Jack Daniel’s et Harley Davidson ne veulent plus de l’équité en entreprise

Le 21 août 2024, deux entreprises emblématiques, Jack Daniel’s et Harley-Davidson, ont annoncé la fin de leurs initiatives en faveur de la diversité, de l’équité et de l’inclusion (DEI). Ces décisions, largement influencées par des pressions conservatrices, suscitent de vives critiques et soulèvent des questions sur l’avenir des politiques inclusives dans le monde des affaires.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 23 août 2024 à 9h27
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19%Les entreprises avec des équipes diversifiées générent 19% de revenus supplémentaires

Jack Daniel's : une stratégie en mutation sous pression

Jack Daniel's, propriété de Brown-Forman, a annoncé fin août 2024 abandonner ses programmes DEI, une décision motivée par une évolution de son environnement commercial et juridique aux États-Unis. Lancées en 2019, ces initiatives visaient à promouvoir la diversité au sein de l'entreprise, notamment à travers des politiques d'embauche favorisant les minorités et la participation à l'Index d'égalité des entreprises de la Human Rights Campaign. Cependant, dans un courriel interne, Brown-Forman a indiqué que la situation avait changé, nécessitant une révision de sa stratégie pour aligner ses objectifs sur les résultats commerciaux plutôt que sur des considérations de diversité.

Cette décision intervient dans un contexte où l'histoire complexe de Jack Daniel's avec les questions raciales a été mise en lumière, notamment grâce aux recherches de Fawn Weaver, fondatrice d'Uncle Nearest. Fawn Weaver a dévoilé le rôle joué par Nathan "Nearest" Green, un ancien esclave, dans l'élaboration des techniques de distillation utilisées par Jack Daniel's. Ce retour en arrière sur les initiatives DEI est perçu par beaucoup comme un geste régressif, effaçant les progrès réalisés ces dernières années pour reconnaître et honorer l'histoire de l'entreprise.

Harley-Davidson : l'abandon des politiques de diversité sous la pression conservatrice

Harley-Davidson, autre icône américaine, a suivi une trajectoire similaire en mettant fin à ses programmes de diversité, d'égalité et d'inclusion sous la pression de militants conservateurs. L'entreprise, basée à Milwaukee, a notamment cessé de collaborer avec des fournisseurs appartenant à des minorités et a supprimé les formations sociales pour ses employés. De plus, le poste de responsable des questions DEI n'est plus pourvu depuis avril 2024.

Cette décision s'inscrit dans un mouvement plus large orchestré par des figures comme Robby Starbuck, un militant conservateur qui a mené des campagnes contre ce qu'il considère comme des entreprises "woke" alors que le wokisme n’existe pas et qu’il n’est qu’un terme utilisé par l’extrême-droite pour faire reculer les droits des minorités.

Pour ces militants « anti-woke », les politiques DEI représentent un engagement superficiel et une menace pour les valeurs traditionnelles américaines. Harley-Davidson, tout en exprimant son regret face aux critiques divisant sa communauté, a néanmoins cédé à cette pression, abandonnant ainsi des initiatives qui visaient à rendre l'entreprise plus inclusive.

La diversité menacée aux États-Unis

L'abandon des politiques DEI par Jack Daniel's et Harley-Davidson marque un recul significatif dans la promotion de l'inclusivité au sein des entreprises. Ces décisions sont symptomatiques d'un climat social de plus en plus polarisé aux États-Unis, où les questions de diversité deviennent un terrain de bataille idéologique.

Les programmes DEI jouent un rôle majeur dans la création d'environnements de travail plus équitables, en offrant des opportunités aux groupes historiquement marginalisés. Leur suppression risque de renforcer les inégalités existantes et d'envoyer un message négatif quant à l'engagement de ces entreprises envers la justice sociale. De plus, ces décisions pourraient nuire à l'image de marque de Jack Daniel's et Harley-Davidson, notamment auprès des jeunes générations et des consommateurs progressistes, qui accordent une importance croissante aux valeurs éthiques des entreprises.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

2 commentaires on «Jack Daniel’s et Harley Davidson ne veulent plus de l’équité en entreprise»

  • Ou sont passés la neutralité journalistique ainsi que les sources? Notamment pour les 19% susmentionnés – je supute qu’il s’agit de l’étude de BCG cité partout comme un blanc-seing dans les médias(car cela conforte bien des fantasmes y compris les votres). En s’y penchant plus vous verrez bien que la part d’apport de diversité ethnique ou sexuelle ou de genre qui vous intéressent sont loin d’être les seuls critères, il y a aussi et surtout la diversité de profil (type de carrière) et d’industries qui sont eux la réel diversité enrichissante économiquement parlant.

    L’article n’est qu’une suite de poncifs portés en étendard par le nouveau journalisme biaisé qui rêve de justice sociale du haut de son confort préservé et déconnecté des réalités qu’il prétend défendre par signalement de vertue. La ou je suis d’accord avec vous c’est que le terme wokisme est galvaudé, il faudrait plus précisement nommer ces mouvements de « gauchisme ».

    Au plaisir de ne plus vous lire et de me tourner vers du véritable journalisme d’économie et non d’un ersatz bon marché de libération ou médiapart.

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  • Bien d’accord avec le commentaire précédent.
    Une entreprise n’a que faire du wokisme pour fonctionner correctement.
    Quant à la pseudo pression des nouvelles générations il n’est qu’à regarder les ventes de Nike et consorts pour relativiser votre propos ideologisé

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