Inclusion et RSE : Apple fait de la résistance contre les conservateurs

Depuis plusieurs années, les débats autour des politiques de Diversité, Équité et Inclusion (DEI) bousculent le monde des affaires aux États-Unis. En janvier 2025, Apple se retrouve au centre de cette controverse, rejetant une proposition d’actionnaires visant à supprimer ses programmes DEI.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 13 janvier 2025 à 7h00
Apple
Inclusion et RSE : Apple fait de la résistance contre les conservateurs - © Economie Matin
42,17 %Lors du 1er trimestre 2024, Apple a réalisé plus de 42,17 % de son chiffre d'affaires dans le continent américain

Alors que des géants comme Meta ou McDonald’s ont fait marche arrière sous la pression des conservateurs et l’arrivée au pouvoir du couple Trump-Musk aux États-Unis, Apple persiste et signe. Ce choix, à la fois éthique et stratégique, révèle les tensions entre les valeurs inclusives et les exigences politiques actuelles.

Apple attaquée par les conservateurs sur son inclusivité

Le National Center for Public Policy Research, un groupe de réflexion conservateur, a soumis une proposition à l’assemblée générale des actionnaires d’Apple. Ce document, présenté au gendarme américain des marchés financiers (SEC), demande la suppression des initiatives DEI de l’entreprise, les accusant de poser des risques juridiques. Cette requête s’appuie sur une récente décision de la Cour suprême des États-Unis, mettant fin aux politiques de discrimination positive dans les universités.

Selon ses détracteurs, les programmes DEI exposeraient les entreprises à des poursuites judiciaires, notamment dans le cadre de procédures contestant leur légalité. Toutefois, Apple, dirigée par Tim Cook, rejette fermement ces accusations. L’entreprise défend l’idée que ces initiatives respectent pleinement la loi et jouent un rôle fondamental dans la création d’un environnement de travail ouvert et diversifié. Une position à l’opposé de la fronde anti-inclusivité lancée par l’extrême-droite américaine qui a trouvé dans l’élection de Donald Trump une nouvelle opportunité de faire pression.

Cette controverse survient à l’aube de l’investiture présidentielle de Donald Trump, dont les politiques conservatrices et les discours critiques envers la diversité exercent une pression croissante sur les grandes entreprises américaines. Depuis plusieurs mois, des groupes comme Meta, Ford ou Walmart ont renoncé à leurs engagements en matière de diversité, adoptant des positions en phase avec les attentes des conservateurs. Apple, quant à elle, choisit un chemin opposé, s’érigeant en défenseur de valeurs qu’elle estime non négociables.

Les conservateurs veulent prendre le contrôle d’Apple

Le conseil d’administration d’Apple, dans un communiqué adressé aux actionnaires qu'a consulté Reuters, a qualifié la proposition de tentative inappropriée de « micro-manager » l’entreprise. Cette intervention, jugée intrusive, viserait à limiter la capacité de gestion de l’entreprise sur ses propres ressources humaines et ses stratégies commerciales. Le conseil souligne que les politiques DEI d’Apple ne sont pas de simples outils de communication, mais des programmes bien établis, en totale conformité avec les exigences légales.

Contrairement aux entreprises qui abandonnent leurs initiatives de diversité pour éviter les controverses comme Meta qui a vu son patron, Mark Zuckerberg, se radicaliser et autoriser à nouveau les messages de haine sur son réseau social, Apple affirme que ces programmes renforcent son attractivité auprès des talents et de ses partenaires. La diversité, loin d’être perçue comme un fardeau, est ici envisagée comme un levier de compétitivité et d’innovation. En maintenant ses engagements, Apple ne se contente pas de répondre à une demande sociétale ; elle en fait un élément central de son identité. Ce qui est loin d’être étonnant : son PDG, Tim Cook, est ouvertement homosexuel. « Si entendre que le patron d'Apple est homosexuel peut aider quelqu'un qui a du mal à accepter qui il ou elle est, ou apporter du soutien à quelqu'un qui se sent seul, ou inspirer les gens qui insistent sur leur égalité, alors cela vaut le coup d'y laisser ma vie privée », expliquait-il lors de son coming out public en 2014.

Un vote majeur chez Apple le 25 février 2025

Le 25 février 2025, cette proposition sera soumise au vote des actionnaires lors de l’assemblée générale d’Apple. Si l’issue du vote demeure incertaine, le rejet de la proposition par le conseil d’administration envoie déjà un signal fort. L’entreprise, consciente des risques politiques et juridiques, choisit de défendre ses valeurs face aux pressions externes.

Apple semble avoir mesuré l’importance de ce combat. Alors que de nombreuses entreprises préfèrent céder pour éviter des polémiques, Apple s’efforce de concilier éthique et pragmatisme. Cette position pourrait lui valoir des critiques, mais également renforcer son image auprès d’un public attaché à des principes de justice sociale et de responsabilité.

Une leçon pour l’industrie

Au-delà du cas spécifique d’Apple, cette affaire montre les tensions dans le monde des affaires autour des politiques de diversité de plus en plus attaquées par la droite conservatrice et l’extrême-droite, à grands coups de fausses informations. Alors que certains acteurs cèdent à la pression politique, d’autres choisissent de préserver leurs engagements, même au prix d’un conflit avec certains de leurs actionnaires.

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

Aucun commentaire à «Inclusion et RSE : Apple fait de la résistance contre les conservateurs»

Laisser un commentaire

* Champs requis