Livret A, LDDS : hausse du taux ou pas hausse du taux en août 2023 ?

Livret A : inflation et formule de calcul poussent vers la hausse

Le taux des livrets défiscalisés, le Livret A et le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) sont établis sur la base d’une formule de calcul bien définie. Elle prend en compte les taux interbancaires européens ainsi que l’inflation annuelle. Or, les deux sont en hausse. D’une part à la suite de la fin des taux négatifs de la part de la Banque Centrale Européenne et, d’autre part, parce que les prix à la consommation augmentent.

En toute logique, la prochaine application de la formule devrait donc donner un taux d’intérêt pour les livrets défiscalisés en augmentation. Selon les premières estimations, il pourrait atteindre voire dépasser 4%. Le verdict ne sera connu que fin juillet 2023, après la publication par l’Insee des taux définitifs de l’inflation en France du mois de juin 2023.

Les banques ne veulent pas d’une nouvelle hausse du taux du Livret A

Mais la formule n’est pas contraignante : d’autres paramètres entrent en compte dans la décision d’augmenter, ou non, le taux d’intérêt des livrets défiscalisés. Or, les principaux établissements concernés ne sont pas vraiment favorables.

La Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), qui gère les fonds des livrets défiscalisés, s’y oppose. « Ce n'est pas la peine de faire du yoyo avec le taux du Livret A. Probablement, quand l'inflation va décroître, ce taux va baisser mais ce ne sera pas pour tout de suite », a déclaré Eric Lombard, son directeur général, le 25 avril 2023 sur France Info. Pour lui, augmenter encore le taux du Livret A pourrait de plus freiner le secteur du logement social. Les fonds y sont en effet fléchés, le secteur empruntant ces sommes pour les projets.

Et les banques, auprès desquelles les épargnants déposent les sommes, ne sont guère plus favorables à cette possible nouvelle hausse. Leurs produits, fiscalisés, n’affichent que des taux d’intérêt inférieurs, auxquels ils faut de plus retirer les impôts. Les épargnants les délaissent donc, ce qui ne fait pas leurs affaires. Et plus la différence entre les produits bancaires et les taux des livrets défiscalisés sera importante, plus cette tendance va s’accroître.

Augmentation ou pas augmentation ? Telle est la question

Le gouvernement est donc pris entre deux feux. D’une part, les épargnants qui ont déposé plus de 25 milliards d’euros sur les livrets défiscalisés sur les trois premiers mois de l’année 2023. Et qui disposent sur les deux livrets, le Livret A et le LDDS, 535,1 milliards à fin mars 2023. Avec un taux de 3%, inférieur à l’inflation, ils perdent de l’argent.

De l’autre, le secteur bancaire, CDC en tête. Les banques craignent le pire pour leur activité. Sans compter que la sur-épargne des ménages signifie aussi une baisse de la consommation de ces derniers. Or la consommation est le premier moteur de la croissance française.

La hausse est donc loin d’être certaine. La Banque de France donnera ses recommandations en juillet 2023, et son gouverneur, François Villeroy de Galhau, ne se mouille pas. Il n’a donné aucune indication sur sa future décision. Puis ce sera au ministère de l’Économie, donc au gouvernement, de prendre le relais et trancher. Il peut suivre la BdF, ne rien changer ou décider d’un taux arbitraire.