La réforme MaPrimeRenov, prévue pour 2024, va changer la donne sur le front de la transition énergétique française. Avec un budget porté à 5 milliards d’euros, le gouvernement vise une rénovation énergétique d’envergure des bâtiments. Mais les artisans s’inquiètent de se retrouver privés de cette manne financière.
Immobilier : MaPrimeRenov 2024 inquiète les artisans
MaPrimeRenov ciblera les travaux d’ampleur
En 2024, le budget de MaPrimeRenov sera augmenté à 5 milliards d'euros afin d’intensifier les efforts de rénovation énergétique des habitations. Les bâtiments mal isolés, responsables de 18% des émissions de gaz à effet de serre en France, sont au centre de la stratégie du gouvernement qui veut forcer les propriétaires à faire des travaux.
Et pas des petits travaux ! Un nouveau volet, "rénovation d'ampleur", est introduit pour encourager la rénovation globale des bâtiments, qu'ils soient individuels ou en copropriété. Ce programme prévoit un accompagnement personnalisé, avec une prise en charge financière adaptée au revenu des ménages, allant jusqu'à 100% du coût pour les plus modestes.
MaPrimeRenov : des aides différentes selon les travaux
La réforme se divise en deux aides principales : Ma Prime Rénov’ Décarbonation, axée sur l'installation de systèmes de chauffage décarbonés, et Ma Prime Rénov’ Travaux d’Ampleur, destinée aux travaux plus conséquents.
Les aides seront revalorisées en fonction des travaux engagés. Pour les ménages très modestes, le taux de prise en charge peut atteindre 90 % pour des travaux allant de 40.000 à 70.000 euros. Les pompes à chaleur, par exemple, bénéficieront d'une augmentation de subvention d'environ 1000 euros.
Pas d’accès aux primes pour les artisans ?
Les artisans expriment leur préoccupation quant à un potentiel ralentissement des travaux de rénovation. Ils craignent que les nouvelles dispositions, bien que bénéfiques sur le papier, puissent compliquer la réalisation des projets de rénovation. « Les fausses bonnes idées, ça suffit. Le marché est devenu trop compliqué. Après la construction neuve, est-il nécessaire de faire peser un risque sur le marché de la rénovation ? », s'est alarmé le président de la Fédération française du bâtiment, Olivier Salleron, cité par Les Echos.
Une autre source d'inquiétude réside dans la restriction des aides pour les rénovations "mono-geste". Dès 2024, ces aides seront principalement réservées aux systèmes de chauffage décarboné, ce qui pourrait limiter les options pour les petits travaux. « Le constat est sans appel. Avec 90 % des logements existants à rénover, la réforme de MaPrimeRénov', telle qu'elle est envisagée pour le 1er janvier 2024, ne vous donnera pas les moyens d'atteindre les objectifs de décarbonation des bâtiments fixés dans le cadre de la planification écologique. Les travaux d'ampleur à réaliser, pour obtenir les aides, seront trop lourds pour les particuliers, leur reste à charge encore bien trop coûteux et les démarches toujours trop complexes pour les professionnels », ont écrit les professionnels du secteur dans une lettre envoyée à Elisabeth Borne mercredi 20 décembre 2023.