La question de l’utilisation des excédents de l’Unédic fait débat. Alors que le gouvernement demande qu’une partie soit utilisée pour le financement du plein emploi, les partenaires sociaux proposent de tout consacrer au désendettement du régime.
Les excédents de l’Unédic font saliver le gouvernement
Le gouvernement propose d'orienter une part des excédents de l'Unédic vers le financement de la politique pour le plein-emploi. Il suggère une ponction des recettes de l'Unédic, qui irait de 2 à 4 milliards d'euros par an de 2023 à 2026. Ces fonds serviraient principalement à l'apprentissage, afin de favoriser la création de nouveaux emplois et de lutter contre le chômage. L'exécutif a toujours pour objectif d'atteindre un taux de chômage à 5% d'ici 2027, contre 7,1% actuellement. Mais l'Unédic a d'autres missions : l'organisme est appelé à augmenter sa contribution à Pôle emploi, futur France Travail, principal opérateur du réseau éponyme. Cette contribution pourrait atteindre entre 12% et 13% des recettes de l'Unédic en 2026. Cela pourrait dégager entre 500 millions à un milliard de plus que ce qui est anticipé à ce stade.
Excédents prévus de l'Unédic : un contexte favorable
Face à cette proposition du gouvernement, les partenaires sociaux suggèrent une autre utilisation de ces excédents. Ils recommandent de consacrer l'intégralité des fonds disponibles au remboursement de la dette du régime, évaluée à 60,7 milliards d'euros à la fin de 2022. Le gouvernement n'a rien contre boucher le trou de la dette, mais il veut aussi pouvoir financer le plein-emploi. Ces discussions s'inscrivent dans un contexte où l'Unédic prévoit des excédents d'une ampleur inédite pour les prochaines années. Grâce à une embellie de l'emploi et de la masse salariale, ainsi qu'à une baisse du chômage indemnisé, l'Unédic pourrait dégager des soldes historiques, atteignant plus de 18 milliards d'euros d'ici 2025 (4,4 milliards d'euros en 2023, puis 5,4 et 8,7 milliards les deux années suivantes).
Financer le plein emploi
Cependant, ces prévisions dépendent de la stabilité du marché du travail. Si elles se confirment, la dette de l'Unédic pourrait être réduite de près de moitié d'ici 2026, pour atteindre environ 30 milliards, selon les projections de Matignon. Cette perspective et les demandes du gouvernement ne sont pas sans susciter des critiques. La CGT a notamment qualifié cette approche de « hold-up », et des discussions entre syndicats sont prévues pour décider d'une action concertée.