L’inflation fait monter les prix. Industriels et commerçants s’accusent mutuellement d’en être la source en augmentant leurs marges respectives. Un renvoi de responsabilité qui ne trompe personne.
Inflation : commerçants et industriels s’accusent mutuellement de faire monter les prix
Le jeu d’accusation des industriels et des commerçants face à l’inflation
Ça ne vous aura pas échappé : les prix montent dans tous les commerces, et la faute est rejetée sur l’inflation, cause de tous les problèmes. Mais la situation est plus compliquée puisque chacun cherche à se dédouaner de sa responsabilité dans la hausse des prix. Les commerçants accusent les industriels d’avoir augmenté leurs marges, alors que les industriels de leur côté portent la même accusation. La balle change de camp à chaque passage sur les plateaux ou via les communiqués. Mais à la fin, c’est le consommateur qui paie quoiqu’il arrive.
L’exemple de cette situation est donné par Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du Commerce et de l’Industrie, qui émet l’idée d’une responsabilité des industriels dans l’augmentation des marges faites sur les produits. Il dénonce « une attitude irresponsable sur le sujet », soupçonnant le profit des grands industriels qui « veulent profiter de la situation. Ils ont tous augmenté leur marge pour 2023 ». Chacun y va de son intérêt, comme le prouve la réponse de Christophe Piednoël, porte-parole du groupe Lactalis. Il signale des propos « totalement inacceptables ».
Hausse des prix et marges abusives, qui est en tort ?
Ce match a commencé il y a déjà quelques mois, entrainant de la part du ministère de l’Économie une première enquête clôturée par un rapport de l’inspection général des finances (IGF) en novembre 2022. « Il n'a pas bien lu le rapport de l'IGF » conclut le porte-parole de Lactalis. Ces hausses, dénoncées comme « abusives », viendraient de l'augmentation des prix des matières premières et de l’énergie et à l’inflation. Ce débat place les différents acteurs de vente dans des dispositions difficiles pour négocier.
Car si ce jeu de la responsabilité se joue, c’est bien parce que les négociations sur la hausse des prix sont en cours. Le dirigeant de la FCD prédit une issue des discutions « autour de 10% ». Cette hausse additionnelle aux 13% déjà actés en 2022 seraient de la responsabilité des industriels internationaux. Les intérêts financiers des Français n’ont pas de valeur pour eux, une « irresponsabilité totale ». Le mois de mars s’annonce donc difficile pour le pouvoir d’achat, mais pas insurmontable pour autant. Le délégué général de la FCD assure que la grande distribution va s’engager afin de prendre sur ces marges pour limiter cette hausse malgré l’inflation