Industrie : le gouvernement craint des faillites en masse

Quelques jours après l’annonce de Michelin de fermer deux de ses usines (Cholet et Vannes), les prévisions de Marc Ferrancci n’ont rien de rassurantes. Invité de France Inter samedi 9 novembre 2024, le ministre de l’Industrie craint une vague de faillites à venir pour la filière française, mais aussi européenne.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 12 novembre 2024 à 13h30
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Industrie : le gouvernement craint des faillites en masse - © Economie Matin
6,1%Le déficit public de la France est projeté à 6,1% de son PIB pour l'année 2024.

L'industrie française est au bord du précipice selon le ministre

Marc Ferracci, ministre de l’Industrie, a fait part de ses sombres prévisions sur l’avenir de l’industrie française lors d'une intervention sur France Inter. Faisant écho à la fermeture annoncée de deux sites de production du fleuron Michelin, celles-ci pourraient être les prémices d'une longue série de fermetures d'usines pour le ministre, qui fait craindre le licenciement de « milliers d’emplois », en particulier pour trois filières : l'automobile, la métallurgie et la chimie.

Pour reprendre le triste exemple de Michelin, le géant des pneumatiques français a annoncé la suppression à venir de 1 254 emplois. Le géant de l'agroalimentaire Auchan a, lui aussi, indiqué la fermeture de plusieurs dizaines de ses enseignes, ce qui se traduira par le licenciement de 2 389 de ses salariés.

La faute à la concurrence internationale

Les coupables de cette situation, selon le ministre : la concurrence chinoise mais aussi américaine, ces deux pays n'hésitant pas à subventionner massivement leur filière industrielle.

Cette compétition, jugée déloyale par le gouvernement, fragilise directement les entreprises françaises, et plus largement européennes, qui peinent à rivaliser en termes de coûts de production, notamment dans des secteurs à forte intensité de main-d'œuvre comme la fabrication de pneumatiques et l'assemblage automobile.

Le paradoxe européen

Face à cette situation, le ministre de l'Industrie Marc Ferracci plaide pour une réponse européenne. Il propose un plan de soutien pour l’industrie automobile qui pourrait inclure un bonus écologique continental et un emprunt commun destiné à soutenir les investissements dans des technologies propres. Problème : les pays n'ont pas financièrement les moyens de suivre, en témoignent la situation catastrophique de l'économie française, avec un déficit public projeté à 6,1% de son PIB pour 2024; ou encore celle de l'Allemagne qui pourrait être en récession pour la deuxième année consécutive, et qui a par ailleurs arrêté ses aides publiques pour l'achat de véhicules électriques neufs depuis décembre 2023.

D'ici au premier semestre 2025, la Commission européenne prévoit de mettre en place le Clean Industrial Act, mais cette législation ne vise pour autant qu'à accompagner les filières de l'industrie dite « propre ». Paradoxe : il existe un certain décalage entre les objectifs de l'UE et la réalité : dès janvier 2024 en effet, les constructeurs automobiles européens qui ne répondront pas aux exigences (CO2) imposé par l'exécutif européen se verront imposés des sanctions financières. Entre la main tendue et le bâton, l'UE semble déjà avoir fait son choix..

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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