les achats immobiliers, poussant les locataires à prolonger leur séjour dans les logements existants. En 2024, la durée moyenne des baux locatifs a augmenté à 40 mois, contre 30 mois en 2022 .

Logement : de lourdes conséquences pour les étudiants et jeunes actifs

Les conséquences de cette crise sont particulièrement graves pour les étudiants, dont 31% ont dû retarder leur départ du domicile parental en raison de l'impossibilité de trouver un logement. Parmi eux, 20% ont été contraints de retourner vivre chez leurs parents, et 12% ont dû renoncer à poursuivre leurs études.

Cette situation est d'autant plus critique pour les étudiants étrangers, qui n'ont souvent pas de réseau local pour les aider à trouver un logement et doivent faire face à une concurrence féroce. Les meublés, souvent privilégiés par cette population, sont eux aussi rares, et la durée moyenne de location pour ces biens est passée de 18 à 26 mois, réduisant encore les possibilités.

Face à cette crise, plusieurs solutions sont proposées pour faciliter l'accès à la location à Paris. Parmi elles, la colocation est souvent présentée comme une alternative économique, bien que l'écart de prix avec un studio se réduise progressivement. Par ailleurs, l'État encourage l'utilisation de la garantie Visale, un dispositif gratuit qui assure le paiement des loyers aux propriétaires, offrant ainsi une sécurité supplémentaire aux locataires étudiants.

Il est également conseillé aux candidats à la location de préparer des dossiers solides, incluant des garants et des références de leurs précédents propriétaires, afin de se démarquer dans un marché saturé. Certains recourent à l’élargissement de leur périmètre de recherche aux villes périphériques bien desservies par les transports en commun.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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