Immobilier : les Français lâchent du lest pour acheter

Un pas de côté, un prêt de moins, une terrasse sacrifiée. En 2025, les Français ne rêvent plus l’immobilier comme avant. Les choix s’affinent, les concessions se multiplient. Mais à quel prix ?

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 7 avril 2025 11h24
Immobilier : un locataire sur deux pense qu’il n’arrivera jamais à acheter
Immobilier : un locataire sur deux pense qu’il n’arrivera jamais à acheter - © Economie Matin
63%Seuls 63 % des acquéreurs prévoient de contracter un prêt immobilier

Le 8 avril 2025, l’étude publiée par Guy Hoquet l’Immobilier en partenariat avec YouGov met en lumière une inflexion majeure dans les comportements des Français face à l’immobilier. Dans un contexte de légère reprise après une année 2024 morose, les futurs propriétaires n’ont d’autre choix que de revoir leurs attentes. Et cela change tout. Car derrière la baisse des prix de vente, c’est bien une mutation des mentalités qui s’amorce. Le marché, toujours tendu, impose ses règles.

Quand l'immobilier force les Français à redéfinir leur projet

Le marché de la transaction amorce une lente embellie, mais le décor reste contraignant. D’après l’Observatoire Transaction et Location publié par Guy Hoquet l’Immobilier, les prix dans l’ancien ont reculé de 1,7 % au premier trimestre 2025, après une stagnation en fin d’année précédente. Cela suffit à redonner un peu d’élan aux projets immobiliers.

Mais cette dynamique n’a rien d’un retour triomphal. 75 % des acheteurs citent désormais le prix comme critère principal, une hausse de 8 points en un an. Autrement dit, l’aspect financier écrase tous les autres paramètres.

Ce resserrement budgétaire se traduit aussi dans les modes de financement. Seuls 63 % des acquéreurs prévoient de contracter un prêt immobilier, contre 71 % un an plus tôt. Le recours au crédit devient plus sélectif, même si les taux fléchissent légèrement – 3,19 % en février 2025, leur niveau le plus bas depuis deux ans. « Après des mois de ralentissement, le marché immobilier reprend enfin son souffle. On observe très clairement une volonté forte des Français d’accéder à la propriété, quitte à revoir certains critères », selon Stéphane Fritz, président de Guy Hoquet l’Immobilier.

Le prix du rêve immobilier : renoncer pour acheter

Le message est clair : l’époque où l’on pouvait cumuler jardin, grand séjour et calme absolu semble révolue. La propriété reste un objectif, mais le compromis est devenu la règle.

En janvier 2025, l’étude montre une chute des exigences sur des critères pourtant considérés comme essentiels. L’extérieur, autrefois sacré, perd 6 points en attractivité. Le calme, en troisième position des priorités, régresse de 1 point, tandis que la superficie recule de 2 pointsLes acheteurs, pris dans un étau budgétaire, sacrifient désormais les fondamentaux. Le rêve pavillonnaire en prend un coup, et les marges de négociation s’amenuisent.

Parallèlement, les vendeurs se crispent. Plus de 90 % d’entre eux réclament un accompagnement professionnel pour sécuriser leur vente. Et pour cause : les délais moyens ont grimpé à 105 jours, soit 4 jours supplémentaires par rapport à début 2024. Une temporalité étirée qui freine le marché et alourdit les processus.

Immobilier : des tendances régionales en mosaïque

La France de l’immobilier n’est pas uniforme. L’étude pointe des disparités criantes entre régions, et même entre villes. En Ile-de-France, les prix se stabilisent à -0,5 %, mais d’autres territoires connaissent des variations plus tranchées.

L’Occitanie enregistre un recul de 2,1 %, les Pays de la Loire de 0,5 %, quand des villes comme Strasbourg ou Aix-en-Provence accusent des baisses de -5,6 % et -5,1 % respectivement. À l’inverse, Toulon voit ses prix s’envoler de +5,4 %, Paris de +2,3 %, Le Havre de +2,7 %.

Même chose côté volumes : Angers perd 15 % de mises en vente, Lille 5,2 %, Dijon 4 %, tandis que Lyon et Strasbourg bondissent de +11,6 % et +11,2 %. La géographie impose ses logiques : attractivité économique, accessibilité ferroviaire, pression universitaire…

Le marché locatif, lui aussi, échappe à toute lecture homogène. L’offre globale progresse de 1,6 %, mais cette hausse cache de véritables fractures. Reims affiche une flambée de +15,5 %, Paris de +10,2 %, tandis que Montpellier et Saint-Étienne reculent respectivement de -11,7 % et -11,3 %.

Loyers : une tension qui ne faiblit pas

Si l’offre locative retrouve un semblant de stabilité, les prix, eux, n’en finissent plus de grimper. Sur un an, les loyers ont augmenté de 4,8 %. Et derrière cette hausse généralisée, une tendance nette : la montée en puissance des locations meublées. Celles-ci représentent désormais 39,1 % des biens mis en location, soit +4 points en un an. Plus lucratives pour les bailleurs, elles tirent les prix vers le haut, et accentuent la pression sur les locataires classiques.

Cette mutation du marché locatif s’observe à travers les données régionales. En Bourgogne-Franche-Comté, les loyers explosent de +5,6 %. En Corse, même la hausse de 1,7 % pèse dans un contexte déjà fragile. Le logement locatif devient un bien rare, même là où il semble abondant.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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