Dans un monde hyperconnecté, où les cybermenaces ne cessent de croître, la formation en cybersécurité est devenue cruciale. Cependant, un aspect fondamental de cette formation est souvent négligé : le langage. Alors que plus de 6 500 langues sont parlées à travers le globe, l’anglais reste la langue dominante des affaires et de la science, notamment dans le domaine de la cybersécurité. Mais cette domination de l’anglais pose-t-elle des problèmes dans un environnement professionnel multilingue ? Absolument.
Langue et cybersécurité : au-delà des mots, l’impact sur la perception du risque
Le langage, plus qu’un outil de communication
Le langage n’est pas seulement un vecteur de communication. Il façonne notre perception du risque, influence nos décisions et établit des dynamiques de pouvoir au sein des entreprises. Dans le cadre de la cybersécurité, ces éléments sont critiques. Lorsqu’un employé est formé dans une langue qui n'est pas sa langue maternelle, sa capacité à réagir face à une menace, à évaluer correctement le risque ou même à communiquer efficacement peut être altérée.
Des études montrent que prendre des décisions dans une langue étrangère réduit l’impact émotionnel et peut modifier la perception du risque. Cela signifie que dans certaines situations, les employés pourraient prendre des décisions plus rationnelles – ou au contraire, plus risquées – simplement parce que le message est délivré dans une langue qui n’est pas la leur.
La formation en cybersécurité : localiser, pas seulement traduire
De nombreuses entreprises traduisent leurs supports de formation en cybersécurité, mais cela ne suffit pas. Il ne s’agit pas simplement de traduire les mots, mais d’adapter le contenu aux réalités culturelles et linguistiques locales, autrement dit, de le localiser. Une campagne de sensibilisation conçue pour un public anglophone n’aura pas le même impact dans un environnement francophone, ou dans un pays où la langue maternelle est le mandarin. Un phishing en anglais, par exemple, sera perçu différemment d’un phishing en français ou en espagnol. La formation doit tenir compte de ces nuances linguistiques et culturelles pour être vraiment efficace.
Dépasser la barrière linguistique pour améliorer la réaction aux cybermenaces
La plupart des grandes entreprises travaillent aujourd'hui dans des environnements multilingues où l’anglais est souvent la langue des affaires, mais où les employés utilisent leur langue maternelle au quotidien. Cette dualité peut engendrer des incompréhensions subtiles qui affectent la prise de décision, en particulier face à des menaces cybernétiques qui nécessitent une réaction rapide et appropriée.
Ainsi, former ses employés dans une langue étrangère peut créer une déconnexion émotionnelle : les employés sont moins susceptibles de percevoir la gravité d’un incident de sécurité, ce qui pourrait mener à des réponses inadéquates. Il est donc essentiel d’adapter les formations à la langue maternelle des employés et d’utiliser des scénarios réalistes qui touchent leur sensibilité culturelle et linguistique.
Vers une compétence communicationnelle globale
Pour qu’un programme de sensibilisation à la cybersécurité réussisse, il doit être soutenu par la direction. C'est là qu’intervient l’importance de ce que j’appelle la compétence communicationnelle globale. Les dirigeants doivent non seulement comprendre les enjeux de la cybersécurité, mais aussi s'assurer que l'ensemble de l'organisation partage un langage commun. Ce langage ne se limite pas à des termes techniques ; il s'agit de créer une culture de la cybersécurité où chacun, quel que soit son niveau de maîtrise linguistique, peut comprendre, réagir et prévenir les menaces.
En résumé, une formation en cybersécurité ne peut se limiter à des traductions simplistes. Elle doit prendre en compte les réalités linguistiques et culturelles des employés pour maximiser son efficacité. C’est en localisant les contenus de formation et en développant une compétence communicationnelle partagée que les entreprises pourront véritablement faire de la cybersécurité une priorité collective, et ainsi, mieux se protéger contre les cybermenaces.