Un récent rapport de l'entreprise finres met en lumière les défis auxquels est confrontée l'agriculture française, en particulier la culture du blé, en raison des dérèglements climatiques. Ce document, intitulé « La nouvelle normalité : l'agriculture française à l’ère des extrêmes climatiques », nous interpelle sur les conséquences des événements météorologiques extrêmes et souligne l'urgence pour le secteur de s'adapter. Selon les conclusions de l'étude, chaque euro investi dans des mesures d'adaptation pourrait rapporter environ 1,4 euro à court terme.
Une saison agricole marquée par des conditions extrêmes
La saison 2024 a été marquée par des précipitations anormalement élevées, dépassant de 45 % les niveaux historiques de 1991 à 2020. Cette surabondance d'eau a eu des répercussions sévères sur la production de blé, entraînant une baisse de rendement pouvant atteindre 26 % par rapport aux cinq dernières années. Florent Baarsch, CEO de finres, affirme que « la campagne 2024 est un signal d’alarme : il y a urgence à ce que les agriculteurs bénéficient du soutien dont ils ont besoin pour faire face à des conditions météorologiques de plus en plus extrêmes ».
Les projections ne sont guère encourageantes. L'analyse prédictive révèle qu'une augmentation de 20 % à 30 % de la fréquence des épisodes de précipitations excessives est à prévoir d'ici 2050. Cette situation ne se limite pas à des années humides ; des périodes de chaleur extrême, comme celles observées en 2003 et 2020, pourraient devenir plus fréquentes, augmentant ainsi l'incertitude liée aux rendements agricoles.
Les enjeux économiques de l’adaptation
L'étude de finres souligne que les mesures d'adaptation ne sont pas seulement essentielles pour la survie des agriculteurs, mais qu'elles sont également stratégiques pour l’économie nationale. En effet, les pratiques résilientes au changement climatique pourraient permettre de générer un bénéfice économique allant jusqu'à 1,9 milliards d'euros par an sur la période 2025-2044. Cela représente une opportunité non négligeable, surtout par rapport aux investissements estimés à 1,4 milliard d'euros annuels nécessaires à leur mise en œuvre.
Parmi les initiatives recommandées, l'amélioration des systèmes de drainage est mise en avant. Ce type d'investissement pourrait réduire de plus de 50 % les pertes dues aux événements climatiques extrêmes. Ainsi, la mise en œuvre de ces mesures pourrait permettre à la France d'assurer une certaine sécurité alimentaire et de renforcer la résilience de son agriculture face à des enjeux climatiques croissants.
Outils et soutien pour les agriculteurs
Pour accompagner les agriculteurs dans cette transformation nécessaire, finres a lancé la plateforme AgHorizon. Cette application offre des prévisions climatiques adaptées et des recommandations spécifiques basées sur les caractéristiques de chaque exploitation. Les agriculteurs peuvent y consulter des données sur les aléas climatiques potentiels et les meilleures pratiques d’adaptation à mettre en œuvre pour améliorer leur résilience.
Romuald Carrouge, un agriculteur de la Marne, témoigne de la gravité de la situation : « En céréales, les rendements sont mauvais cette année. La tendance semble malheureusement se poursuivre ». Dans ce contexte, il est crucial d’élever le niveau d’information et d’accès aux technologies pour permettre aux exploitants de naviguer ces défis. Grâce à son partenariat avec les Jeunes Agriculteurs, finres espère continuellement enrichir AgHorizon avec des retours d'expérience pratiques du terrain.
Pour conclure, la nécessité d'adaptation du secteur agricole français face aux bouleversements climatiques est non seulement un impératif économique mais également une question de sécurité alimentaire nationale. Le cadre de soutien, tant financier que technologique, doit être renforcé pour accompagner les agriculteurs dans cette transition indispensable.