L’inflation élevée et les taux d’intérêt relevés continuent d’inquiéter
les dirigeants des entreprises aux Etats-Unis et en Europe, avec une
influence croissante sur leurs dépenses. Dans le collimateur des dirigeants
se trouvent en première ligne les logiciels et les équipements
technologiques ainsi que le remplacement des solutions historiques
coûteuses et en situation de monopole.
L’inflation pousse les entreprises à freiner leurs investissements technologiques
Peur de la récession ?
Selon une récente étude
https://www.foxit.com/whitepaper/2023/balancing-tech-investments-and-cost-cutting/
d’Enterprise Strategy Group (ESG), les dirigeants interrogés sont
extrêmement préoccupés par la situation actuelle. En effet, près de la
moitié des répondants (45%) pensent être en récession ; à noter que les secteurs manufacturiers : 51%, et technologiques : 63%, le signalent
davantage que les autres secteurs. De plus, parmi ceux ne considérant pas
être en récession, près de 30% estiment que cela sera bientôt le cas. Dans
l'ensemble, les chefs d'entreprise sont 61% à penser qu’ils vont connaître
une récession au cours de cette année.
Cette dernière paraît donc imminente, si ce n’est pas déjà le cas pour
certaines entreprises. Avec un impact à des degrés variables selon leur
domaine d’activités, leurs ressources financières ou encore leur position
concurrentielle. En effet, 37% des organisations se sont déclarées exposées
ou très exposées à une récession actuelle ou potentielle à court terme.
Face à une inflation élevée, au ralentissement de l’économie et aux risques
de licenciements, les entreprises se doivent de passer au crible et de
justifier la moindre dépense. 83% des répondants affirment que la récente
augmentation des taux d’intérêts ont causé une réduction des dépenses et
des plans de croissance. Cette situation va donc les impacter
financièrement.
Réductions des coûts technologiques
Pour pallier la situation inflationnaire, plusieurs solutions existent : la
réduction des coûts, l’augmentation des prix des biens et services proposés
et la réduction d’effectifs. La seconde option peut s’avérer compliquée à
envisager pour des entreprises évoluant dans un cadre concurrentiel
important tandis que la dernière est redoutée et veut être évitée à tout
prix par celles-ci. La réduction des coûts parait être la solution la plus
simple et la plus efficace à court terme.
La grande majorité des personnes interrogées a indiqué être contrainte de
faire des coupes dans leurs dépenses, 16% faisant état de réductions
importantes et 36% de réductions modérées. De plus, 30% indiquent que, bien
que rien n'ait changé de façon spectaculaire par rapport aux dépenses de
2022, ils surveillent les dépenses avec attention et pourraient annuler ou
reporter certains projets. Et quant à la question sur les stratégies de
réduction des coûts qu'elles emploient, la réduction des dépenses
technologiques est plébiscitée à 62% (pour comparaison, la réduction des
effectifs l’est à 9%).
L’enquête d’ESG met aussi en lumière une forte incitation pour les
entreprises à délaisser les technologies historiques coûteuses dont les
fournisseurs n’ont pas voulu adapter leur tarification et leur rythme
d’innovation aux besoins de leurs clients. Ce sentiment est confirmé par
71% des répondants jugeant que le rythme d’innovation des logiciels de
productivité classiques est à la traîne par rapport à des éditeurs
concurrents et à d’autres technologies d’entreprise. De plus, quasiment la
même proportion (70%) estime que les éditeurs historiques bénéficient d’une
position de monopole sur le marché, leur permettant de surfacturer leurs
logiciels à leurs clients.
Les entreprises ont donc tout intérêt à chercher à remplacer leurs
technologies actuelles onéreuses et peu innovantes. Surtout que 74% des
répondants pensent que les utilisateurs seraient réceptifs à des solutions
simples d’utilisation, aux fonctionnalités équivalentes, en remplacement de
leurs logiciels de productivité actuels. Elles pourront être tentées
d’aller vers des solutions offrant des frais de licences réduits et
permettant de faire des économies de taille en matière de support
informatique ; tout en offrant des améliorations quantifiables sur le plan
de la sécurité, ainsi que des gains précieux en termes de productivité et
d’expérience utilisateur. L’occasion donc de se tourner vers des
technologies plus modernes et plus sécurisées.
Plans organisationnels pour adapter les dépenses technologiques et éviter les réductions d'effectifs
Pour certaines entreprises plus fragiles financièrement, réduire leurs
coûts et leurs investissements ne sera peut-être pas suffisant. Même si les
entreprises privilégient nettement des restrictions concernant les dépenses
technologiques, des réductions d’effectifs n’en sont pas moins à prévoir.
En effet, 38% des responsables interrogés s’attendent à des licenciements
de membres de leur équipe. Pire encore, ceux-ci prévoient en moyenne
qu’environ 40% de leur personnel seraient touchés.
Bien que la réduction des effectifs soit une stratégie qui sera
probablement utilisée si la récession s’installe, la grande majorité des
personnes interrogées ont indiqué qu'elles préféreraient réduire les
dépenses technologiques. Or, de ce choix découlent aussi des risques sur le
moyen et long terme : 56% des répondants ont estimé qu'il y avait au moins
un certain risque de perdre des clients au profit de concurrents, tandis
que 62% craignaient d'être distancés en matière d'innovation, par exemple
en n'arrivant pas sur le marché assez rapidement ou en ne s'adaptant pas à
l'évolution des conditions du marché. 59% des organisations craignent de
réduire l'engagement, l'effort ou la confiance des employés ou d'augmenter
le taux de turnover, et 56% s'inquiètent de ne pas atteindre les objectifs
financiers à long terme.
L’analyse de ces chiffres souligne l’importance de prendre des décisions
stratégiques délibérées plutôt que de procéder à des coupes sombres. Mais
elle montre aussi que les chefs d'entreprise sont préoccupés par la
question de savoir comment s'y prendre.