Logement, emploi : même combat

Crise du locatif, taux d’intérêts hauts, frilosité des banques à l’heure de débloquer des crédits… La crise du logement est là et elle pèse sur l’emploi, comme en témoignent les difficultés des entreprises à recruter, en particulier dans les zones tendues. Un risque qu’elles peuvent toutefois transformer en opportunité grâce à une politique RH ambitieuse pour convaincre et fidéliser les collaborateurs en adressant l’une des aspirations les plus profondes de nos compatriotes : l’accès à la propriété.

Lenezet
Par Mickael Le Nezet Publié le 13 septembre 2024 à 5h30
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logement-propriete-salarie-20240825 - © Economie Matin
83%83 % des Français refuseraient un poste qui les intéresse à cause des difficultés à se loger.

Le logement est au cœur de la vie des Français : 88 % de nos compatriotes aiment passer du temps chez eux et considèrent que c’est l’endroit où ils se sentent le mieux (étude BPCE, 16 mai 2024). Ce qui ne veut pas dire qu’ils se contentent du statu quo. Dans un sondage IPSOS réalisé pour SOFIAP en juillet 2024, 1 salarié sur 3 pense que son logement ne correspondra plus à ses attentes dans les prochaines années et qu’il devra en changer. La faute au manque de place (31 % des sondés ne disposent pas de pièce pour télétravailler), au temps de trajet entre le domicile et le travail ou encore aux frais que cette distance peut engendrer (au moins 100 € par mois pour un tiers des salariés).

Valeur refuge

Dans le même temps, l’accès à la propriété reste une valeur refuge qui permet de se constituer un début de capital et de mieux préparer ses vieux jours, en particulier dans un contexte inflationniste. Pas étonnant que le sondage IPSOS précédemment cité révèle que 61 % des salariés aspirent à devenir rapidement propriétaires. Or, dans cette même étude, 62 % des salariés de plus de 35 ans estiment qu’il est difficile voire très difficile d’accéder à la propriété. Les obstacles ? Le prix de l’immobilier (56 %), la difficulté à économiser pour constituer un apport (44 %) et l’obtention d’un prêt (42 %).

Le logement n’en demeure pas moins une priorité pour les Français. Ils sont nombreux à se décarcasser pour habiter dans un lieu conforme à leurs attentes, quitte à rogner sur d’autres dépenses. 55 % des salariés prétendent que le montant actuel de leurs dépenses de logement leur interdit de vivre correctement sans se priver, y compris quand ils ont réalisé leur rêve d’accession à la propriété. 49 % des salariés propriétaires ont ainsi dû renoncer à certains loisirs, 30 % ont limité leurs achats de nourriture ou ont renoncé à financer certaines activités de leur enfant, voire ses études (17%). Et 1 salarié sur 4 a retardé ou renoncé à certains soins médicaux ou à des médicaments. De quoi apporter du grain à moudre à ceux qui, comme nous, estiment que le logement doit aujourd’hui être considéré comme un bien de première nécessité.

Employabilité et attractivité

La crise du logement affecte directement l’employabilité des Français et donc les capacités de recrutement de nos entreprises. D’après un sondage OpinionWay pour Indeed, 83 % des Français refuseraient un poste qui les intéresse à cause des difficultés à se loger. Le dernier sondage IFOP pour SOFIAP révèle quant à lui que 26 % des salariés ont déjà rejeté une offre d'emploi faute de pouvoir disposer d'un logement suffisamment proche de leur futur lieu de travail. On l’aura deviné, les entreprises qui évoluent dans un bassin d’emploi situé en zone tendue sont particulièrement touchées. Elles peinent non seulement à recruter mais aussi à fidéliser les collaborateurs. Plus de 2 salariés sur 5 songeraient sérieusement à quitter leur entreprise s’ils n’arrivaient pas à acheter le logement dont ils ont besoin dans les prochaines années. 

Les pouvoirs publics ont-ils pris la mesure de ce phénomène ? Traiter la crise du logement est un préalable indispensable pour rêver au plein emploi. Il y a certes des dispositifs qui soutiennent l’accès à la propriété, comme le prêt à taux zéro ou le prêt action logement. Mais le premier est soumis à un plafond de ressources et le second est limité à 30 000 euros. Est-ce suffisant ? Rien n’est moins sûr.

Si le logement a longtemps été le parent pauvre des politiques RH, qui misaient davantage sur la voiture de fonction ou les tickets restaurants, les entreprises ont aujourd’hui vocation à s’emparer du sujet pour agir. Leurs collaborateurs les attendent sur ce terrain. 78 % des salariés déclarent qu’ils rejoindraient plus facilement un employeur qui leur proposerait de les aider à accéder à la propriété (étude OpinionWay pour SOFIAP, juin 2022). 74 % des jeunes actifs considèrent que leur employeur devrait les aider à devenir propriétaire. C’est une question d’attractivité, mais aussi de responsabilité citoyenne. Crises du logement et de l’emploi, pouvoir d’achat, inflation… Tout indique que le « S » de RSE doit revenir au premier plan des choix stratégiques des entreprises.

40 000 nouveaux propriétaires

Comment ? Avec des solutions concrètes comme le prêt subventionné : un dispositif qui a fait ses preuves depuis vingt ans en accompagnant plus de 40 000 Français vers la propriété. Sans conditions de ressources ou de zone géographique, il touche un public plus large que le PTZ ou le prêt action logement. Le fonctionnement est très simple : l’employeur prend en charge tout ou partie des intérêts d’un crédit pour la construction ou l’achat d’un logement neuf ou ancien, d’une durée allant de cinq à vingt-cinq ans. À la clé : des dizaines de milliers d’euros d’économies pour les salariés, ce qui augmente leur capacité d’achat ou diminue leurs mensualités. Si certaines entreprises prennent en charge la totalité des intérêts, d’autres options sont possibles : c’est une offre à la carte, co-construite avec l’employeur et éventuellement les partenaires sociaux.

Alors que les entreprises peinent à recruter et à fidéliser les talents, notamment les PME en région où les collaborateurs se plaignent d’être souvent trop éloignés de leur lieu de travail, le prêt subventionné est un levier essentiel pour marquer des points en termes de fidélisation et d’attractivité. Un dispositif gagnant-gagnant que les pouvoirs publics gagneraient à soutenir en l’exonérant de charges fiscales et sociales, au même titre que l’épargne salariale. Et un coup de billard à trois bandes : une mesure d’urgence pour adresser la crise du logement, un coup de pouce précieux pour aider davantage de Français à devenir propriétaires et une action concrète pour renforcer les liens entre les salariés et les entreprises.

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Lenezet

Directeur Général de SOFIAP est directeur général de la SOFIAP depuis 2022. Il a auparavant occupé les fonctions de directeur de l’offre des marchés professionnels au sein de La Banque Postale, qu’il avait rejoint en 2018 à la direction du développement des entreprises et des territoires, après avoir exercé des responsabilités au sein de la direction des marchés professionnels de Banque Populaire (Groupe BPCE).

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