Le 1ᵉʳ novembre marquait le top départ du Mois sans tabac en France. Pour marquer le coup, le 15 novembre, la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, annonçait une mesure radicale : l’interdiction des sachets de nicotine en France. Si celle-ci apparaît à première vue comme une bonne idée, les professionnels de santé ne partagent pas cet avis. Loin s’en faut. Considérée comme contre-productive, cette initiative est vivement critiquée par le Dr William Lowenstein, médecin interniste et addictologue, président de SOS Addictions, dans un communiqué publié le 21 novembre 2024. Ce dernier appelle la ministre à revoir sa position pour le bien de la santé publique.
Interdiction des sachets de nicotine : une fausse-bonne idée alertent les addictologues
Les sachets de nicotine : un atout sous-estimé contre le tabagisme
Les sachets de nicotine, aussi appelés « poches », consommés sans combustion, donc, sont une des solutions alternatives à la cigarette pour réduire les risques liés au tabac. Contrairement aux cigarettes classiques, ils évitent à leurs consommateurs de nombreuses substances cancérigènes comme le goudron, le monoxyde de carbone, le formaldéhyde, le cyanure d'hydrogène, le benzène et le cadmium. Et pour preuve : comme le souligne le communiqué du Dr William Lowenstein, spécialisé en addictologie, et président de SOS Addictions, en Suède, leur commercialisation a permis de diviser par cinq le taux de tabagisme par rapport à la France, ainsi que le nombre de cancers du poumon.
Malgré ces chiffres encourageants, en France, leur interdiction suscite l'inquiétude des addictologues et autres professionnels de la santé publique. Selon le Dr William Lowenstein, qui a par ailleurs signé une tribune conjointe avec plusieurs experts en addictologie pour le JDD : « Interdire ces produits, c’est se priver d’une solution efficace face à un problème de santé publique majeur. » Tout tient dans l'encadrement de la commercialisation desdits sachets de nicotine, appuie-t-il. Cela inclut la limitation des arômes attractifs pour les jeunes et une transparence totale sur les ingrédients.
Engager une approche plus pragmatique
De fait, en prenant pour exemple la Suède, mais aussi les États-Unis ou encore le Royaume-Uni, l'interdiction des sachets de nicotine risque, selon les addictologues, d'être contre-productive. Ces derniers tirent en effet la sonnette d'alarme sur le risque que leur interdiction favorise la création d'un marché noir, et donc une commercialisation dépourvue de tout contrôle sur la qualité des sachets de nicotine. A contrario, une approche plus pragmatique permettrait d'assurer une réglementation stricte, notamment concernant les arômes et la teneur en nicotine des sachets, mais aussi de mettre en place des restrictions pour éviter une consommation chez les plus jeunes.
En 2022, la France comptait pas moins de 24,5 % de fumeurs quotidiens. Et comme le rappelle l'étude, le tabagisme est responsable de plus de 75 000 décès par an. Le Dr Lowenstein souligne : « Si nous avions interdit la cigarette électronique il y a 15 ans, nous serions passés à côté du meilleur outil actuel reconnu pour aider à arrêter de fumer. » Autrement dit, et c’est l'appel lancé par ces professionnels de santé publique, la ministre de la Santé doit revoir sa copie en prenant davantage en compte les éléments et les risques qui entourent l'interdiction des sachets de nicotine.