Défense : le gouvernement va mettre l’industrie en mode guerre

Pour soutenir l’Ukraine et assurer la souveraineté de la France, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, envisage de mettre le pays en économie de guerre. Via la Loi de programmation militaire, le ministre songe à réquisitionner l’industrie française pour répondre à la demande de commandes militaires.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 27 mars 2024 à 16h20
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Défense : le gouvernement va mettre l’industrie en mode guerre - © Economie Matin
80 % La production d'obus de 2024 sera destinée à l'Ukraine

La France à deux doigts de passer en économie de guerre

Sébastien Lecornu, ministre des Armées, n'y est pas allé par quatre chemins lors de sa conférence de presse du mardi 26 mars 2024 : « Pour la première fois, je n'exclus pas d'utiliser ce que la (loi de programmation militaire) - votée à l'automne 2023 - permet au ministre et au délégué général pour l'armement (DGA) de faire, c'est-à-dire si le compte n'y était pas en matière de cadence et de délais de production, de faire des réquisitions le cas échéant ou de faire jouer le droit de priorisation ».

Cette déclaration intervient moins d'une semaine après l'attentat du Corcus City Hall de Moscou, qui a fait près de 140 morts et environ 190 blessés, laissant présager une intensification des combats sur le front ukrainien. Par la voix de Sébastien Lecornu, le gouvernement souhaite mobiliser le tissu industriel français pour accélérer son rythme de production militaire et maintenir des stocks d'armement minimums. L'objectif est donc double : assurer la souveraineté de la France et son soutien à l'Ukraine, cette dernière étant dans une position délicate face à la Russie depuis plusieurs semaines.

Imposer des commandes militaires aux industriels

Le gouvernement vise une production de 100.000 obus de 155 mm pour l'année 2024, dont 80 % de cet objectif est destiné à l'Ukraine. Pour atteindre cet objectif, le ministère des Armées se dit prêt à aller jusqu'à imposer des réquisitions pour certains industriels français, celles-ci pouvant aller « de leur personnel, de leur stock ou de leurs outils de production ». « Ce n'est pas l'outil prioritaire au moment où je vous parle, mais je vous dis que ça existe parce que ça crée de la lisibilité aussi pour tout le monde, il n'y aura pas de surprise », a tenu à préciser Sébastien Lecornu. Mais cela pourrait être effectif « dans les toutes prochaines semaines », avertit-il.

Le ministère des Armées justifie son intention en raison des délais de production et de livraison des missiles anti-aériens de longue portée Aster. La France a en effet signé un contrat portant sur 200 de ces missiles en 2023, avec une livraison prévue d'ici à 2026. « Désormais, on a des contrats opérationnels concrets sur lesquels nous avons une sollicitation », explique Sébastien Lecornu. « La question de prioriser chez les sous-traitants de MBDA pour le missile Aster la commande militaire, en priorité sur une commande civile, est quelque chose qui est évidemment complètement envisageable ». De quoi préparer les esprits des industriels qui seront concernés...

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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