Les santons, emblématiques de la région provençale et porteurs d'une riche tradition, se trouvent aujourd'hui au cœur d'un enjeu de taille : la protection de leur authenticité. Face à la montée des contrefaçons sur le marché, les santonniers se mobilisent pour obtenir une Indication Géographique (IG) qui garantirait la provenance et le savoir-faire unique de leurs créations. Cette initiative pourrait bien être un tournant décisif pour l’avenir de cette industrie artisanale.
Une tradition menacée par la contrefaçon
Les santons ne sont pas qu’un simple produit artisanal ; ils sont le reflet d’un patrimoine culturel profondément ancré dans l’identité provençale. Cependant, la prolifération de faux santons, souvent issus de circuits parallèle, met en péril non seulement la réputation des artisans mais également leur existence même. "Les santons incarnent un patrimoine unique et profondément enraciné dans l'histoire de la région", souligne un représentant de l'Union des Fabricants de Santons de Provence (UFSP). Ces imitations, souvent moins chères, captent une part de marché importante, suscitant une concurrence déloyale.
Pour contrer cette menace, le projet de certification par une Indication Géographique (IG) refait surface. Ce dispositif, instauré par la loi « Hamon » de 2014, permettrait aux santonniers de prouver l’authenticité de leurs produits tout en promouvant le savoir-faire local. Une démarche d’autant plus urgente dans un contexte où le chiffre d'affaires du secteur atteint plus de 10 millions d'euros annuellement.
La lutte pour une labellisation officielle
Depuis 2016, les santonniers de Provence se battent pour faire reconnaître une IG spécifique pour leurs produits. Unir leurs forces sous l'égide de l'UFSP, ils ambitionnent de créer un label « Santon de Provence ». Cela représenterait non seulement un atout économique, mais également un moyen de préserver une tradition menacée par l’uniformisation des produits. Les artisans ont déjà élaboré un cahier des charges rigoureux qui inclut des normes de fabrication, garantissant ainsi la qualité et l’authenticité des santons.
La demande d’IG, qui sera soumise à l’INPI, témoigne de la volonté d’offrir aux consommateurs une assurance sur l'origine de leurs achats. En cas d’absence de certification, les conséquences pourraient être désastreuses : "Si cette IG n'est pas reconnue, ce patrimoine unique risque de disparaître", prévient un expert de l’UFSP. Avec près de 150 entreprises familiale-ales et rurales engendrant un emploi pour environ 700 personnes, la pérennité de ce savoir-faire ancestral est en jeu.
Mobilisation et soutien pour un projet collectif
À l’heure où le numérique redéfinit les pratiques de consommation, le projet d’IG bénéficie d’un soutien grandissant au-delà des frontières des ateliers provençaux. La Fédération Française des IG et d’anciens élus, comme Philippe Huppé, apportent leur soutien pour dynamiser la visibilité et la valorisation de ce produit artisanal si cher aux cœurs provençaux. "Cette distinction IG est essentielle pour garantir la pérennité de leur activité", affirment les membres de l’UFSP, motivés par l’importance de maintenir un savoir-faire et un patrimoine vivant.
La bataille pour la certification IG des santons de Provence se veut non seulement un combat pour la survie des artisans, mais aussi une démarche collective visant à sensibiliser les consommateurs à l'importance de l’authenticité. Dans une époque où la standardisation est omniprésente, la singularité des santons représente une richesse à préserver et à célébrer au-delà des frontières de la Provence.
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