Immobilier public : le gouvernement vend les bijoux de famille

Face à la nécessité de rationaliser les dépenses, le gouvernement français poursuit la vente de biens immobiliers publics, une démarche qui soulève des questions quant à son efficacité et à sa gestion.

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Par Aurélien Delacroix Publié le 9 avril 2024 à 13h00
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Paris, France, 21-02-2024 : Bruno Le Maire, Minister of Economy, Finance and Industrial and Digital Sovereignty and Thomas Cazenave, Minister for Public Accounts of France. - © Economie Matin
190.000L'État possède plus de 190.000 bâtiments.

Le gouvernement veut réduire ses dépenses et faire des économies. Une des solutions pour y parvenir, c'est de vendre une partie de son patrimoine immobilier, malgré les critiques récurrentes sur l'efficacité de cette stratégie. En témoigne la vente de l'ancienne école d'architecture de Nanterre pour 11 millions d'euros, d'un centre de vacances à Saint-Raphaël pour 9 millions, ou encore d'un bâtiment parisien du ministère de la Culture pour 65 millions.

Résultat en demi-teinte pour le parc immobilier public

Ces transactions illustrent un mouvement plus large de cessions immobilières qui a généré 280 millions d'euros en un an, marquant une augmentation notable des recettes. Le ministre délégué aux Comptes publics, Thomas Cazenave, a mis en avant les performances de l'année passée avec la vente de 645 biens, générant une augmentation des recettes de 37%.

Cependant, ces chiffres cachent une réalité plus complexe. L'Etat, qui possède près de 190.000 bâtiments répartis sur 100 millions de mètres carrés, se trouve face à un défi majeur : la gestion et l'optimisation de cet immense patrimoine. La stratégie actuelle, qui inclut également l'abandon de locaux en location pour économiser sur les frais d'entretien et les loyers, est ainsi remise en question.

Une nouvelle gestion immobilière pour l'État

Le rapport de la Cour des comptes apporte une critique cinglante de cette politique immobilière menée depuis une quinzaine d'années. Malgré les intentions, les résultats sont jugés décevants, avec notamment des retards dans la rénovation énergétique des bâtiments et une organisation administrative jugée inefficace. Le constat est donc sévère : les efforts pour optimiser l'utilisation des espaces et pour investir dans la durabilité semblent insuffisants.

En réponse à ces critiques, Thomas Cazenave propose la création d'une foncière immobilière de l'Etat pour centraliser la propriété des bâtiments publics et à améliorer leur gestion. Ce modèle prévoit un propriétaire unique, tandis que les différents ministères deviendraient locataires de leurs espaces. Cette idée, qui n'est pas nouvelle, soulève cependant des interrogations quant à son efficacité et à son coût potentiel pour les administrations.

La Cour des comptes elle-même a exprimé des réserves, notant le manque d'autorité de la Direction immobilière de l'Etat, créée en 2016, et soulignant les défis liés à la mise en œuvre d'un tel changement de modèle. L'étude d'impact de ce projet est encore attendue, et les magistrats financiers mettent en garde contre une complexité et des coûts qui pourraient, au final, s'avérer contre-productifs.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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