Les conditions de l’avènement du numérique
La covid a contribué de l’avènement de ce nouveau monde, celui du tout numérique. Apple, Amazon, Google, Microsoft et Facebook ont été les grands gagnants économiques de la crise sanitaire mondiale. Ces entreprises ont réalisé un bénéfice cumulé de 75 milliards de dollars au cours du deuxième trimestre 2021, pratiquement 90% de plus que l’année précédente !
Excusez-moi pour ce qui pourrait presque apparaître comme un accès de cynisme, mais ce sont les infirmières, les aides-soignantes, les caissières que nous avons applaudies et à qui ont a promis une amélioration de leur salaire et ce sont les principales entreprises du numérique qui ont fait la culbute dans leurs résultats économiques.
La raison en est simple et je n’ai pas besoin de faire de grands dessins pour l’expliquer, nous avons travaillé, étudié, nous avons consommé, nous nous sommes divertis en ligne. La gestion de la crise sanitaire elle-même s’est faite en partie sur nos ordinateurs : pass sanitaires, autorisations de sortie...
Et si la crise est partiellement derrière nous, il n’empêche que les résultats records de ces grandes multinationales sont devant elles et que ceux-ci ne vont pas s’étioler de sitôt !
Le XXIe siècle sera de toute évidence numérique avec le développement du télétravail, de la télémédecine, du télé-enseignement... Tout le monde a dû s’y mettre et ce qui relevait d’une adaptation contrainte et forcée dans un cas de force majeure, une crise sanitaire mondiale, s’est immiscé durablement dans nos vies. En l’espace de ces quelques longs mois de confinement, nous sommes devenus une population de geeks en puissance.
Ce qui est embêtant au-delà des bénéfices de ces quelques multinationales qu’on peut juger indécents, (ils n’y sont pour rien dans la covid, mais on ne peut s’empêcher de voir qu’ils ont fait leurs choux gras d’un épidémie ayant tué des millions d’individus...), c’est aussi que notre vie commune soit en partie organisée, à travers les GAFAM, par le secteur privé et soumis aux lois du marché et de la concurrence avec tout ce que cela sous-tend comme dépendance à des acteurs privés pour des secteurs comme ceux de la communication, de la santé, de l’enseignement, de la médecine...
Demain, quoi d’autre que le web et les réseaux sociaux pour construire du lien social ! On peut s’en désoler, le déplorer, vouloir combattre les méfaits des réseaux sociaux, mais ils restent et de loin le premier moyen de communication entre individus et je ne vois pas très bien comment nous pourrions faire machine arrière !
Quoi d’autre, en cas de crise, pour mobiliser, informer, prévenir... Les États ont vite compris qu’ils ne pouvaient faire sans le numérique et je doute même qu’ils se soient posé la question l’espace d’une demi-seconde au moment de la Covid...
Cette victoire du numérique sur le monde a un goût doublement amer, parce qu’elle s’est faite dans la douleur de millions de morts et qu’elle nous laisse entrevoir un univers où des millionnaires sont aux manettes de l’organisation de nos vies sociales... Faut-il s’en inquiéter ?
Sans doute, doit-on au moins s’interroger sur un paradoxe, celui qui a permis à des géants du numérique de faire des résultats exceptionnels au travers des outils, des applications, des plateformes de communication dans une période marquée par le confinement, la distanciation sociale, autrement dit marquée par l’impossibilité de communiquer.
Quel est le terreau fertile au succès des GAFAM ? C’est la vraie question qui, lorsqu’on y aura répondu, nous donnera une petite idée de ce à quoi pourrait ressembler notre monde dans 10 ans, si nous n’y prêtons pas garde.