Internet, streaming : la consommation d’énergie et la pollution explosent

Le 8 octobre 2024, l’Arcom, en partenariat avec l’Arcep et l’ADEME, a publié une étude qui met en lumière l’impact environnemental préoccupant des usages audiovisuels en France. Elle souligne que la consommation énergétique liée aux plateformes de streaming, telles que Netflix ou Spotify, ainsi que la télévision traditionnelle, est responsable d’une part de plus en plus importante de l’empreinte carbone nationale.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 9 octobre 2024 à 6h57
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infrasttructure, numérique, souveraineté, europe, france, indépendance, données, cloud - © Economie Matin
20%Les Français affectent désormais 20 % de leur budget au règlement des factures d'énergie.

Les perspectives à l’horizon 2030 sont inquiétantes, avec une possible augmentation de l'empreinte carbone du numérique de 30% en l'absence de mesures correctives.

Consommation énergétique : le numérique pèse lourd

Le secteur audiovisuel en France représente aujourd'hui environ 5,6 millions de tonnes de CO2 équivalent (MtCO2eq) en 2022, soit l’équivalent de quatre millions de véhicules en circulation. Soit environ 33% de l'empreinte carbone globale du numérique en France et 0,9% de l'empreinte carbone totale nationale.

Les terminaux de diffusion, notamment les téléviseurs et les smartphones, sont au cœur de cette consommation. Les télévisions, dont la taille des écrans ne cesse d’augmenter, consomment une grande quantité d’énergie et « génèrent l’essentiel des impacts environnementaux (entre 72 % et 90 % selon les indicateurs : impact carbone, ressources minérales et métalliques ou consommation d’énergie finale), suivis des réseaux (entre 9 % et 26 %) et des centres de données (entre 1 % et 3 %) », selon l’Arcom. De plus, le recours au réseau mobile pour le streaming vidéo sur smartphones amplifie cette consommation. À titre de comparaison, écouter la radio FM sur un poste traditionnel consomme jusqu'à six fois moins d'énergie que le streaming audio via un smartphone connecté en 4G ou 5G.

Vers une empreinte carbone de plus en plus élevée en 2030 : trois scénarios envisagés

L’étude de l’Arcom, de l’Arcep et de l’ADEME propose trois scénarios pour l’évolution de l’impact environnemental de l’audiovisuel d’ici 2030 :

1. Le scénario tendanciel : sans action spécifique pour freiner la consommation énergétique, l’empreinte carbone des usages audiovisuels pourrait augmenter de 30% d’ici 2030. Ce scénario repose sur la poursuite des tendances actuelles, avec une croissance continue de la consommation de services de VOD et de streaming.

2. Le scénario écoconception : il prévoit la mise en place de mesures d’écoconception visant à optimiser les appareils et réduire leur consommation, sans pour autant influer sur les comportements d’usage des consommateurs. Cette hypothèse pourrait permettre une diminution de l’empreinte carbone de 6%.

3. Le scénario sobriété : le plus ambitieux, il repose sur une adoption généralisée de pratiques plus sobres, comme la réduction du temps passé devant les écrans et l’optimisation du poids des contenus numériques. De quoi réduire l’empreinte carbone du numérique en France de près d’un tiers.

Les deux derniers scénarios nécessitent des actions concertées de la part des utilisateurs, des entreprises et des pouvoirs publics, pour espérer réduire significativement l’impact environnemental de ce secteur.

La consommation énergétique des terminaux en question

Selon l’étude, 72% à 90% des impacts environnementaux du secteur audiovisuel proviennent de la fabrication des terminaux (téléviseurs, smartphones, ordinateurs, tablettes). À cela s’ajoute la consommation électrique de ces appareils, notamment ceux de grande taille comme les télévisions. Le réseau et les centres de données, qui supportent la diffusion des contenus, représentent respectivement entre 9% et 26%, et entre 1% et 3% des impacts environnementaux.

La télévision linéaire s'avère moins énergivore que la VOD et les services de streaming lorsqu'on compare un usage équivalent sur un même appareil. La télévision linéaire via la TNT consomme environ deux fois moins que la vidéo à la demande sur Smart TV via un réseau domestique.

Faut-il une législation plus stricte sur la consommation énergétique du numérique ?

L’Arcom et l’Ademe régulateurs soulignent l’importance d’encourager des pratiques de sobriété numérique. Parmi les solutions envisagées, on retrouve la promotion de l’écoconception des terminaux, le blocage des fonctions de lecture automatique des vidéos, et l’amélioration de la durabilité des équipements pour prolonger leur durée de vie. Des mesures comme la désactivation du défilement infini sur les plateformes de streaming pourraient également aider à réduire la consommation énergétique des utilisateurs.

Cependant, la mise en œuvre de telles mesures se heurte aux intérêts économiques des grandes entreprises du secteur. Les plateformes ont tout intérêt à ce que les utilisateurs consomment toujours plus de contenu, et le renouvellement fréquent des équipements numériques reste une source de profit. Pour l’Arcom et ses partenaires, une législation plus contraignante pourrait donc s’avérer nécessaire pour parvenir à une réelle transition écologique dans ce domaine. Reste qu’il y a urgence à agir pour éviter une augmentation de l’impact carbone des usages audiovisuels en France d’ici la fin de la décennie.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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