On les trouve partout. Les LED éclairent nos rues, nos salons, nos parkings, nos bureaux. Louées pour leur sobriété énergétique et leur longévité, elles séduisent particuliers comme collectivités. Mais derrière la promesse d’économies substantielles, que reste-t-il une fois la lumière tamisée ?
LED : le mirage économique de l’éclairage ?
Depuis le 27 février 2023, date à laquelle l’interdiction de commercialisation des ampoules halogènes a été élargie aux ampoules fluocompactes, les LED sont devenues la norme incontournable dans le monde de l’éclairage. Ces « light-emitting diodes », autrement dit diodes électroluminescentes, sont désormais partout. L’efficacité énergétique des LED est indéniable, mais leur installation généralisée suscite autant d’enthousiasme que de doutes. Une question persiste : les LED sont-elles réellement économiques, ou est-ce une lumière qui aveugle les bilans ?
LED : fonctionnement et promesse d’efficacité économique
Les LED n’émettent pas de lumière en chauffant un filament, comme les ampoules incandescentes d’antan. Elles fonctionnent par électroluminescence : lorsqu’un courant électrique traverse un semi-conducteur, celui-ci libère des photons. Résultat ? Une production de lumière immédiate, sans chaleur excessive.
Mais l’argument massue reste leur efficacité. Une LED consomme environ six à sept fois moins qu’une ampoule incandescente classique pour une luminosité équivalente. À puissance équivalente, elle restitue bien plus de lumens – l’unité de mesure du flux lumineux. La durée de vie annoncée ? Jusqu’à 25 000 à 30 000 heures en théorie, soit une dizaine d’années en usage domestique courant. Cependant, selon l’UFC-Que Choisir, ces promesses sont à prendre avec des pincettes : « la durée de vie est souvent surestimée par les fabricants ».
Dans les logements, passer à 100 % LED pourrait réduire la part de l’éclairage dans la facture d’électricité de 12 % à 8 %, selon l’analyse publiée par RMC/BFMTV le 17 octobre 2024. Cela représenterait jusqu’à 150 euros d’économie par an, une fois les coûts d’achat amortis. Mais faut-il encore avoir remplacé tout le parc, et choisi les bonnes puissances (exprimées en lumens) et températures de couleur (en kelvins).
LED et collectivités : une économie d’envergure ou une course aux subventions ?
Dans le secteur public, l’éclairage pèse lourd : 37 % de la facture d’électricité des collectivités, selon un rapport du ministère de la Transition écologique daté de février 2024. Avec près de 9,5 millions de points lumineux recensés en France en 2015, le chantier est colossal. Et pourtant, 40 % des luminaires ont plus de 25 ans.
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) estime le gisement d’économies à 5,6 térawattheures. C’est dans cette optique qu’un Fonds vert, doté de subventions ciblées, a vu le jour. Objectif : transformer au moins 20 % du parc des communes bénéficiaires, avec une exigence de réduction de 50 % de la consommation énergétique annuelle.
Mais au-delà des chiffres, qu’en est-il de la réalité de terrain ? À Sancerre, dans le Cher, l’éclairage LED a permis de réduire de 70 % la facture énergétique, selon La Gazette des Communes. Louin, dans les Deux-Sèvres, a observé une baisse de 30 % en choisissant des lampes sodium haute pression, mais 70 % avec les LED, tout en évitant 1,3 tonne de CO₂ émise par an.
LED : économies, oui, mais pas sans contrepartie
Derrière l’efficacité énergétique, les LED ne sont pas sans défauts. Leur installation nécessite souvent un diagnostic complet du réseau, notamment pour les supports anciens. Le driver, composant indispensable à leur fonctionnement, est sensible aux perturbations et aux surtensions.
Le coût de la maintenance est certes réduit : 12 euros TTC par an pour un luminaire LED, contre 30 euros pour une lampe sodium haute pression, mais ce chiffre n’inclut pas les réparations imprévues. De plus, les chantiers sont souvent plus complexes à préparer, ce qui génère des coûts cachés.
Et que dire de l’environnement ? Les LED peuvent, si mal choisies, nuire à la biodiversité en raison de leur lumière bleue, nocive pour les insectes et perturbante pour les écosystèmes nocturnes. L’arrêté du 27 décembre 2018 impose donc des limites : température de couleur maximale de 2 700 K en zone urbaine, et 2 400 K dans les espaces protégés.