La chaudière à gaz est devenue un symbole de débat concernant la transition écologique et énergétique. Le gouvernement s’apprête à les interdire, pour réduire la consommation de gaz, énergie non-renouvelable. Mais l’association UFC-Que Choisir dénonce une mesure qui risque fort de pénaliser les ménages. Et, surtout, de faire exploser les factures.
Interdiction des chaudières à gaz : vers une hausse des factures ?
L'interdiction des chaudières à gaz : une réalité proche
La France s'oriente vers une interdiction des chaudières à gaz. La Première ministre a clairement annoncé son intention de mettre fin à leur commercialisation d'ici 2026. Cette décision s'inscrit dans une volonté de répondre aux objectifs européens de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, cette annonce a suscité de nombreuses interrogations, notamment concernant les logements anciens. En effet, ces derniers, qui représentent une part importante du parc immobilier français, sont souvent équipés de chaudières à gaz.
Les signaux sont contradictoires. Alors que le ministre du Logement, Olivier Klein, avait précédemment indiqué qu'il n'était pas prévu d'interdire l'installation de ces chaudières dans les bâtiments existants, la Première ministre, Élisabeth Borne, a affirmé le contraire. Cette confusion a mis en alerte près de 40% des ménages français qui se chauffent au gaz.
Exceptions et précisions sur l’interdiction à venir
Il est essentiel de noter que toutes les habitations ne seront pas touchées de la même manière. Les logements neufs sont déjà soumis à des réglementations strictes en matière d'efficacité énergétique. Cependant, pour les logements anciens, la situation est différente. Si certains pourront facilement remplacer leur chaudière à gaz par des alternatives plus écologiques, d'autres, en raison de contraintes techniques ou financières, pourraient rencontrer des difficultés.
De plus, le remplacement des chaudières à gaz par des pompes à chaleur, souvent présenté comme une solution idéale, n'est pas sans problèmes. Outre les coûts parfois prohibitifs, l'installation de ces pompes nécessite des conditions particulières et peut entraîner des dérives, notamment en termes de qualité d'installation.
Pour preuve : le palais de l’Elysée s’est doté de nouvelles chaudières à gaz, malgré la future interdiction, pour près de 100.000 euros. Une dépense qui ne manque pas de créer la polémique puisqu’elle paraît plus que contradictoire avec le projet du gouvernement.
L’UFC-Que Choisir critique fortement la fin des chaudière à gaz
L'UFC-Que Choisir a réagi, le 25 juillet 2023, face à cette annonce d'interdiction. L'association dénonce dans un article de son blog un « projet lacunaire, au bilan environnemental incertain, et potentiellement très coûteux pour les consommateurs ». Elle critique le manque d'évaluation complète de l'impact environnemental de cette mesure et souligne les difficultés techniques et financières que les consommateurs pourraient rencontrer pour changer de mode de chauffage.
L'association pointe également du doigt la promotion des pompes à chaleur par le gouvernement. Selon une étude citée par l'UFC-Que Choisir, remplacer les chaudières à gaz par des pompes à chaleur dans des bâtiments mal isolés pourrait conduire à une insuffisance de chauffage ou à une augmentation de la demande électrique en hiver. De plus, l'association rappelle que « remplacer ces 12 millions de chaudières à gaz par des pompes à chaleur ne va faire qu'augmenter nos émissions de gaz à effet de serre pendant des années ».
L'impact financier de l'interdiction : une préoccupation majeure
L'UFC-Que Choisir met en lumière une conséquence financière souvent négligée de l'interdiction des chaudières à gaz : l'impact sur le coût de l'abonnement au gaz pour les consommateurs. Selon l'association, « l’interdiction de commercialisation des chaudières à gaz aurait de plus un impact financier négatif pour les consommateurs conservant un abonnement au gaz ». En effet, avec une réduction du nombre d'abonnés, les coûts d'acheminement du gaz, qui représentent actuellement environ 30% de la facture hors taxes, seraient répartis sur un nombre d'abonnés de plus en plus restreint. Cette situation pourrait entraîner une augmentation significative des factures pour les ménages restants.
De plus, l'association souligne le coût prohibitif du remplacement des chaudières à gaz par des alternatives, comme les pompes à chaleur. Elle indique que « rendre obligatoire l’achat d’un tel équipement entraînerait un surcoût pour les ménages pouvant atteindre 7.000 euros, par rapport à celui d’une nouvelle chaudière à gaz ». Cette somme représente une charge financière conséquente que tous les consommateurs ne sont pas en mesure d'assumer du jour au lendemain. L'UFC-Que Choisir insiste sur le fait que cette marche forcée vers de nouvelles solutions de chauffage pourrait avoir des conséquences financières lourdes pour de nombreux ménages français.
« En tout état de cause, l’UFC-Que Choisir demande au Gouvernement qu’en cas d’interdiction de commercialisation de chaudières à gaz, celle-ci :
- Ne s’applique que dans les habitations correctement isolées, où le changement est techniquement possible et économiquement pertinent, cela imposant notamment une amplification des aides pour les achats d’appareils de chauffage alternatifs ;
- N’entraîne pas une explosion de prix de l’abonnement au gaz consécutive à la baisse attendue du parc d’abonnés. »