Les subventions chinoises ont transformé les industries vertes, les positionnant au cœur de la lutte contre le changement climatique et suscitant des débats internationaux.
International : la Chine est-elle un pilier de l’industrie verte mondiale ?
Expansion rapide des technologies vertes en Chine
Les subventions chinoises ont propulsé la croissance des industries vertes à une vitesse fulgurante. Aujourd'hui, la Chine produit près de 80 % des modules solaires photovoltaïques, 60 % des éoliennes et 60 % des véhicules électriques et des batteries. En 2023, la capacité de production d'énergie solaire de la Chine a augmenté davantage que la capacité totale installée aux États-Unis.
Cette domination ne se limite pas à la quantité. En effet, les technologies vertes jouent un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique, faisant de ces industries un bien public mondial. Selon Dani Rodrik, économiste, « la seule façon de décarboner la planète sans compromettre la croissance économique et la réduction de la pauvreté est de passer aux énergies renouvelables et aux technologies vertes le plus vite possible. »
Externalités positives des subventions
Les subventions aux industries vertes en Chine sont soutenues par des arguments solides. Outre le transfert de savoir-faire et d'autres externalités positives, il faut considérer le coût gigantesque du dérèglement climatique et les avantages de l'accélération de la transition verte. Les retombées des connaissances profitent non seulement aux consommateurs du monde entier, mais aussi aux entreprises étrangères tout au long de la chaîne d'approvisionnement.
Les subventions chinoises ont également entraîné une baisse drastique des coûts des énergies renouvelables au cours de la dernière décennie. Les coûts de l'énergie solaire ont chuté de 80 %, l'éolien en mer de 73 %, l'éolien terrestre de 57 %, et les batteries électriques de 80 %. Ces progrès encouragent l'optimisme des experts climatiques quant à la possibilité de maintenir le réchauffement climatique dans des limites acceptables.
Tensions commerciales et réglementaires
Cependant, la montée en puissance de la Chine dans les technologies vertes a suscité des inquiétudes en Occident. Les États-Unis et l'Union européenne craignent que les subventions chinoises ne menacent leurs propres industries vertes. En réponse, ils ont annoncé des restrictions à l'importation. De son côté, la Chine a dénoncé auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) les dispositions de l'Inflation Reduction Act (IRA) des États-Unis, qu'elle considère comme discriminatoires.
Lors d'un récent voyage en Chine, Janet Yellen, secrétaire au Trésor américain, a rappelé que l'industrie sidérurgique américaine avait été décimée par les subventions chinoises. Elle a averti que les États-Unis ne resteraient pas passifs face au « soutien gouvernemental à grande échelle » accordé aux secteurs de l'énergie solaire, des véhicules électriques et des batteries.
Nécessité d'une politique industrielle verte
Dani Rodrik défend les politiques industrielles vertes de la Chine, soulignant que dans un monde idéal, une taxe mondiale sur le carbone serait en place. Cependant, seule une infime partie des émissions mondiales est actuellement soumise à un prix reflétant le véritable coût social du carbone. Dans ce contexte, les politiques industrielles vertes sont essentielles pour stimuler l'apprentissage technologique et compenser l'absence de tarification du carbone.
Les politiques vertes chinoises ont déjà permis de réaliser des avancées significatives dans la lutte contre le changement climatique. Les gouvernements occidentaux devraient éviter de considérer ces politiques comme des transgressions des règles internationales. Les arguments moraux, environnementaux et économiques plaident en faveur des subventions aux industries vertes plutôt que des taxes sur la production d'autres pays.
Impact des politiques américaines et européennes
L'IRA américain prévoit des centaines de milliards de dollars de subventions pour les énergies renouvelables et les industries vertes, avec certaines incitations fiscales favorisant les producteurs nationaux. Ces mesures doivent être vues comme des compromis politiques nécessaires pour garantir l'adoption de la législation, selon de nombreux analystes qui y voient un « changement de donne » en matière de politique climatique.