Stockage de CO2 : les industriels allemands sabrent le champagne

Pour atteindre ses objectifs de neutralité carbone d’ici à 2045, le gouvernement du chancelier allemand, Olaf Scholz, a approuvé un projet de loi autorisant les industries à stocker et à enfouir leurs émissions de CO2. Le texte doit encore être soumis au vote du Bundestag, le Parlement allemand.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 30 mai 2024 à 13h10
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26%de la production d'électricité allemande est produite à partir de centrales à charbon.

Le stockage de CO2 pour atteindre la neutralité carbone

Le gouvernement allemand a approuvé une loi autorisant le captage et le stockage du CO2. Objectif : atteindre la neutralité carbone d’ici 2045. Pour Robert Habeck, ministre de l’Économie et du Climat : « sans recours au stockage de CO2, les objectifs de protection climatique ne pourront pas être atteints. » Cette technologie de captage et le stockage du dioxyde de carbone, dite, CSC, permet de capter le CO2 des usines et de le stocker sous terre, notamment dans la mer du Nord.

La République fédérale est le plus grand émetteur de gaz à effet de serre de l’Union européenne. Si le Parlement vote en faveur de ce projet de loi, préalablement approuvé par le gouvernement d'Olaf Scholz, les industriels allemands pourront stocker jusqu'à 20 millions de tonnes de CO2 par an, sur les 1,5 à 8,3 milliards de tonnes que l'Allemagne pourrait stocker en mer du Nord. Pour rattraper son retard, l'Allemagne revoit sa copie et souhaite ainsi s'aligner sur la pratique de certains de ses voisins, notamment le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas et la Suède, qui ont signé entre eux un protocole pour le transport transfrontalier du CO2.

Certaines industries concernées

La technologie de CSC est loin de faire l'unanimité. Dès 2008, dans son rapport Faux espoir, Greenpeace ne ménage pas ses critiques à l'égard de cette méthode : « l’enfouissement de CO2 ne fait que créer l’illusion d’une solution » et l'association juge son coût trop élevé. L’ONG s’inquiète également de la durée d'étanchéité des stockages.

Le ministre de l'Économie et du Climat, Robert Habeck, insiste : « C’est le temps du pragmatisme - et du pragmatisme climatique ». Seront ainsi éligibles au CSC : les industries à forte intensité de carbone, qui ne peuvent s'électrifier, comme celles du ciment et de la chimie. Les centrales au charbon, représentant 26 % de la production électrique allemande, sont pour leur part exclues de ce projet, réaffirmant l’objectif du gouvernement allemand qui est de se passer de cette énergie fossile d’ici 2030. Si le texte est voté par le Parlement, le stockage du CO2 sera principalement autorisé dans le fond de la mer du Nord ou sur le sol allemand, à condition, bien sûr, que les États fédéraux autorisent le CSC.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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