Jacques Baudrier, adjoint à la mairie de Paris chargé du logement, a interpellé le gouvernement pour demander un report du calendrier des passoires thermiques pour certains logements.
Passoire thermique : Paris demande une faveur au gouvernement
Passoire thermique : la Mairie de Paris demande un report pour les copropriétés
L'interdiction de la location des logements les plus énergivores, les passoires thermiques, une mesure phare de la loi Climat et Résilience, est, depuis ses prémices, loin de faire l'unanimité. Si certains, comme l'ex-Premier ministre Édouard Philippe, la qualifient de « folie », d'autres, à l'image de Jacques Baudrier, adjoint à la mairie de Paris chargé du logement, tentent de trouver des solutions qui se veulent plus pragmatiques. La préoccupation principale des critiques qui entourent les passoires thermiques n'est autre que le temps (et le DPE). Les logements classés G sont déjà interdits à la location depuis janvier 2023, ceux de catégorie F suivront en 2025, et ceux classés E en 2034. Jacques Baudrier n'est pas le seul à pointer du doigt ce calendrier qu'il estime « inatteignable », et ce, d'autant plus du fait que les passoires thermiques concernent près de la moitié des logements à Paris.
L'enjeu est de taille : celui de voir près de 60.000 logements à Paris, et potentiellement 170.000 en Île-de-France être retirés du parc locatif francilien. C'est bien là où la loi climat et Résilience trouve sa limite, car elle s'avérait in fine contreproductive, et surtout, elle accentuerait, encore davantage, la crise du logement, déjà préoccupante dans la région, et plus généralement en France. La proposition de Jacques Baudrier ne se limite pas à un simple report, elle cible les copropriétés. « Si on ne propose pas un calendrier qui accompagne les copropriétés, j’ai peur qu’elles renoncent à effectuer les travaux de rénovation » dixit l'adjoint à la mairie de Paris. Pour ce faire, il propose la mise en place d'un plan pluriannuel de travaux, qui doit être adopté avant janvier 2026, pour accompagner les copropriétés dans leurs travaux de rénovation.
Éviter la pénurie de logement et faciliter l'accès à la propriété pour les jeunes actifs
Cette demande de report n'est pas isolée. Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, l'avait également envisagée, avant de se rétracter en affirmant la nécessité de respecter le calendrier établi. Pour les jeunes actifs parisiens, en particulier, l'enjeu est de taille. La plupart n'arrivent pas à trouver de logement, et quand ils en trouvent un par miracle, ils se heurtent aux banques qui refusent bien souvent de leur accorder un crédit, ou ils y renoncent en raison des taux d'intérêts élevés. Conséquence : ils sont contraints de rester locataires. La diminution de l'offre locative due à l'interdiction de louer des logements peu performants pourrait les placer dans une situation encore plus précaire.
Il en va de même pour les étudiants et les ménages qui peinent déjà à trouver un logement et qui sont parfois incités à mentir sur leur dossier locatif pour espérer en trouver un. À cela s'ajoute les propriétaires, qui pour beaucoup d'entre eux, faute de ressources financières suffisantes, n'auront d'autre choix que de renoncer à entreprendre des travaux de rénovation énergétique. La loi Climat Résilience montre sa limite, elle nous plonge dans un cercle vicieux. Alors que le gouvernement semble maintenir sa position sur le respect du calendrier initial, la demande de la mairie de Paris pourrait (espérons-le) ouvrir une nouvelle réflexion sur la faisabilité des objectifs fixés par ladite loi. La réponse du Premier ministre, Gabriel Attal, est désormais attendue avec impatience.