La désinflation s’accélère en France

Le ralentissement de la croissance des prix a été marqué en mars 2024. Les données indiquent que le retour à une inflation à 2% en cours d’année 2024 est probable, même si un net rebond de l’inflation est attendu au deuxième trimestre.

Fotograaf: Duco De Vries Www.ducodevries.nl 06 22329270 Duco@ducodevries.nl
Par Charlotte de Montpellier Publié le 2 avril 2024 à 4h00
inflation, france, mars 2024, insee
inflation, france, mars 2024, insee - © Economie Matin
2,3%L'inflation annuelle en France a chuté à 2,3% en mars 2024.

Ralentissement plus marqué que prévu

En mars, l’inflation des prix à la consommation en France s’est établie à 2.3%, un chiffre plus faible que celui attendu par le consensus des économistes, et légèrement plus faible que la dernière prévision de l’Insee publiée le 14 mars (qui attendait 2.4% en mars). Au mois de février, l’inflation annuelle s’était établie à 3%, la baisse est donc marquée sur le mois. La désinflation est aussi claire selon l’indice harmonisé, important pour la BCE, qui s’est établi à 2.4% en mars contre 3.2% en février.

Ces données sont une très bonne nouvelle et indiquent que le retour à une inflation à 2% en cours d’année 2024 est probable. Selon les détails préliminaires publiés, l’inflation en mars a été plus faible qu’en février pour toutes les grandes composantes de l’inflation. La croissance des prix a nettement décéléré pour l’alimentation (1.7% en mars contre 3.6% en février), pour l’énergie (3.4% contre 4.3% le mois précédent) et pour le tabac (10.7% contre 18.7%). L’inflation est quasi nulle pour les produits manufacturés (0.1% contre 0.4% en février). La croissance des prix des services se calme un peu, mais reste assez dynamique, s’établissant à 3% contre 3.2% en février.

Un rebond de l’inflation attendu au deuxième trimestre

Si les données du jour indiquent qu’un retour à une inflation à 2% est probable cette année, elles ne signifient pas que ce retour à 2% aura lieu au deuxième trimestre. Compte tenu de l’évolution actuelle des prix du pétrole sur les marchés, la composante énergie de l’inflation devrait rebondir nettement au cours des prochains mois. Les effets de base seront en effet moins favorables, car les prix des produits pétroliers s’établiront désormais à des niveaux supérieurs à ceux d’il y a un an. En conséquent, il faut s’attendre à un rebond de l’inflation au cours des prochains mois. L’inflation pourrait repasser temporairement largement au-dessus de 2.5%.

Par ailleurs, l’inflation des services devrait restée proche des 3% pendant les prochains mois. Selon la Banque de France, les accords d’entreprises pour 2024 prévoient des hausses de salaires moyens de 3.4%. Un chiffre plus faible que ce qui était observé début 2023 (4%), mais suffisant pour maintenir une certaine dynamique des prix dans le secteur des services, où les salaires représentent une grande partie du coût de production.

Retour probable de l’inflation à 2% avant la fin de l’année, dans un contexte de reprise très progressive de la croissance

Les indicateurs avancés tels que prix à la production et enquêtes auprès des entreprises laissent penser que les autres composantes de l’inflation devraient continuer à baisser au cours des prochains mois, dans un contexte de demande peu dynamique. Les données de la consommation des ménages en bien pour février, publiées aujourd’hui également, viennent en effet confirmer que la dynamique économique française est actuellement faible. La consommation des ménages en bien a stagné en février, après une forte baisse révisée de 0.6% en janvier (contre une baisse de 0.3% en janvier estimée précédemment). Dans les détails, il s’agit surtout d’une forte chute de la consommation d’énergie, causée par des températures plus douces que d’habitude, alors que la consommation alimentaire et de biens fabriqués rebondissent légèrement. Le rebond n’est néanmoins pas suffisant pour compenser la forte baisse observée en janvier.

In fine, les données viennent confirmer que la stagnation de l’économie française continue bien au premier trimestre 2024. Les indicateurs laissent néanmoins penser qu’une reprise progressive se dessine dès le deuxième trimestre. La baisse de l’inflation, le marché du travail toujours tendu, l’amélioration du climat des affaires, la hausse de la confiance des consommateurs et la baisse des taux d’intérêts devraient permettre à la demande domestique de se redresser progressivement au cours des prochains mois. Après 0% attendu au premier trimestre, le PIB pourrait croitre de 0.2% en glissement trimestriel au deuxième trimestre, et accélérer encore au cours de la deuxième moitié de l’année. Malgré cette accélération attendue, la croissance moyenne du PIB sur l’année sera faible en raison du début d’année très faible, de l’ordre de 0.5% pour 2024 contre 0.9% en 2023.

La situation déjà très détériorée des finances publiques et la croissance qui sera très vraisemblablement plus faible que les 1% attendus en 2024 par le gouvernement indiquent que la politique budgétaire risque de devenir nettement plus restrictive fin 2024 et en 2025.

Dans un contexte de reprise très progressive, l’inflation pourrait atteindre 2% avant la fin de 2024 et se stabiliser autour de ce niveau.

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Fotograaf: Duco De Vries Www.ducodevries.nl 06 22329270 Duco@ducodevries.nl

En tant que macroéconomiste chez ING depuis février 2018 dans le département belge de Recherches Économiques, Charlotte de Montpellier travaille à comprendre, analyser et prévoir les évolutions économiques (croissance, inflation, taux, marché du travail, banques centrales...) dans le monde, la zone euro, la France et la Belgique.

1 commentaire on «La désinflation s’accélère en France»

  • Curieusement, de manière concomitante la guerre en Ukraine n’a pas cessé, alors que l’on expliquait aux français que c’est cette foutue guerre Ukraine/Russie qui était la cause de tous leurs maux en termes d’inflation. Les aurait-on menti sans vergogne ? Ne serait-il pas temps que le parlement se penche sur cette « affaire » et mène une enquête neutre et ouverte (le plus large possible) ? Était-il nécessaire de mettre en grand danger les finances de l’Etat comme l’ont fait (et le font) les gouvernements successifs de M. Macron ?

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