La Hongrie sanctionnée par l’UE : quelles leçons pour la France ?

La décision de l’Union européenne de priver la Hongrie d’une partie de ses fonds fait grand bruit. Cette sanction pourrait-elle un jour frapper d’autres pays, comme la France ?

Ade Costume Droit
Par Adelaïde Motte Publié le 2 janvier 2025 à 17h00
Hongrie
La Hongrie sanctionnée par l’UE : quelles leçons pour la France ? - © Economie Matin

Depuis le 1er janvier 2025, la Hongrie a perdu définitivement un milliard d’euros de subventions européennes, un coup dur pour son économie et un signal fort envoyé par Bruxelles.

Ce que reproche l’Union européenne à la Hongrie

L’Union européenne accuse le gouvernement hongrois, dirigé par Viktor Orbán, de manquements aux principes démocratiques et à la transparence financière. Plusieurs points sont mis en avant par la Commission européenne. Les appels d’offres publics en Hongrie présentent certaines irrégularités, avec un taux estimé à 30 % contre une moyenne européenne beaucoup plus faible.

Bruxelles dénonce également des atteintes à la liberté académique, au droit des minorités et à l’indépendance de la justice. Or, malgré plusieurs avertissements, la Hongrie n’a pas mis en place les mesures nécessaires pour garantir une utilisation transparente des fonds européens. Cette situation a conduit au gel de près de 19 milliards d’euros de subventions, dont une partie vient d’être définitivement annulée.

Cette sanction pourrait-elle frapper la France ?

Les règles de l’Union européenne s’appliquent à tous ses membres, y compris la France. Si un pays viole gravement les principes démocratiques ou la bonne gestion des fonds européens, il pourrait théoriquement faire face à des sanctions similaires. Cependant, la France est régulièrement auditée par l’UE et n’a pas été pointée pour des problèmes de corruption significatifs dans l’utilisation des subventions.

Par ailleurs, la France maintient un système judiciaire indépendant et respecte les droits fondamentaux, même si certaines lois ou politiques peuvent être débattues. Cela dit, des tensions sur d’autres dossiers, comme la dette publique ou des désaccords sur les politiques migratoires, pourraient entraîner des blocages financiers ou politiques, bien que ces scénarios restent hypothétiques.

Quelles conséquences pour les consommateurs européens ?

Les sanctions financières imposées à la Hongrie mettent en lumière l’impact concret des fonds européens sur les citoyens. Les fonds européens financent une grande partie des projets d’infrastructures. Sans ces aides, des travaux comme la rénovation des lignes ferroviaires ou le développement des énergies renouvelables pourraient être retardés, voire annulés.

Une grande partie de la Politique Agricole Commune (PAC) est également financée par l’UE. En cas de sanctions, les subventions aux agriculteurs français pourraient être réduites, entraînant une hausse des coûts de production et potentiellement des prix alimentaires. En Hongrie, le secteur agricole représente plus de 40 % des fonds européens perçus. Si les subventions aux agriculteurs ou aux entreprises sont réduites, les coûts pourraient être répercutés sur les consommateurs, entraînant une hausse des prix des produits alimentaires ou des services.

Enfin, les programmes européens, comme Erasmus ou Horizon Europe, dépendent directement des subventions communautaires. Un gel de ces fonds limiterait les opportunités pour les étudiants et les chercheurs.

Les subventions européennes perçues par la France

La France est l’un des principaux contributeurs au budget de l’Union européenne, mais elle est également l’un des bénéficiaires importants des subventions communautaires. Comprendre cet équilibre permet de mieux saisir les enjeux liés à une éventuelle suspension de ces fonds, comme cela a été décidé pour la Hongrie.

En 2024, la contribution nette de la France au budget européen était estimée à environ 24 milliards d’euros, faisant du pays l’un des plus grands contributeurs, derrière l’Allemagne. En retour, la France perçoit chaque année environ 16 milliards d’euros de subventions européennes, réparties entre plusieurs programmes :

Secteurs financés Montant annuel moyen perçu (en milliards d’euros)
Politique Agricole Commune (PAC) 9,5
Développement régional 3,5
Recherche et innovation 2,0
Programmes éducatifs et sociaux 1,0

Malgré ces subventions importantes, la France reste un contributeur net au budget européen, avec un solde négatif d’environ 8 milliards d’euros par an. Ce solde reflète la solidarité financière au sein de l’Union, où les pays les plus riches contribuent davantage pour soutenir les États moins développés.

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Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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