Les Français et l’économie en 2024 : 64% ne connaissent pas le montant de la dette

Au moment de voter, un besoin impérieux de comprendre, mais à qui se fier ?

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Par François de Saint-Pierre Publié le 21 juin 2024 à 5h00
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47%Pour 47% des 18/24 ans et 41% des 25/34 ans, la dette de la France « n’est pas un problème »

Alors que débute la campagne pour les élections législatives, le Cercle Jean-Baptiste Say dévoile les résultats de la 3ème édition de son baromètre « Les Français et l'économie » et alerte sur l’impérieuse nécessité d’informer et de former les Français en matière d’économie.

Dans un contexte où les finances publiques de la France sont à la peine et où les défis se multiplient pour notre pays, l’immense majorité des Français exprime des attentes de formation, d’information et d’explications sur les enjeux économiques. Ces attentes s’adressent aux médias (91%), au monde éducatif (91%) et aux dirigeants politiques (93%). Elles se sont accrues depuis la création du baromètre Jean-Baptiste Say en 2018.

Dans les faits, le niveau de connaissance des Français s’avère faible et les fausses idées font florès : selon les sujets sur lesquels on les interroge, entre un tiers et deux-tiers d’entre eux déclarent ne pas pouvoir donner d’ordre de grandeur sur quelques indicateurs clés. Lorsqu’ils avancent des chiffres, ceux-ci sont souvent bien éloignés de la réalité.

●          Poids du déficit annuel des comptes publics rapporté au PIB : les deux-tiers n’en ont spontanément aucune idée(1).

●          Poids de la dette publique cumulée rapporté au PIB : si 7 Français sur 10 (71%) estiment que l’endettement de la France n’est pas soutenable, 64% n’ont spontanément aucune idée de son poids, 24% le sous-estiment très nettement et 8% approchent de la vérité(2). Notons que pour 47% des 18/24 ans et 41% des 25/34 ans, cette dette « n’est pas un problème », alors même qu’ils devront en assumer la charge.

●          Production de richesse et temps de travail : si la nécessité d’augmenter le taux d’actifs fait consensus (82%), la durée du temps de travail divise. En effet, 58% estiment possible de créer plus de richesse en travaillant moins (78% des 18/24 ans, 72% des 25/34 ans). L’opinion mérite d’autant plus d’être éclairée que la grande majorité des Français n’a aucune idée du nombre d’heures de travail annuel par habitant en France (55% de façon spontanée). S’ils se risquent à donner des chiffres, ils surestiment très fortement la France (1 300 heures en moyenne contre 922 pour l’UE 27, selon eux)(3). La réalité étant bien pire : 630 heures travaillées en France contre 744 pour l’UE 27.

●        Réduction des déficits publics : à une très large majorité (61%), les Français préfèrent que l’on taille dans les dépenses publiques (État, Collectivités territoriales, Sécurité sociale), plutôt que d’augmenter les impôts, surtout s’il s’agit des ménages... Relancés sur les postes sur lesquels économiser en priorité, ils désignent les collectivités territoriales (régions et départements par 40%, municipalités par 26%), la culture (33%), l’environnement (24%) et la défense nationale (23%). Ne pas toucher à la santé et aux retraites (6%) !

●        Impôt sur le revenu : près de 4 Français sur 10 (38%) n’ont aucune idée du pourcentage de contribuables payant l’impôt sur les revenus et plus d’un sur deux (56%), de la part supportée par les 10% de Français ayant les plus hauts revenus. Lorsqu’ils se prononcent sur cette part, ils pensent en moyenne qu’elle représente 37% quand elle est de 75%(4).

Alors qu’ils ont de fortes attentes de formation et d’explications à l’égard du monde éducatif, des médias et des dirigeants politiques, les Français expriment des doutes non moins forts sur la maîtrise des sujets économiques par ces acteurs.

●        Les dirigeants politiques : 39% seulement leur accordent cette maîtrise.

●      Éducation nationale et enseignants : seulement un Français sur dix (11%) leur fait tout à fait confiance pour bien former les élèves aux sujets économiques.

●  Médias et journalistes : 46% les créditent d’une bonne maîtrise des sujets économiques.

L’édition 2024 du baromètre du Cercle Jean-Baptiste Say démontre l’impérieuse nécessité de former et d’informer les Français de façon pédagogique sur les enjeux économiques du pays. En permettant à chacune et à chacun de comprendre les mécanismes économiques les plus essentiels, nous renforcerons la capacité de la société à faire face aux défis qui se présentent. A quelques jours des élections législatives, comment les Français peuvent-ils se prononcer sur les propositions des candidats s’ils n’ont pas les connaissances nécessaires pour se décider ? Les économistes estiment à 1 point de PIB par an (28 Mds € en 2023(5)) le coût du manque de culture économique en France (Source : Edmund Phelps, Prix Nobel d’économie(6))

Retrouvez l'intégralité des résultats de l'étude sur Cercle Jean-Baptiste Say, ainsi que les analyses, commentaires et informations du Cercle dans sa lettre mensuelle gratuite La Décade.

¹ Déficit des comptes publics par rapport au PIB : 5,5% du PIB au 31/12/23 (Source : INSEE)

2 Dette publique cumulée par rapport au PIB : 110,6% du PIB au 31/12/23 (Source : INSEE)

3 Nombre d’heures travaillées par an en réalité : 630 heures en France, 744 heures en moyenne pour l’UE 27 (Source : OCDE)

4 En 2022, 56% des Français n’ont pas été imposés sur leurs revenus ou ont bénéficié d’une restitution d’impôt (Source : rapport annuel de la DGFiP et IFRAP)

5 PIB 2023 : 2 803 Mds€ (Source : INSEE)

6 Edmund Phelps, La prospérité de masse, Odile Jacob, 2017

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François de Saint Pierre, est associé-Gérant chez Lazard dont il dirige l'activité de gestion privée. Il est diplômé de Science-Po, où il a également enseigné. Il s'est passionné pour l'œuvre de Jean-Baptiste Say, dont il loue l'approche rationnelle, la vision, l'humanisme et la pédagogie.

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