Le 1er janvier 2024, la France comptait officiellement 5,8 millions de logements classés en « passoires énergétiques » (classes F et G selon le Diagnostic de Performance Énergétique). Ce chiffre, en légère baisse, demeure inquiétant face aux enjeux climatiques et sociaux actuels.
Immobilier : les passoires énergétiques sont habitées… par les propriétaires !
Entre inefficacité énergétique, coût exorbitant des rénovations, et inertie politique, les passoires énergétiques illustrent parfaitement les contradictions d'une France engagée mais encore loin d'une transition réussie.
Passoires énergétiques : un problème toujours massif en France
5,8 millions de logements et autant d’échecs de rénovation
En janvier 2024, le parc immobilier français comptait environ 37 millions de logements. Parmi eux, les passoires énergétiques représentent 15,6 %, soit précisément 5,8 millions de logements selon les données du Service des Données et Études Statistiques (SDES) publiées fin décembre 2024. Bien que la baisse observée depuis 2023 soit de 2,2 points (environ 800 000 logements rénovés), l’ampleur du problème reste majeure.
Parmi les résidences principales, 4,2 millions de logements restent classés F ou G, illustrant l’urgence d’une rénovation énergétique pourtant constamment repoussée. Le parc locatif privé compte à lui seul 1,3 million de ces logements énergivores, soit près d’un tiers du total.
Catégorie de logement | Nombre de logements F ou G | Part dans la catégorie (%) |
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Résidences principales | 4,2 millions | 13,9 % |
Résidences secondaires | 975 276 | 26,6 % |
Logements vacants | 600 975 | 19,5 % (estimée) |
Total général | 5,8 millions | 15,6 % |
Propriétaires occupants : victimes ou coupables des passoires énergétiques ?
La majorité des logements énergivores sont occupés par leurs propriétaires
Un aspect troublant se révèle à l’analyse : 61 % des résidences principales classées F ou G sont occupées par leurs propriétaires. Cela représente près de 2,6 millions de logements où les habitants sont à la fois victimes du froid et responsables directs d’une rénovation sans cesse repoussée.
Les aides à la rénovation énergétique existent pourtant : MaPrimeRénov', aides locales, Certificats d’Économies d’Énergie (CEE)… Mais pourquoi ces dispositifs peinent-ils autant à convaincre les propriétaires ?
Type de propriétaire | Nombre de passoires énergétiques | Part relative (%) |
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Propriétaires occupants | 2,59 millions | 61 % |
Propriétaires bailleurs privés | 1,3 million | 31 % |
Bailleur social | 350 531 | 7,4 % |
Près de 30 % des passoires énergétiques mises en location appartiennent aux 10 % des propriétaires les plus aisés (revenu supérieur à 3 490 euros par mois par personne).
Où sont les passoires énergétiques en France ?
Île-de-France et Bourgogne-Franche-Comté en tête
L’Île-de-France concentre le plus grand nombre de passoires énergétiques avec plus d’un million de logements concernés (soit 20 % des résidences principales). Cette région cumule les difficultés : logements anciens, coût élevé des travaux, densité urbaine contraignante.
Région | Nombre de logements F ou G | Part des passoires énergétiques (%) |
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Île-de-France | 1,1 million | 20 % |
Bourgogne-Franche-Comté | N.C. | 18,2 % |
Auvergne-Rhône-Alpes | 507 153 | 15,8 % |
Le profil-type d’une passoire énergétique ? Une maison individuelle de 80 mètres carrés, construite avant 1948, chauffée à l’électricité, située dans une agglomération de plus de 100 000 habitants. Autant dire que ces logements ne sont pas près de disparaître, faute d’une politique ciblée suffisamment agressive.
La France a beau afficher des objectifs climatiques ambitieux, la persistance de millions de passoires énergétiques rappelle que la route est encore longue. Avec seulement 111 000 logements F et 80 000 logements G rénovés en 2023, à ce rythme, le pays est très loin de pouvoir éradiquer les passoires énergétiques.