Le pari de l’intelligence artificielle pour une audition plus humaine

 La perte auditive, limitant cette compréhension et donc compliquant les échanges, peut donc entraîner un isolement social significatif et une diminution de la qualité de vie. Ces données montrent que personne n'est à l'abri de ce problème, soulignant l'importance cruciale de l'audition dans nos vies quotidiennes et son rôle essentiel dans le maintien des liens sociaux.

Dans ce contexte, il est essentiel de se pencher sur le paradoxe que nous rencontrons aujourd'hui : d'un côté, une bonne santé auditive est un facteur clé pour favoriser le lien social et le retour à l'humain ; de l'autre, nous nous tournons de plus en plus vers l'intelligence artificielle (IA) pour développer des appareils auditifs toujours plus performants. Comment pouvons-nous concilier cette quête d'humanité avec la nécessité d'adopter des technologies avancées ?

L’audition : fer de lance du lien social

L'audition joue un rôle central dans nos vies sociales. Elle permet non seulement de communiquer, mais aussi de participer activement à la société. Les conversations quotidiennes, les interactions professionnelles et les moments partagés avec nos proches sont tous facilités par notre capacité à entendre et comprendre ce qu’il se dit. Une bonne audition est donc synonyme d'une meilleure intégration sociale et d'une qualité de vie améliorée.

De nombreuses études montrent que la perte auditive peut être à l’origine d’une accélération du déclin cognitif. En particulier, les travaux de l’équipe du Pr Hélène Amieva (Inserm Bordeaux) sur les liens entre perte d’audition et les 4D (Dépression, Démence, Dépendance et Décès) ont été publiés le 3 janvier 2018 dans la revue The Journals of Gerontology.

Dans cette étude, le Pr Amieva a démontré qu’une personne non appareillée verra ses capacités cognitives se dégrader plus rapidement qu’une personne ayant la même perte mais qui porte des appareils auditifs. Le fait de retrouver une bonne audition grâce à un appareil auditif de pointe permet de reprendre des activités sociales jusque-là abandonnées, de renouer des liens familiaux et de s'engager pleinement dans la vie communautaire. La capacité à entendre et à comprendre ses interlocuteurs favorise une vie plus riche et plus connectée. C’est cette activité riche et variée qui permet d’entretenir les fonctions cognitives de notre cerveau.

C’est à partir de ces études et de leurs conclusions que la réforme du 100% santé a par ailleurs été mise en place en France à partir de 2019.

La technologie au service de l’audition 2.0

Les avancées technologiques, et en particulier l'IA, ont révolutionné les appareils auditifs. Aujourd'hui, ces dispositifs ne se contentent plus d'amplifier les sons, ils les analysent et les adaptent en temps réel pour offrir une expérience auditive optimale. L’utilisation de l’IA, l’augmentation de la puissance des puces électroniques et notre meilleure connaissance du fonctionnement du cerveau permet aux aides auditives modernes de réduire le bruit de fond, reconnaitre les voix, ajuster les réglages afin de s’adapter non seulement à l’environnement sonore mais également à l’intention d’écoute de l’utilisateur.

Grâce à ces innovations, les appareils auditifs modernes sont capables de différencier une conversation en face-à-face du bruit ambiant, offrant ainsi une clarté et une précision accrues. La personnalisation des appareils auditifs permet également d'adapter les paramètres en fonction des préférences auditives de l'utilisateur, améliorant ainsi le confort et l'efficacité de l'appareil.

Vers une symbiose entre technologie et humanité

Il peut sembler paradoxal de recourir à des technologies de pointe pour répondre à un besoin fondamentalement humain. Pourtant, l'innovation technologique n'est pas un obstacle, mais plutôt un catalyseur qui permet de restaurer et d'améliorer les liens humains. L'approche "BrainHearing" d’Oticon, par exemple, illustre parfaitement cette symbiose en aidant le cerveau à traiter les sons de manière plus naturelle et intuitive.

La philosophie BrainHearing repose sur la compréhension approfondie de la manière dont le cerveau traite les sons. Plutôt que de simplement amplifier les sons, cette approche cherche à fournir au cerveau toutes les informations dont il a besoin pour fonctionner naturellement. Dans le cadre de l’audition, le cerveau utilise deux sous-systèmes pour traiter les sons : le sous-système d'orientation et le sous-système de focalisation. Le premier scanne tous les sons environnants pour créer une perspective globale, tandis que le second aide à sélectionner les sons à écouter, mettant les bruits non pertinents au second plan.

Réconcilier technologie et humanité passe par la mise en œuvre de technologies qui se mettent au service de l'utilisateur, répondant à ses besoins et envies. Par exemple, les capteurs d'intentions d’écoute, intégrés dans les appareils auditifs et notamment Oticon Intent, représentent une révolution pour les personnes atteintes de perte auditive. Ils permettent non seulement de faciliter le travail du cerveau en adaptant les sons perçus de manière proactive et intelligente mais surtout, ce n’est plus la technologie qui décide des sons importants mais l’utilisateur lui-même.

Aussi, en embrassant l'innovation, nous pouvons améliorer le bien-être et l'intégration sociale des personnes malentendantes. La technologie, loin de nous éloigner de notre humanité, nous permet de renforcer nos liens sociaux et de vivre des vies plus connectées et épanouies. Adopter l'IA pour une audition plus humaine et naturelle est non seulement un pari sur la technologie, mais aussi un engagement envers une société plus inclusive et plus attentive aux besoins de chacun.