Immobilier : un locataire sur deux pense qu’il n’arrivera jamais à acheter

Le 20 février 2025, Ipsos et l’école d’ingénieurs CESI ont dévoilé les résultats de la première édition de l’étude Ipsos Housing Monitor 2025. Réalisée dans plus de 30 pays, cette enquête dresse un état des lieux des perceptions des populations sur le logement et leur avenir immobilier. En France, où 57 % des ménages sont propriétaires – un chiffre en baisse depuis dix ans –, les préoccupations sont nombreuses. Prix élevés, difficulté d’accès au crédit, loyers sous tension : autant de freins à la réalisation du rêve immobilier. Mais derrière ces contraintes, quelles sont les aspirations réelles des Français ?

Immobilier : une France qui rêve de propriété, mais qui doute de pouvoir y arriver

Propriété ou location : un dilemme économique

En 2025, plus de 6 Français sur 10 (61 %) rêvent de devenir propriétaires. Toutefois, le passage à l’acte semble hors de portée pour beaucoup : 52 % des locataires estiment qu’ils n’en auront jamais les moyens. Cette inquiétude financière touche toutes les tranches d'âge et s’explique notamment par la hausse continue des prix du foncier et les conditions de crédit restrictives des dernières années.

Depuis le troisième trimestre 2024, une stabilisation des prix immobiliers est observée après une baisse de 3,9 % en un an. Pourtant, malgré cet ajustement, le marché reste inaccessible pour une large partie de la population, remarquent les Notaires de France.

Des taux d’intérêt plus favorables, mais un accès encore restreint au crédit immobilier

L’amélioration des conditions de financement en 2025 aurait dû favoriser l’accession à la propriété. Le taux moyen des nouveaux crédits immobiliers a reculé à sous la barre des 3% début 2025, après une année de forte hausse suivie d'une année de stabilisation, selon la Banque de France. Pourtant, l’accès au crédit reste compliqué, notamment pour les primo-accédants qui doivent composer avec des exigences bancaires plus strictes en matière d’apport personnel et de taux d’endettement. Le gouvernement tente de résoudre ce problème avec des mesures comme l’extension du PTZ en 2025. Mais leur efficacité reste à prouver.

Le rêve de la maison à la campagne : un espoir très Français

Une tendance qui se renforce en France

Si la propriété reste une aspiration forte, le type de logement souhaité évolue. Contrairement aux pays asiatiques où la préférence va aux appartements en centre-ville, selon le Ipsos Housing Monitor 2025 les Français affichent une forte attirance pour la maison individuelle en milieu rural. 40 % des Français souhaitent vivre à la campagne, un score bien supérieur à la moyenne mondiale de 22 %.

Les motivations derrière cette préférence sont multiples :

Un meilleur rapport qualité-prix : 47 % des Français placent ce critère en tête de leurs priorités.
Un espace extérieur privilégié : 42 % souhaitent un jardin, une terrasse ou un balcon (première place mondiale sur ce critère).
Un cadre de vie plus sûr : 29 % considèrent le faible taux de délinquance comme un facteur clé.
La proximité avec le travail et les infrastructures : 22 % des Français estiment que l’éloignement du domicile et du bureau constitue un critère décisif.

Un contraste avec la réalité du marché

Si le désir de campagne est fort, la réalité immobilière freine ce mouvement. En Île-de-France et dans les grandes métropoles, les prix élevés rendent la maison individuelle inabordable pour une majorité de ménages. Par ailleurs, le manque d’infrastructures et de transports publics en milieu rural constitue un frein majeur. Seuls 24 % des Français citent l’accès aux transports comme un critère prioritaire, contre 29 % en moyenne mondiale.

Un marché locatif sous tension en France

Des loyers qui progressent malgré un encadrement strict

L’augmentation des loyers constitue un autre défi. Bien que l’indice de référence des loyers (IRL) soit encadré, les hausses persistent dans de nombreuses villes. L’Insee note que depuis 2022, les loyers évoluent moins vite que l’IRL selon l’Insee, mais restent un poids financier majeur pour les locataires.

Des politiques publiques en mutation

Face à ces tensions, les politiques publiques évoluent. La suppression du dispositif Pinel en décembre 2024 a marqué la fin d’un cycle de défiscalisation, laissant place à de nouveaux mécanismes d’incitation à l’investissement. Si cette décision vise à assainir le marché locatif, elle pourrait réduire l’offre de logements neufs, exacerbant la pénurie de logements accessibles.

En 2025, le logement reste une préoccupation centrale des Français. Entre un fort attachement à la propriété, une difficulté persistante d’accès au crédit et un désir croissant d’habitat rural, les tendances immobilières évoluent. Si les politiques publiques et la conjoncture économique influencent ces trajectoires, la réalité est que beaucoup restent éloignés de leur idéal résidentiel.