Environ 20 milliards d’euros par an : tel est, selon la direction du Trésor public, le coût social et économique du surpoids en France. Associé à de nombreuses maladies, la surcharge pondérale grève non seulement les dépenses de santé, mais pénalise également la production et la croissance. Une réalité méconnue.
Le « vrai coût » de la surcharge pondérale en France
Le surpoids est préjudiciable non seulement pour la santé et pour le bien‑être des individus, mais aussi pour les finances publiques. Et ce, pour deux raisons essentielles : d’abord, les personnes en surcharge pondérale sont nombreuses (au sein des pays de l’OCDE, près d’un habitant sur deux est en surpoids et près d’un quart est obèse – un sur cinq en France) ; ensuite parce que le surpoids est associé à de nombreuses maladies chroniques, qui pèsent lourdement sur les dépenses de santé : diabète, maladies cardiovasculaires, hypertension artérielle, maladies du foie (stéatohépatite non-alcoolique ou NASH) ou du rein, maladies respiratoires (notamment l’apnée du sommeil), cancers, problèmes articulaires… Un contexte qui provoque aussi des pertes de production au niveau national, en créant de l'absentéisme pour raisons médicales ou même en excluant certaines personnes du marché du travail du fait de leur handicap.
3% du PIB en moyenne dans les pays développés
Selon un rapport du cabinet de conseil McKinsey, l’obésité coûte, à l’échelle du Globe, plus de 2.000 milliards de dollars par an et ampute la croissance mondiale de 2,8 points de PIB. Elle grève d’abord les dépenses de santé : selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), citée dans ce rapport, elle est à l’origine de 2 % à 7 % de ces dépenses. Cela représente par exemple 150 à 200 milliards de dollars par an (7 %) aux Etats-Unis. Davantage touchées par de nombreuses maladies secondaires, les personnes obèses coûtent en effet 24 % plus cher à l’assurance-maladie qu’une personne de poids normal. Mais l’obésité fait également chuter la productivité des salariés, selon McKinsey. Les problèmes de santé liés à ce fléau (fatigue, manque de concentration, arthrite, dépression, etc.) occasionnent par exemple une perte de productivité dans l’entreprise de l’ordre de 7 milliards de dollars au Royaume-Uni, dont 2 milliards liés à l’absentéisme.
Selon un rapport de l’OCDE, les coûts sanitaires, sociaux et économiques engendrés par la surcharge pondérale représentent en moyenne 3,3 % du PIB des pays développés – 52 pays, membres de l’OCDE, de l’Union européenne ou du G20, étudiés par les auteurs de ce rapport. Le surpoids pèse d’abord sur les ressources budgétaires des systèmes de santé en raison du coût exorbitant induit par les maladies associées. En moyenne, l’OCDE attribue en effet au surpoids 70 % de l’ensemble des dépenses de soins liées au diabète, 23 % de celles liées aux maladies cardiovasculaires et 9 % de celles liées au cancer. Au total, les dépenses liées à la surcharge pondérale absorbent en moyenne 8,4 % des budgets santé de ces pays (14 % aux États-Unis, 11 % en Allemagne, 4,9 % en France). Les soins dispensés aux personnes en surpoids représentent en moyenne plus de 200 dollars par habitant et par an dans les pays de l’OCDE (645 dollars aux Etats-Unis, 411 dollars en Allemagne, 148 dollars en France).
D’ici 2050, l’organisation internationale estime que le traitement des maladies liées au surpoids équivaudra à un total 425 milliards de dollars chaque année dans les 52 pays étudiés. Outre son impact significatif sur les dépenses de santé, le surpoids réduit également la production sur le marché du travail – de 671.000 équivalents temps plein par an en France. « Au total, l’excès de poids réduit le PIB français de 2,7 % », selon les auteurs du rapport. Pour couvrir ces coûts, chaque Français paie d’ailleurs 323 euros de taxes supplémentaires par an, a calculé l’OCDE.
Un coût de 20 milliards d’euros en France
Une étude de la direction du Trésor public a, de son côté, chiffré le coût total de la surcharge pondérale en France à 20 milliards d’euros par an – en incluant à la fois les coûts de santé et les impacts sur le marché du travail. Un montant « comparable à celui de l’alcool et du tabac » selon les auteurs de cette étude – le coût par individu concerné est largement inférieur à celui par personne alcoolique ou par fumeur, mais bien plus d’individus sont concernés par la surcharge pondérale.
Le calcul du Trésor prend en compte non seulement les dépenses de santé, mais aussi les conséquences sur l’activité économique, comme les pertes de production liées à l’obésité. Il tient également compte du fait – certes cynique mais réel – que la mortalité plus précoce des personnes en surpoids entraîne pour partie des économies, liées au non-versement de pensions de retraite par exemple.
Les surcoûts pour l’assurance-maladie et les indemnités journalières (13,4 milliards d’euros, dont 5,6 milliards pour les soins de villes, 7,0 milliards pour l’hôpital et 800 millions pour les indemnités journalières), ainsi que les pertes de production (7,1 milliards), liées à l’absentéisme au travail voire à l’exclusion du marché de l’emploi pour obésité, arrivent en tête, devant les pensions d’invalidité (3,6 milliards).
« Alors qu’elles représentent un peu moins de la moitié de la population, les personnes obèses ou en surpoids contribuent à une part plus élevée des dépenses de santé (56 % pour les soins de ville et probablement davantage à l’hôpital) », indique l’étude du Trésor. Par individu, le coût social est de 1.300 euros par an pour les personnes obèses et de 360 euros pour les personnes en surpoids. Il atteint 660 euros, en moyenne, pour les personnes obèses ou en surpoids.
Traiter le problème en amont
« La surcharge pondérale entraîne deux types de coûts, les coûts « directs » et « indirects ». Les coûts directs font référence aux examens cliniques remboursés par la sécurité sociale (bilans sanguins, IRM, scanners, etc.), les médicaments et les appareillages médicaux (pompe à insuline, masque contre l’apnée du sommeil, etc.), tandis que la baisse de productivité au travail et l’absentéisme, par exemple, sont des coûts indirects dont l’impact sociétal est aussi extrêmement fort », résume Rémy Legrand, concepteur de la méthode RNPC. Un programme de perte de poids médicalisé, dont l’efficacité a été prouvée par des études cliniques indépendantes, et qui a déjà permis de prendre en charge, en relation avec leur médecin traitant, quelque 100.000 patients en surcharge pondérale.
Cette démarche rencontre un vrai succès auprès du corps médical comme l’a montré le 3e Congrès RNPC qui a accueilli des chercheurs et praticiens de renommée internationale dans des spécialités aussi variées que la lutte contre le diabète (Professeur Mike Lean), l’obésité (Professeurs Susan Jebb et Arne Astrup), la NASH (Professeurs Charlotte Costentin et Lawrence Serfaty, Docteur Patrick Delasalle) ou encore les problèmes de sommeil (Dr Marc Sapène). L’interdisciplinarité avec au cœur de la démarche le tandem médecin traitant-diététicien fait de la méthode RNPC une solution efficace avec une perte moyenne stabilisée de 17 % du poids de départ au bout de huit à neuf mois. Une performance salutaire quand les études montrent qu’une simple perte de poids de 10 % à 15 % permet la rémission de nombreuses pathologies.
Développer la prévention, améliorer l’efficacité des taxes nutritionnelles, lancer des campagnes de prévention plus ciblées, limiter voire interdire les publicités destinées aux enfants vantant des produits dont l’excès de consommation peut nuire à la santé… Diverses pistes sont lancées pour réduire ces coûts engendrés par le nombre croissant de personnes en surpoids. « L’organisation d’un suivi intensif des personnes obèses par des professionnels de santé semble très prometteuse », souligne également l’étude du Trésor. Une approche à généraliser pour le plus grand bénéfice de la santé et des finances publiques.