Nouveaux rapports au travail : et si l’intérim était une solution durable ?

Pour répondre aux transformations sociétales, aux mutations du marché de l’emploi et des modèles managériaux, les services ressources humaines s’adaptent aux nouveaux usages de travail. Et l’intérim a ici une belle carte à jouer.

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Par Jérôme Bard Publié le 23 juin 2023 à 4h00
Interim Travail Emploi Solution Rapport Bard
Nouveaux rapports au travail : et si l’intérim était une solution durable ? - © Economie Matin
2,2%Au premier trimestre 2023 l'emploi dans l'intérim a baissé de 2,2% sur un an.

523 000. C’est le nombre de démissions enregistrées au premier trimestre 2022 par la Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (DARES). Un chiffre substantiel, à défaut d’être inédit. La France serait-elle guettée par la vague de “grande démission” qui traverse depuis trois ans le monde du travail aux États-Unis ? Rien de moins sûr, nous explique l’organisme gouvernemental, rappelant que le taux de démission constitue un indicateur cyclique du marché de l’emploi : à la baisse durant les crises, à la hausse en période de reprise. Bref, si les départs volontaires sont nombreux, c’est en partie parce que le dynamisme du marché du travail a fait basculer le rapport offre-demande en faveur des salariés, qui n’hésitent plus à changer d’entreprise ou de poste sur la base de nouveaux critères.

Il n’empêche, nombre de recherches décrivent un phénomène de retrait des actifs face au modèle traditionnel de l’entreprise. Et le marché de l’emploi n’explique pas tout. Il faudrait être hermétique aux évolutions de la société pour ne pas voir que les représentations professionnelles ont muté. La pandémie, l’explosion des outils numériques, le développement de la société des loisirs, la montée en puissance des revendications individuelles, mais aussi les incertitudes majeures (climat, tensions géopolitiques, inflation en tête) qui pèsent sur nos sociétés et la planère entière ont modifié fondamentalement le rapport à l’entreprise, et par rebond au travail. Les salariés ont à la fois développé une relation plus “consumériste” à l’emploi, des exigences plus marquées quant aux conditions d’exercice d’une mission, et la volonté de mener des activités professionnelles en correspondance avec leurs valeurs personnelles.

Et si l’intérim était une réponse à ces nouvelles attentes ? Loin de l’image de précarité à laquelle il est encore trop souvent associé, le travail temporaire lui aussi a évolué. Il a su adapter son offre pour répondre aux aspirations des salariés comme aux besoins des employeurs.

Au cœur de cette typologie de contrat : la flexibilité. Côté employeur comme côté intérimaire. Et les missions ne manquant pas, c’est désormais le candidat qui prend le pouvoir : rythme et disponibilité, lieu de mission, secteur d’activité, durée… Les 11 000 agences d’emploi en France proposent des missions d’intérim de durées variables, à temps partiel ou complet, de jour comme de nuit, dans tous les domaines d'activité, du candidat sans bagage découvrant un métier au profil très qualifié expert dans son domaine. Il permet à l’intérimaire d'être accompagné et formé dans son projet professionnel, d’accéder à une diversité de missions tout en étant rémunéré par son employeur unique. Parallèlement, il bénéficie de la même convention collective et des mêmes avantages sociaux que le salarié permanent de l’entreprise pour laquelle il est missionné. Avec parfois à la clé le placement en CDI dans la continuité de la mission initiale.

Fort de cette proposition élargie, l’intérim offre aux candidats toute l’agilité à laquelle ils peuvent prétendre dans la réalisation et la gestion de leur parcours professionnel, et aux entreprises utilisatrices la souplesse nécessaire pour compléter leurs équipes en lien direct avec leur carnet de commandes. Mais la notion d’engagement du collaborateur est ici limitée à la seule durée de ladite mission…

À ceux qui souhaitent se réserver l’autonomie et la liberté qu’ils ne pensent pas pouvoir trouver dans les formats contractuels classiques, engageants et lourds, le travail temporaire offre (entre autres) des formules courtes, souples et modulables.

À ceux qui préfèrent éprouver et juger par eux-mêmes les pratiques de responsabilité sociale des employeurs, leur mode de management, la réalité de la qualité de vie au travail, avant de se forger une idée précise de ce à quoi ils aspirent, et, pourquoi pas, avant de s’engager dans la durée, l’intérim crée l’opportunité de tester des environnements multiples, ce qui répond à de nouvelles attentes.

À ceux qui aspirent à acquérir de nouvelles expériences professionnelles, à se former, à construire et booster leur employabilité, les agences d’emploi les accompagnent dans le développement de leurs compétences, à travers l’apprentissage de multiples métiers, tout en favorisant la constitution de leur propre réseau et en dopant leur capacité d’adaptation.

Enfin, pour tous ceux qui, quoi qu’on en dise, voient encore et toujours dans le travail un vecteur essentiel d’émancipation, l’intérim s’inscrit durablement comme  un solide pourvoyeur d’expériences professionnelles.
En le délestant de ses principales lourdeurs contractuelles pour l’entreprise, et des notions d’engagement longue durée pour le collaborateur, il met avant tout le travail au centre de sa promesse.

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Jeromebard

Directeur de la Transformation Digitale du Groupe SOVITRAT (réseau d'agences d'interim)

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